Dans la vie d'un musulman, le mois de Ramadan, qui correspond à un mois de jeûne, occupe une place à part. Le principe de ce mois si particulier est de se purifier le corps et l'esprit pour se rapprocher encore plus de Dieu, mais aussi de pouvoir partager la situation des déshérités et nécessiteux. Loin d'être une contrainte, le mois de Ramadan est une période de fête ! Plus ou moins bien vécu selon les personnes, le jeûne peut être difficile à envisager pour les femmes enceintes. Ont-elles le droit de le pratiquer ? Si oui, comment ?
Les réserves médicales et théologiques
Sur un plan strictement théologique, la grossesse ne représente pas en soi une contre-indication pour suivre le jeûne. Néanmoins, les femmes enceintes et celles qui allaitent, tout comme les personnes malades, ne sont pas tenues de suivre le jeûne si elles craignent que ce dernier ne nuise à leur santé ou à celle de l'enfant à venir. Par contre, les avis divergent quant au "report". Pour certains, la femme enceinte doit reporter son jeûne à un autre mois de l'année pour rattrape les jours non jeûnés. Pour d'autres, elle doit nourrir un démuni pour chaque jour manqué, en guise de charité. Enfin, certains pensent qu'elle doit à la fois rattraper les jours non jeûnés et nourrir un démuni. Sur ce volet, impossible de dicter une quelconque règle de conduite, l'affaire est avant tout une histoire personnelle et le mieux si vous êtes pratiquant est d'en référer à sa famille ou au chef religieux en qui vous avez confiance.
Sur le plan médical, le Dr Alain Delabos, nutritionniste et inventeur de la chrono-nutrition, précise que non, "dans la plupart des cas, il n'existe pas de contre-indications médicale, sauf si la période de jeûne est très longue et risque de provoquer une déshydratation, redoutable pour le foetus. Mais s'il existe des troubles métaboliques nécessitant un traitement obligeant à une ou plusieurs prises de médicaments pendant la période du jeûne ou un état de troubles digestifs nécessitant une alimentation fractionnée, le jeûne sera contre-indiqué". De toute manière, avant de lancer dans le jeûne, vous devez impérativement en discuter avec votre médecin. Mais bien pratiqué, le jeûne ne devrait causer aucune conséquence pour la santé de la femme enceinte et celle de l'enfant.
Conseils pour bien jeûner
Si votre médecin vous a donné son autorisation pour mener à bien ce jeûne, il ne s'agit pas non plus de faire n'importe quoi. Voici quelques conseils pour bien vous alimenter durant le jeûne :
- Le 1er repas, celui de la rupture de jeûne, le soir. Son principe est de pouvoir apaiser les sensations de soif et de faim. Il doit se composer d'aliments sucrés afin de nourrir rapidement l'organisme et récupérer de la journée. Il se compose généralement de dattes, de noix et de boissons chaudes (thé ou café généralement et/ou une chorba), nécessaires pour réhydrater le corps. Il ne faut pas que ce repas soit trop lourd, d'autant qu'il est suivi de près par le dîner, le 2ème repas.
- Le 2ème repas, le "dîner", qui se prend 2 ou 3 heures après la rupture de jeûne. Lui non plus ne doit pas être trop lourd puisque les aliments pris lors de ce repas seront stockés, et non pas assimilés par l'organisme. Par ailleurs, s'il est trop lourd, vous n'aurez pas faim au réveil et vous serez tenté de sauter le petit déjeuner, erreur à ne surtout pas commettre. Plutôt que couscous et tajines, optez pour un potage, une viande blanche ou du poisson accompagné de légumes et de féculents.
- Le 3ème repas, le "petit déjeuner" qui précède le jeûne. S'il y a bien un repas à ne pas sauter, c'est celui-ci. En effet, il permet à l'organisme de faire des réserves pour pouvoir y puiser l'énergie dont il a besoin dans la journée. Ici, tout, ou presque, est permis : fromages, viandes féculents, sucres rapides, potages... Veillez surtout à bien hydrater le corps de manière à constituer des réserves en eau. En effet, le risque le plus important est celui de la déshydratation, à absolument éviter.