Les agglutinines sont des anticorps, c’est-à-dire des molécules produites par le système immunitaire pour « repérer » des agents étrangers.
On désigne par le terme « agglutinines irrégulières » des anticorps dirigés contre certaines molécules (antigènes) présentes à la surface des globules rouges.
Ces anticorps sont « irréguliers » car anormaux, avec un effet potentiellement dangereux.
En effet, ils risquent de se retourner contre les propres globules rouges du patient et de les attaquer, en quelques sortes.La recherche d’agglutinines irrégulières (RAI) est donc un examen nécessaire dans de nombreuses situations, dont la grossesse, pour éviter ce type de complication.
La présence de ces anticorps anormaux s’explique généralement par la réalisation antérieure de transfusions ou par des grossesses, chez la femme. Ainsi, lors d’une transfusion ou d’une grossesse, du sang « étranger » (celui du donneur ou du fœtus) entre en contact avec le sang de l’individu. En réaction, le système immunitaire produit des anticorps dirigés contre ces globules rouges étrangers. Lors d’une seconde exposition (nouvelle transfusion ou nouvelle grossesse), ces anticorps peuvent réagir fortement et provoquer une destruction des globules rouges, pouvant avoir des conséquences cliniques graves (choc transfusionnel, par exemple).
Chez une femme enceinte, la présence de ce type d'anticorps peut provoquer, dans certains cas, une maladie grave appelée maladie hémolytique du nouveau-né.
Les agglutinines irrégulières peuvent aussi résulter d’une auto-immunisation (dérèglement du système immunitaire). Il s’agit alors d’auto-anticorps, dirigés contre des antigènes du patient lui-même.
Pourquoi réaliser un dosage des agglutinines irrégulières ?
La RAI vise à mettre en évidence la présence d’anticorps dirigés contre les globules rouges.
Ces anticorps sont de plusieurs types (en fonction de la molécule qu’ils ciblent).
Ils sont potentiellement dangereux en cas de transfusion ou de grossesse.La RAI est donc systématiquement réalisée :
- chez toute personne susceptible d'être transfusée
- après toute transfusion (dans le cadre du suivi d'hémovigilance)
- chez toutes les femmes enceintes
En cours de grossesse, la RAI est systématique au moins à 2 reprises chez les femmes sans antécédent de transfusion (avant la fin du 3ème mois de grossesse et au cours du 8ème et/ou 9ème mois). Il est plus fréquent (au moins 4 fois) chez les femmes Rhésus négatif (15% de la population environ).
Cet examen vise à prévenir les accidents transfusionnels ou fœto-maternels (anémie sévère, hémorragies, ictère).
Par exemple, de tels accidents peuvent survenir lorsqu’une femme est de rhésus négatif (groupe sanguin négatif) et qu’elle est enceinte d’un homme rhésus positif. Lors de la première grossesse, le sang du fœtus (s’il est Rh +, lui aussi), n’entre pas en contact avec celui de la mère, donc il n’y a pas de problème. En revanche, lors de l’accouchement, les deux sangs entrent en contact et la mère va produire des anticorps anti-Rhésus positif. Ce contact peut aussi avoir lieu en cas de fausse-couche ou d’interruption volontaire de grossesse.
Lors d’une seconde grossesse, ces anticorps risquent de provoquer une fausse-couche (si le fœtus est à nouveau Rh+), ou une maladie hémolytique du nouveau-né, c’est-à-dire une destruction massive des globules rouges du bébé. Pour prévenir cette complication, il suffit, lors de chaque accouchement, d’injecter à la mère un sérum anti Rhésus (ou anti D), qui va détruire les quelques globules rouges du bébé qui sont passés dans la circulation maternelle et empêcher l’immunisation.
Déroulement de l'analyse d'agglutinines irrégulières et résultats
L’examen s’effectue par simple prise de sang, dans un laboratoire d’analyses médicales. Le sang du patient est mis en contact avec un éventail de cellules de donneurs (qui représentent la diversité des antigènes contre lesquels des agglutinines irrégulières peuvent se former). Si des agglutinines irrégulières, elles réagiront en présence de ces cellules.
Quels résultats sont attendus par la recherche d’agglutinines irrégulières ?
L’examen est soit négatif, soit positif, montrant ou non la présence d’agglutinines irrégulières dans le sang.
Si le dépistage est positif, il sera nécessaire de déterminer avec précision de quels anticorps il s’agit (afin de savoir contre quelle molécule exactement ils peuvent réagir).
En cas de transfusion ultérieure, cela permet de sélectionner du sang compatible pour le patient.
Au cours de la grossesse, la présence d’agglutinines irrégulières n’est pas forcément dangereuse. Très souvent, ces anticorps ne présentent aucun risque pour l’enfant (ils sont peu « agressifs » ou le fœtus peut être compatible).
Le bon développement du fœtus sera toutefois contrôlé de façon stricte.
Les agglutinines dites « anti-D » (anti-RH1, mais aussi anti-RH4 et anti-KEL1), en particulier, imposent un suivi et un dosage régulier (au moins une fois par mois jusqu'à l'accouchement et même tous les 8 à 15 jours au troisième trimestre). Le médecin vous expliquera les risques et les modalités du suivi pré et postnatal.