Alvéolite
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Alvéolite

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 755

L'alvéolite dentaire est la complication la plus fréquente qui suit l'extraction d'une dent. Il existe trois formes d'alvéolite : l'alvéolite sèche, l'alvéolite suppurée, qui contient du pus, et l'alvéolite ostéique parcellaire,  touchant l'os et apparaissant vers la troisième semaine après l'extraction. Leurs causes demeurent mal connues, elles sont toutefois liées à une mauvaise cicatrisation, et donc à un problème lié au caillot sanguin censé se former une fois que la dent a été enlevée. Des traitements existent ; l'alvéolite sèche, de loin la plus fréquente, évolue souvent spontanément vers la guérison au bout de dix jours. Les antalgiques viseront à soulager la douleur, parfois très intense. les antibiotiques seront utilisés dans certains cas.

L'alvéolite dentaire, qu'est-ce que c'est ?

Définition de l'alvéolite

L'alvéolite dentaire est une complication qui survient après l'extraction d'une dent.  Cette infection touche ainsi, l'alvéole, qui est la cavité de la mâchoire dans laquelle est placée la dent.

Ces alvéolites suivant l'extraction sont dues à une inflammation de la paroi de l'alvéole. L'alvéolite est plus fréquente après l'extraction des dents de sagesse, et plus particulièrement celles de la mandibule, c'est-à-dire de la mâchoire inférieure.

Causes de l'alvéolite

Il existe trois formes d'alvéolites : l'alvéolite sèche, l'alvéolite suppurée, et l'alvéolite ostéitique parcellaire (liée à une infection du tissu osseux). Leur étiologie demeure un sujet d'interrogation, car peu d'études existent. 

L'alvéolite s'explique toutefois par la mauvaise formation du caillot sanguin qui, une fois que la dent a été enlevée, doit permettre la cicatrisation.

L'alvéolite sèche, ou dry socket, est la plus fréquente des formes d'alvéolites, et donc des complications post-extractionnelles. Sa pathogénie n'est pas encore totalement élucidée, trois théories tentent d'en expliquer les causes :

  • Elle pourrait être liée à l'absence de formation d'un caillot sanguin, en raison d'un apport sanguin insuffisant autour de l'alvéole, et notamment au niveau de la mandibule, l'os qui forme la mâchoire inférieure. 
  • Elle pourrait aussi être due à la malformation du caillot sanguin à la suite du traumatisme consécutif à l'extraction dentaire.
  • Elle pourrait enfin être causée par la lyse du caillot sanguin. Il s'agit de la théorie la plus partagée. Cette lyse, ou fibrinolyse, est due à des enzymes (protéines capables de provoquer des réactions chimiques), retrouvées dans la cavité de la muqueuse buccale, notamment. Elle peut aussi être activée par le mécanisme osseux engendré par l'extraction, et également par les microorganismes de la cavité buccale, comme Treponema denticola. En outre, des médicaments tels qu'anti-infammatoires et contraceptifs oraux, ou encore le tabac, activent cette fibrinolyse. 

L'alvéole suppurée est causée par une surinfection de l'alvéole, ou du caillot formé après l'extraction. Elle est favorisée par :

  • un manque d'asepsie (précautions et procédés pour prévenir l'infection) ;
  • la présence de corps étrangers comme des débris osseux, dentaires, ou de tartre ;
  • des infections qui existaient déjà avant l'extraction, ou apparues après l'extraction ;
  • une infection provenant des dents adjacentes ;
  • une hygiène bucco-dentaire insuffisante.

Enfin, l'alvoéolite ostéique parcellaire (ou cellulite du 21e jour) est engendrée par une surinfection du tissu de granulation (le nouveau tissu formé suite à la cicatrisation, et fortement irrigué par de petits vaisseaux sanguins). Sa particularité ? Elle survient vers la troisième semaine suivant l'extraction de la dent.  Elle peut être entraînée par :

  • la présence de corps étrangers, tels que des débris alimentaires.
  • la prise inadaptée d'anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) après l'intervention chirurgicale.

Diagnostic de l'alvéolite

C'est le dentiste qui pourra poser le diagnostic d'alvéolite dentaire, notamment en confirmant l'absence de caillot sanguin dans l'alvéole de la dent qui a été ôtée.

  • L'alvéolite sèche survient quelques heures, ou jusqu'à cinq jours après l'extraction d'une dent. Des premiers signes peuvent favoriser son diagnostic, tels qu'une fatigue et des épisodes douloureux.
  • L'alvéolite suppurée survient en moyenne cinq jours après l'extraction, et son diagnostic peut être posé notamment si une fièvre de 38 à 38,5 °C accompagnent des douleurs, moins intenses que dans le cas de l'alvéolite sèche.
  • Le diagnostic d'alvéolite ostéique parcellaire sera posé en cas de fièvre, également de 38 à 38,5 °C, et aussi accompagnée de douleurs persistant depuis une quinzaine de jours.

Les personnes concernées

L'alvéolite est la complication la plus fréquente des extractions dentaires : elle concerne 1 à 3 % des patients ayant subi une extraction simple, et 5 à 35 % des patients à la suite d'extractions chirurgicales.

Le sujet type, le plus à risque de développer la forme la plus fréquente de ces alvéolites, soit l'alvéolite sèche, a été décrit comme étant une femme, âgée de 30 à 50 ans, stressée, prenant un contraceptif oral, et dont l'hygiène bucco-dentaire est moyenne, voire mauvaise. Risque d'autant plus renforcé pour elle si la dent à extraire est une molaire de la mâchoire inférieure - ou une dent de sagesse.

De mauvaises conditions d'asepsie lors d'une opération est un facteur de risque important d'alvéolite, de même qu'une mauvaise hygiène bucco-dentaire. En outre, les femmes y sont davantage sujettes, surtout lorsqu'elles suivent un traitement contraceptif oral.

Les symptômes de l'alvéolite

Principaux symptômes de l'alvéolite sèche

L'alvéolite sèche survient après quelques heures, et jusqu'à cinq jours après une extraction de dent. Son principal symptôme est marqué par des douleurs à l'intensité variable. Ce sont parfois de petits épisodes douloureux discontinus, qui irradient vers l'oreille ou le visage. Mais le plus souvent, ces douleurs sont intenses et continues. Et elles s'avèrent de moins en moins sensibles aux antalgiques de niveau 1, voire de niveau 2.

Parmi ses autres symptômes :

  • une légère fièvre (ou fébricule), entre 37,2 et 37,8° C ;
  • une fatigue légère ;
  • une insomnie liée à la forte douleur ;
  • une mauvaise haleine (ou halitose) ;
  • des parois de l'alvéole de couleur blanc grisâtre, très sensibles au toucher ;
  • l'inflammation de la muqueuse autour de l'alvéole ;
  • odeur fétide de l'alvéole lors d'un écouvillonnage.

Généralement, l'examen radiographique ne révèlera rien.

Principaux symptômes de l'alvéolite suppuré

L'alvéolite suppurée survient généralement cinq jours après extraction d'une dent. Les douleurs sont moins intenses que pour l'alvéolite sèche ; elles sont sourdes, et apparaissent par pulsions.

Ses autres symptômes :

  • une fièvre comprise entre 38 et 38,5 °C ;
  • une hypertrophie pathologique des ganglions lymphatiques (appelée adénopathie satellitaire) ;
  • un gonflement du vestibule (une partie du labyrinthe osseux de l'oreille interne), associé ou non à une fistule de la muqueuse autour de l'alvéole ;
  • l'alvéole est comblée par un caillot sanguin, ayant une couleur brunâtre ou noirâtre. L'alvéole saignote, ou laisse jaillir du pus fétide.
  • les parois de l'alvéole sont très sensibles ;
  • au fond de l'alvéole, se retrouvent fréquemment des débris osseux, dentaires ou tartriques.
  • L'évolution ne peut se résoudre spontanément, et peut engendrer des complications, comme l'alvéolite ostéique parcellaire.

Principaux symptômes de l'alvéolite ostéique parcellaire

L'alvéolite ostéique parcellaire se traduit avant tout par des douleurs persistantes durant les quinze jours suivant l'extraction. Cette douleur s'accompagne :

  • d'une fièvre de 38 à 38,5 °C ;
  • parfois, une incapacité d'ouvrir la bouche (ou trismus) ;
  • une asymétrie du visage, due à une cellulite autour de la mâchoire inférieure, c'est-à-dire, à une infection de la graisse du visage ;
  • un comblement du vestibule ;
  • la présence, ou non, d'une fistule cutanée.
  • La radiographie, en général, met en évidence un séquestre osseux (un fragment osseux qui s'est détaché, et a perdu sa vascularisation et son innervation). Parfois aussi, cette radiographie ne révèlera rien.

L'évolution peut se faire vers une élimination du séquestre, en l'absence de traitement. Elle peut aussi entraîner des complications infectieuses plus graves.

Traitements de l'alvéolite dentaire

Le traitement de l'alvéolite sèche consiste essentiellement en une sédation de la douleur, via des antalgiques. La guérison physiologique, soit une évolution spontanée vers une guérison, intervient en général après une dizaine de jours. Délai qui peut être écourté si le patient est traité.

Cette alvéolite sèche est de loin la plus fréquente, et constitue une urgence en odontologie : des protocoles ont ainsi été testés, permettant de la guérir. Deux essais ont, par exemple, été menés par l'équipe du centre de consultations et de traitements odonto-stomatologique d'Abidjan et consistent à :

  • Appliquer des pansements à l'intérieur de l'alvéole, à base de bacitracine-néomycine associée à l'eugénol.
  • Appliquer un pansement de ciprofloxacine (sous sa forme de gouttes auriculaires) sur l'alvéole douloureuse.

Le traitement vise la cicatrisation de l'alvéole.

De fait, les traitements de l'alvéolite sont avant tout préventifs (consistant essentiellement à éliminer les causes possibles). Ils sont aussi curatifs :

  • Le traitement curatif des alvéolites suppurées et ostéitiques repose sur une antibiothérapie par voie générale, des antalgiques, et des soins locaux, comme le rinçage à l'aide d'une solution saline ou antiseptique, et des pansements intra-alvéolaires.
  • Pour l'alvéolite suppurée, si les soins locaux sont réalisés très tôt, et en absence de fièvre, la prescription d'antibiotiques n'est pas nécessaire.
  • Pour l'alvéolite sèche, plusieurs antibiotiques, utilisés seuls ou associés à d'autres substances diverses, existent, les plus recommandés étant la tétracycline et la clindamycine. Toutefois, l'Afssaps ne recommande pas l'utilisation d'antibiotiques, dans la population générale, ou chez les patients immunodéprimés, pour le traitement de l'alvéolite sèche ; elle ne la recommande qu'en cas de haut risque d'endocardite infectieuse, et ce jusqu'à la cicatrisation muqueuse.

Par ailleurs, l'huile essentielle de clou de girofle diluée dans une huile végétale, telle que l'huile d'olive ou l'huile de coco, et déposée sur l'alvéole, permettrait, selon certains patients, de soulager la douleur, voire même de guérir l'alvéolite. Il faut toutefois veiller à bien diluer cette huile de clou de girofle. Cette huile essentielle est, ainsi, un antibiotique naturel, estiment les phytothérapeutes. Elle ne doit toutefois pas être donnée chez les femmes enceintes et les enfants, ni remplacer les autres soins prescrits par le dentiste.

Prévenir l'alvéolite

Une bonne hygiène bucco-dentaire globale avant une intervention, ainsi que de bonnes conditions d'asepsie au cours de l'extraction font partie des facteurs de prévention essentiels contre l'alvéolite.

Afin d'éviter l'alvéolite, qui est très douloureuse, les conseils donnés par le dentiste une fois qu'il a ôté la dent doivent être rigoureusement suivis, comme :

  • garder une compresse sur l'alvéole et la changer régulièrement, durant 2 à 3 heures. Cela favorisera la formation du caillot sanguin ;
  • ne pas trop se rincer la bouche ;
  • ne pas cracher ;
  • faire attention en se brossant les dents, et éviter de frotter trop près de l'alvéole de la dent enlevée ;
  • ne pas se passer la langue là où a eu lieu l'extraction ;
  • mastiquer loin de la zone où la dent a été extraite ;
  • enfin, il faut éviter de fumer, durant au moins trois jours.

Rédaction : Agnès Bourahla-Farine, journaliste scientifique,

Décembre 2018

Références

  • Alveolitis : review of the littérature. M. Lakari et al, Odontostomatology Trop. Septembre 2012.
  • Traitement des alvéolites post-extractionnelles. Données actuelles et expérience du centre de consultations et de traitements odonto-stomatologiques (CCTOS) d'Abidjan. K. Souaga et al, 2009. Note technique disponible sur www.mbcb-journal.org
  • Prescription des antibiotiques en pratique bucco-dentaire. Recommandations de l'AFSSAPS.
  • www.dentaly.org/alveolite-dentaire/