Gynécomastie : qu’est-ce que c’est ?
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Gynécomastie : qu’est-ce que c’est ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 8 ans   | 629

Gynécomastie La gynécomastie est un gonflement de la glande mammaire chez l’homme. En effet, l’homme possède deux glandes mammaires situées sous les mamelons… tout comme la femme. Ce gonflement des glandes mammaires peut se produire des deux côtés ou d’un seul côté et il survient à cause des effets de certaines hormones.

Les gonflements dus à des tumeurs ne sont pas des gynécomasties.

Lorsque la glande mammaire d’un homme a été stimulée par les hormones et qu’elle est gonflée, si l’on agit pas assez rapidement en la soignant, le volume mammaire peut rester gênant par la suite. Dans ce cas, à côté d’un traitement un peu trop tardif, une chirurgie pour ôter la glande peut permettre de retrouver un thorax esthétiquement plus masculin.
Quand la glande mammaire reste gonflée et que la gynécomastie n’est pas traitée, il peut survenir des kystes, des fibroadénomes, comme dans les seins des femmes. En revanche, il est rare qu’un cancer du sein survienne chez un homme souffrant de gynécomastie.

Pourquoi a-t-on une gynécomastie ?

Un homme a une gynécomastie parce qu’il existe un déséquilibre entre les hormones de type estrogènes (qui stimulent la prolifération de la glande mammaire, par exemple à la puberté chez les femmes) et les androgènes qui freinent cette prolifération.

Ainsi, la gynécomastie peut être liée à une augmentation du niveau des hormones estrogènes ou bien à un abaissement des hormones de type androgènes (testostérone en particulier). La gynécomastie peut être confondue avec ce que l’on appelle une lipomastie, augmentation du volume de graisse autour des mamelons, sans augmentation du volume de la glande mammaire elle-même.

  • Les estrogènes stimulent la prolifération de la glande mammaire, donc s’ils augmentent, la glande gonfle.
  • Les androgènes (dont la testostérone) bloquent au contraire la prolifération de la glande mammaire, donc s’ils s’abaissent la glande peut gonfler.

Les gynécomasties normales

De nombreuses gynécomasties ne sont aucunement liées à un problème de santé. Il s’agit de gynécomasties physiologiques (ou normales).

Chez le nouveau-né, le gonflement des glandes mammaires est normal et près de 90 % d’entre eux présentent une gynécomastie. C’est lié au passage des hormones du placenta (des estrogènes) dans la circulation. C’est un phénomène transitoire qui cesse de lui-même quelque temps après la naissance.

Chez l’adolescent, plus de la moitié des garçons ont une gynécomastie au moment de la puberté. Il s’agit d’un phénomène normal se produisant généralement aux alentours de 13-14 ans et lié aux phénomènes hormonaux de la puberté. Cela dure entre 6 mois et 2 ans et cela peut se révéler angoissant pour un adolescent, même si c’est banal.

Chez l’homme plus âgé, la gynécomastie peut apparaître avec l’âge après 50 ans. Plus on avance en âge, plus ce gonflement de la glande mammaire est fréquent. Il est lié à la diminution des androgènes avec les années.

Les gynécomasties liées à une anomalie ou une maladie

Certaines gynécomasties persistent après l’adolescence et sont donc présentes chez des hommes adultes. Cela représentent ¼ des cas de gynécomastie de l’homme adulte. Sur le plan médical, cela n’a pas de caractère de gravité, mais cela peut être gênant sur le plan esthétique.

Les gynécomasties dues à l’effet indésirable des médicaments

Ellesreprésentent également ¼ des gynécomasties de l’homme adulte.

Les traitements en cause sont des médicaments bloquant les androgènes (acétate de cyprotérone, kétoconazole, spironolactone, finastéride, certains traitements anti-VIH, etc.), certains antibiotiques (ethionamide, Isoniazide…), des anti-ulcéreux cimétidine, ranitidine, oméprazole…),  certaines chimiothérapies, es amphétamines, des traitements hormonaux, des médicaments du système nerveux central (psychotropes comme le diazépam, l’halopéridol, les antidépresseurs tricycliques…), des antihypertenseurs (inhibiteurs de l’enzyme de conversion ou IEC, anticalciques), de la théophylline, l’amiodarone, etc. L’alcool qui n’est pourtant pas un médicament est également souvent impliqué car il s’agit d’une substance toxique présentant cet effet indésirable de provoquer des gynécomasties, tout comme l’héroïne ou le cannabis.

Les gynécomasties sans cause connue retrouvée

Elles représentent elles aussi ¼ des gynécomasties. Elles sont souvent présentes chez des hommes âgés en surpoids, présentant également sans doute d’autres facteurs non connus.

  • Les maladies entraînant un mauvais fonctionnement des testicules (ils fabriquent les androgènes), les traumatismes, la chirurgie, la radiothérapie au niveau des testicules peuvent être à l’origine de gynécomasties.
  • Les cirrhoses et la malnutrition sont également des causes de gynécomastie,
  • Les tumeurs des testicules ou des glandes surrénales (glandes sources d’androgènes),
  • L’insuffisance rénale chronique,
  • Et d’autres maladies beaucoup plus rares.

Le symptôme de gynécomastie

La gynécomastie est une augmentation de volume de la glande mammaire. Elle se perçoit en palpant, sous le mamelon, une glande gonflée. Cela peut être découvert à l’examen par un médecin ou par l’homme lui-même qui consulte alors parce qu’il est gêné.

La gynécomastie étant liée à des hormones circulant dans le sang, les deux glandes mammaires sont souvent atteintes. Cependant, parfois, une seule des deux glandes peut gonfler, parce que les tissus des deux glandes mammaires peuvent présenter des différences de sensibilité aux hormones.
Il est important d’observer également s’il existe un écoulement au niveau des mamelons en pinçant autours de l’aréole.

Un gonflement au niveau des mamelons chez l’homme peut également être une lipomastie, augmentation du volume de graisse sans augmentation du volume de la glande mammaire. La consistance est alors plus molle, n’est pas centrée sur le mamelon et elle est souvent associée à un excès de poids. 

Les personnes à risque de gynécomastie

  • Les nouveaux nés (gynécomastie normale)
  • Les adolescents (gynécomastie normale)
  • Les hommes âgés de plus de 50 ans (gynécomastie le plus souvent normale non liée à une maladie) sont concernés dans environ 50 % des cas.
  • Les hommes en surpoids ont un risque plus élevé de gynécomastie. En effet, le tissu graisseux a un effet hormonal. Il agit en transformant les androgènes (anti-gynécomastie) en estrogènes (pro-gynécomastie).
  • Les hommes prenant certains médicaments susceptibles d’avoir une influence sur les hormones.
  • Les hommes souffrant de maladies au cours desquelles les hormones sont impliquées.

Quand faut-il consulter ?

Lorsqu’un nouveau-né ou un adolescent a une gynécomastie, il n’est pas utile de consulter un médecin.

Dans le cas d’un adolescent, si la gynécomastie dure plus d’un an ou deux, si elle paraît très importante, il peut être rassurant de demander cependant l’avis d’un médecin.
Le médecin à consulter est le médecin généraliste ou bien un spécialiste des hormones, le médecin endocrinologue.

Chez un homme jeune (non adolescent) présentant un gonflement des glandes mammaires d’un seul ou des deux côtés, il faut consulter un médecin.
Si l’on prend des médicaments, il est indiqué de lire les notices et les effets indésirables afin de voir si ce traitement est susceptible d’entraîner une gynécomastie. Dans ce cas, il est le plus souvent possible pour le médecin de changer de traitement.

Les examens 

  • Examen par le médecin :Devant un gonflement sous les mamelons, le médecin commence par examiner l’homme. Il palpe ce gonflement, pince les mamelons pour observer s’il existe un écoulement.
  • Il examine également les testicules, la glande thyroïde, palpe le foie car ces organes sont impliqués dans le fonctionnement hormonal et une anomalie peut être en cause dans la gynécomastie.
  • Les examens complémentaires : ces examens ne sont pas toujours utiles car un grand nombre de gynécomasties ne témoignent d’aucune maladie…

Quand ces examens sont nécessaires, ils peuvent consister en une échographie mammaire (examen aux ultrasons totalement indolore). Parfois une mammographie (radiographie) peut être demandée ainsi qu’une échographie des testicules et de la glande thyroïde.

  • Prise de sang : elle est utile pour déterminer ce qui se passe au niveau des hormones de l’homme atteint de gynécomastie. Il s’agit donc d’un bilan hormonal poussé (avec en particulier un dosage de FSH, LH, prolactine, estradiol, testostérone totale et biodisponible, bêta-hCG et SHBG).

Opinion de notre médecin

Dr Catherine Solano médecin généraliste et andrologue :
"Le gonflement des seins chez les garçons adolescents est très fréquent puisque plus de la moitié d’entre eux en sont atteints. Il est important de les rassurer et de leur dire que cela devrait passer en quelques mois (maximum 2 ans). Chez l’homme plus âgé, c’est un phénomène fréquent qui, s’il est gênant peut justifier une chirurgie à visée esthétique. Et puis il est essentiel de lire les effets indésirables d’un médicament sur la notice en cas d’apparition d’une gynécomastie, car cela en est la cause la plus fréquente…"

 

Traitements

Le traitement médical de la gynécomastie anormale doit être rapide, dans les 6 à 12 premiers mois, lorsque la glande est gonflée et sensible. En effet, par la suite, même si le traitement rétablit un équilibre hormonal satisfaisant, la glande risque de conserver certain volume, le traitement ne parvenant plus à la faire dégonfler. 

  • Le premier traitement est bien sûr celui de la cause. Arrêter le médicament source de gynécomastie pour lui préférer un médicament n’ayant pas cet effet indésirable, soigner la maladie en cause, perdre du poids…
  • Le traitement de la gynécomastie, visant à réduire la taille et le gonflement de la glande mammaire peut consister en un médicament comme le tamoxifène ou le raloxifène car ils permettent une réduction du volume de la glande dans plus de 80 % des cas. Le Danazol ou l’anastrozol peuvent également être utilisés mais sont plutôt moins efficaces.
  • En cas DALA, déficit androgénique lié à l’âge (abaissement du taux de testostérone avec l’âge), l’homme atteint de gynécomastie peut recevoir un traitement à base de testostérone quand il n’a pas de contre indication.
  • La chirurgie permet à un homme atteint de gynécomastie de se faire ôter la glande mammaire et de retrouver une esthétique correcte. Cependant, cela ne doit pas empêcher le traitement de l’anomalie en cause si elle existe. La cicatrice se trouve alors autours de l’aréole et elle est extrêmement discrète voire invisible au bout d’un certain temps de cicatrisation.

Il existe aussi des techniques d’aspiration avec une cicatrice sous l’aisselle ou bien une toute petite incision autours de l’aréole.

Rédaction : Dr. Catherine Solano, médecin généraliste et andrologue
Septembre 2017

Références

  • J.L. Pariente, J.Tostain, D.Rossi. Androgènes, vieillissement masculin et gynécomastieService d’Urologie, CHU de Bordeaux. Progrès en Urologie (2004), 14, 685-688
  • P. Meyer. Evaluation et prise en charge d’une gynécomastie. Rev Med Suisse 2009 ; 5 : 783-7
  • Gikas P, Mokbel K. Management of gynaecomastia : An update. Int J Clin Pract 2007;61:1209-15.
  • Fritz-Line Velayoudom-Cephise. Exploration et traitement des gynécomasties. Société française d’endocrinologie. 2010.