Le terme de goitre désigne une augmentation de volume de la glande thyroïde. Il est fréquent, en particulier chez les femmes.
Le goitre n'est pas en lui-même une maladie. Il peut être présent dans des maladies très diverses.
Le goitre peut poser des problèmes par son volume mais surtout par son association à une anomalie du fonctionnement de la glande thyroïde : insuffisance thyroïdienne (hypothyroïdie) ou hyperactivité thyroïdienne (hyperthyroïdie), ou par sa cause, cancer thyroïdien par exemple. Le cancer de la thyroïde se manifeste cependant rarement par un goitre.Le goitre est une augmentation de volume de la glande thyroïde, glande située à la base du cou et constituée de deux lobes reliés entre eux par un isthme. A l'état normal, la thyroïde pèse de 20 à 30 grammes.
La thyroïde fabrique les hormones thyroïdiennes, indispensables au bon fonctionnement de l'organisme.
Sous l'influence de divers facteurs, elle peut augmenter de volume et former un goitre :
- soit de façon homogène : l'augmentation de volume est alors régulière et concerne un seul ou les deux lobes.
- soit de façon ou hétérogène : seules une ou plusieurs zones de la thyroïde sont plus volumineuses, constituant un ou plusieurs nodules, d'où le terme de goitre nodulaire ou multi-nodulaire (cf la fiche nodules thyroïdiens).Quels sont les signes du goitre ?
Le goitre peut se révéler soit par l'apparition d'une tuméfaction à la base du cou, grosseur douloureuse ou non, rapide ou progressive, soit par des manifestations d'un mauvais fonctionnement de la thyroïde. L'attention peut être attirée par un empâtement à la base du cou, remarqué par la personne ou découvert par le médecin au cours d’un examen avec une palpation de la base du cou.
Il est rare de nos jours et dans nos pays que le goitre atteigne un volume tel qu'il provoque des difficultés à l'alimentation, des difficultés respiratoires ou des modifications de la voix. Mais cela pouvait se produire autrefois lorsque les personnes atteintes ne se faisaient pas soigner rapidement.Dans certains cas, la palpation d’un goitre peut entraîner des douleurs à la palpation.
Lorsqu'il est associé à une hyperthyroïdie (fabrication excessive d'hormones thyroïdiennes), celle-ci peut provoquer amaigrissement, tachycardie (accélération dur rythme cardiaque), tremblements, anxiété ou nervosité, transpiration excessive, sensation d'avoir toujours trop chaud, diarrhée…
A l'inverse, lorsqu’il existe une hypothyroïdie (manque d'hormones thyroïdiennes), le visage peut être gonflé, avec prise de poids, frilosité, ralentissement intellectuel voire dépression, fatigue, constipation, ralentissement du pouls…
Quand faut-il consulter si l’on a un goitre ?
La présence d'une tuméfaction de la base du cou, d'une douleur à la palpation de cette zone, d'une modification inexpliquée du poids, d'un changement de comportement doivent amener à consulter son médecin traitant. Après un bilan médical, ce médecin peut orienter ensuite la personne atteinte de goitre vers un endocrinologue (spécialiste du fonctionnement hormonal), un ORL voire un chirurgien si nécessaire.
Quelles sont les causes du goitre ?
Les causes de goitre sont nombreuses, différentes selon qu'il est homogène ou hétérogène, avec ou sans anomalie du fonctionnement thyroïdien. Il peut être lié :
- à des facteurs nutritionnels, génétiques ethormonaux (d'où la plus grande fréquence chez les femmes) ;
- au tabac qui favorise le goitre en entrant en compétition avec l'iode ;
- à l’exposition aux radiations, l’irradiation cervicale dans l'enfance ou l’exposition environnementale.
Les goitres homogènes
Il s’agit des goitres dans lesquels la glande thyroïde est gonflée dans tout son volume de manière homogène.Un goitre homogène avec fonctionnement thyroïdien normal se rencontre dans 80% des cas chez les femmes. Il est indolore, de taille variable, et ne nécessite par de prise en charge particulière.
Un goitre avec hyperthyroïdie ou maladie de Basedow : plus fréquent chez les femmes que chez les hommes, et souvent d'origine familiale, il s'accompagne d'une perte de poids, d'irritation, de fébrilité, d'hypersudation, de tremblements. Dans certains cas il existe une exophtalmie, c'est à dire des globes oculaires volumineux, donnant un aspect d’yeux globuleux, faisant saillie hors de l'orbite.
Le goitre homogène avec hypothyroïdie estlui aussi plus fréquent chez les femmes. Il peut être provoqué par des médicaments comme le lithium, ou une carence en iode dans certaines régions de France comme les Alpes, les Pyrénées, etc. Le goitre était très fréquent avant l'utilisation de sel de cuisine enrichi en iode. Il peut être aussi d'origine familiale ou provoquées par une maladie auto-immune (thyroïdite de Hashimoto) dans laquelle l'organisme fabrique des anticorps contre sa propre thyroïde.
Les goitres par surcharge iodée après radiographie avec produits de contraste ou traitement par amiodarone (traitement destiné soigner les troubles du rythme cardiaque) peuvent entraîner une hypo ou une hyperthyroïdie. Ils régressent spontanément dans le premier cas ou après arrêt de l'amiodarone.
Les goitres douloureux et associés à de la fièvrepeuvent correspondre à une thyroïdite subaiguë de Quervain entraînant une hypothyroïdie puis souvent une hyperthyroïdie. Il guérit généralement spontanément en quelques semaines ou mois. Le médecin peut prescrire de l'aspirine, des corticoïdes et des traitements pour ralentir le cœur en cas de tachycardie
Les goitres hétérogènes ou nodulaires.
La palpation ou l'échographie montre la présence d'un ou plusieurs nodules, associés ou non à une anomalie du fonctionnement thyroïdien. Le ou les nodules peuvent être "neutres" avec un fonctionnement hormonal normal, "froids" ou hypoactifs avec diminution de la fabrication d'hormones thyroïdiennes ou "chaud" ou hyperactifs avec une sécrétion augmentée d’hormones thyroïdiennes. Les nodules chauds sont exceptionnellement cancéreux. Mais les nodules froids solides, liquides ou mixtes peuvent dans 10 à 20 % des cas correspondre à une tumeur maligne, donc cancéreuse.
Quel médecin consulter quand on a un goitre ?Devant un goitre, donc une augmentation du volume de la glande thyroïde à la base du cou, on peut consulter son médecin généraliste qui en fonction de l’examen et des premiers éléments du bilan orientera vers un endocrinologue (spécialiste du fonctionnement hormonal) ou un ORL.
L'examen clinique.L'examen du cou par le médecin permet d’observer si le gonflementde la base du cou est ou non liée à la thyroïde. Il permet aussi de voir si elle est douloureuse ou non, homogène ou non, si la tuméfaction concerne un lobe ou les deux, sa consistance dure, ferme ou molle. L’examen par le médecin permet aussi de rechercher la présence de ganglions au niveau du cou.
Lors de l'examen médical général, les questions du médecin associées à un examen corporel recherchent des signes d'un fonctionnement anormal de la thyroïde.
Le médecin va aussi demander quels sont les traitements habituellement pris par la personne, s’il a existé des problèmes thyroïdiens dans la famille, d'irradiation du cou dans l'enfance, l'origine géographique, les facteurs favorisants (tabac, manque en iode, grossesse).
Les examens biologiques.Ils analysent le fonctionnement de la thyroïde par le dosage des hormones thyroïdiennes (T3 et T4) et de la TSH (hormone fabriquée par l'hypophyse qui commande la sécrétion des hormones thyroïdiennes). En pratique c'est surtout la TSH qui est dosée pour un premier bilan. Si elle est augmentée, cela signifie que la thyroïde ne fonctionne pas assez, si elle est basse, que la sécrétion d'hormones thyroïdiennes est excessive.
Le médecin peut aussiprescrire un examen biologique afin de rechercher la présence d'anticorps antithyroïdiens.
Les examens radiologiques.L'examen essentiel est l'échographie qui précise la taille, le caractère hétérogène ou non du goitre, les caractéristique du ou des nodules (liquidien, solide ou mixte), sa situation exacte et en particulier l'extension du goitre vers le thorax (ce qu'on appelle un goitre plongeant) . Elle recherche aussi des ganglions au niveau du cou.
La scintigraphie thyroïdienne. Elle consiste à donner à la personne qui va passer l’examen des marqueurs radioactifs contenant une substance qui ira se fixer sur la glande thyroïde (de l’iode ou du technetium). Comme ces marqueurs sont radioactifs, il est facile d’obtenir une image des zones de fixations des marqueurs. Cet examen précise le fonctionnement global de la glande thyroïde. Elle peut mettre en évidence des nodules non perçus à la palpation et montre
- si les nodules sont "froids" : ils fixent très peu de marqueur radioactif, et cela démontre une diminution du hyperfonctionnement thyroïdien,
- si les nodules sont"chauds", ils fixent beaucoup de marqueurs radioactifs, ce qui montre une fabrication excessive
- si les nodules sont neutres, ils fixent moyennement de marqueurs radioactifs, ce qui objective un fonctionnement hormonal normal.La ponction d'un nodulepermet de rechercher la présence de cellules malignes ou d’évacuer un kyste. Elle est systématiquement réalisée pour tous les nodules froids
La radiologie simple pourrait montrer des calcifications du goitre et son extension vers le thorax
L'IRM est intéressante pour préciser l'extension de la thyroïde aux structures voisines et en particulier l'existence d'un goitre plongeant vers le thorax, rechercher des ganglions.
Quels risques si l’on ne consulte pas pour un goitre ?
Un goitre peu volumineux, sans modification du fonctionnement hormonal ni nodule à l'échographie ne nécessite pas de traitement mais une surveillance de son volume.
Les complications du goitre peuvent être liées à son volume : modification de la voix avec paralysie d'une corde vocale, trouble de la déglutition ou de la respiration, compression veineuse
Les complications liées au dysfonctionnement hormonal, s'il n'est pas corrigé, peuvent entrainer des manifestations générales :
- en cas d’hyperthyroïdie, amaigrissement, tachycardie, tremblements, anxiété, irritabilité, transpiration excessive, intolérance à la chaleur, diarrhée…
- en cas d’hypothyroïdie, prise de poids, frilosité, ralentissement intellectuel, dépression, fatigue, constipation, ralentissement du pouls…Les complications d'une tumeur maligne de la thyroïde sont liées à son extension aux organes de voisinage (larynx, pharynx, peau, ganglions) ou à sa dissémination à distance (métastases)
Quels traitements pour le goitre ?
Plusieurs types de traitement son possibles selon la cause du goitre.
Le traitement est médicamenteux et/ou chirurgical, mais certains goitres ne nécessitent qu'une simple surveillance.Le traitement par hormones thyroïdiennes corrige l’hypothyroïdie.
Les antithyroïdiens sont prescrits dans les goitres simples fabriquant trop d’hormones thyroïdiennes. Leur but est de réduire la sécrétion hormonale et normaliser le volume du goitre.
Letraitement par iode 131 (iode radioactif) sont utilisés pour réduire la taille d'un goitre volumineux et compressif. L’iode radioactif est capté par les cellules de la thyroïde puis les détruit par l’action de sa radioactivité.
La thyroïdectomie partielle ou totale : la thyroïde peut être enlevée chirurgicalement en partie (un seul lobe avec ou sans l'isthme) ou totalement. Une thyroïde complètement ôtée, entraîne la nécessitéd’une prise d'hormones thyroïdiennes à vie pour compenser les hormones qui ne peuvent plus être fabriquées par l’organisme. Cette opération est indiquée lorsqu'il existe une compression des organes de voisinage, en cas de suspicion d'un cancer thyroïdien devant un nodule froid.
Le goitre peut être prévenu dans certains cas. La compensation du manque en iode dans l'eau du robinet de certaines régions doit se faire par la consommation de sel iodé, voire la prise de comprimés d'iodure.
Les traitements pouvant interférer avec la thyroïde doit être surveillés, à la recherche d'un goitre ou d'une anomalie des hormones thyroïdiennes.
Référence
Société française d'endocrinologie :http://www.sfendocrino.org/article/395/item-241-goitre
Site grand public de l'hôpital Lariboisière http://www.orl-hopital-lariboisiere.com/goitre-thyroidien.html
Site de la Haute Autorité de santé, conduite à tenir devant une hypothyroidie légère : http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/hypothyroidie_fruste_-_synthese_vf.pdf
Bilan hormonal pour le diagnostic et le suivi d'une pathologie thyroidienne : http://www.sblbio.fr/pdf/Exploration%20et%20surveillance%20biologique%20thyroidienne%20selon%20HAS%20%20en%202014.pdf
Site de la Société Française d'ORL : "INFORMATIONS MEDICALES AVANT REALISATION D'UNE THYROIDECTOMIE DE L’ADULTE" : www.orlfrance.org/download.php?id=220