Qu’est-ce que l'Ostéogenèse imparfaite ?
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Qu’est-ce que l'Ostéogenèse imparfaite ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 752

L’ostéogenèse imparfaite, encore appelée maladie « des os de verre », est une maladie génétique, caractérisée par des fractures à répétition survenant à la suite de traumatismes bénins. Une faible masse osseuse et une fragilité osseuse sont à l’origine de ces manifestations cliniques.

L’ostéogenèse imparfaite reste une maladie rare (un malade pour 15 000 personnes) touchant homme et femme de manière équivalente et ne présente pas une répartition géographie particulière.

Les progrès en génétique moléculaire ont permis de monter qu’il s’agissait d’un groupe de maladies ayant chacune des manifestations cliniques variables. Ainsi, la maladie de Lobstein représente une forme modérée de la maladie alors que les formes sévères et mortelles sont regroupées sous le terme de  « maladie de Porak et Durante ».

Cette maladie est héréditaire, se transmettant sur le mode autosomique dominant (une personne malade a un risque sur deux d’avoir des enfants atteints par la maladie, quel que soit leur sexe). Dans certains cas, la maladie survient chez un enfant dont les parents ne sont pas porteurs d’anomalies génétiques (néomutations ou mosaïcisme germinal). Il est intéressant de noter que toutes les personnes atteintes d’une même famille présentent une forme clinique de sévérité identique.

L’anomalie observée porte sur une protéine appelée collagène de type I qui entre dans la constitution du tissu osseux. Il s’agit soit d’une diminution du nombre de fibres de collagène (anomalies quantitatives), soit de la production d’un collagène anormal (anomalies qualitatives).

Le collagène de type I entre dans la composition de la peau, des dents, des ligaments et des os. Trois chaînes protéiques le constituent : deux chaînes alpha 1 et une chaîne alpha 2. Le gène COL1A1 (localisé sur le chromosome 17) code pour la chaîne alpha 1 du collagène I et le gène COL1A2 (localisé sur le chromosome 7) code pour la chaîne alpha 2. Des anomalies multiples portant sur l’un des deux gènes ou sur les 2 gènes sont observées dans l’ostéogenèse imparfaite. Il est à noter qu’en cas de manifestations cliniques proches, des anomalies génétiques complètement différentes peuvent être observées.

L’âge de survenue de la maladie est variable. Habituellement, les premières fractures surviennent au moment de l’acquisition de la marche. Les formes les plus sévères apparaissent pendant la vie intra-utérine, les formes bénignes pouvant se manifester quant à elles uniquement à l’âge adulte. L’évolution est donc extrêmement variable d’un patient à l’autre, toujours plus favorable lorsque le diagnostic et la prise en charge sont faits de façon précoce et prolongée.

Le retentissement de la maladie sur la vie dépend de la sévérité de celle-ci. Les formes bénignes sont compatibles avec une vie normale à condition d’éviter les sports à risque traumatique élevé. Les enfants atteints par la maladie peuvent bénéficier d’un encadrement scolaire adapté. L’orientation professionnelle du patient sera adaptée au degré de sévérité de la maladie. Les personnes atteintes peuvent mener une vie familiale et avoir des enfants malgré le risque de transmission. La grossesse est envisageable chez les femmes atteintes mais elle n’est pas dénuée de complications (douleurs ou fractures du bassin).

Les formes néonatales graves bénéficient d’un diagnostic au cours de la grossesse ou à la naissance grâce à l’échographie qui met en évidence une incurvation des membres ou des fractures. Le crâne est souvent mou et peut être déprimé par la sonde d’échographie. Le diagnostic par analyse de l’ADN fœtal est possible uniquement s’il y a déjà un malade dans la famille et que l’anomalie génétique a pu être mise en évidence chez celui-ci. Un diagnostic prénatal moléculaire (biopsie de trophoblaste ou amniocentèse) peut être envisagé pour un couple ayant déjà eu un enfant atteint ou dont l’un des membres a une forme grave. Il est important de noter que l’analyse génétique est très complexe et qu’une anomalie ne peut pas toujours être mise en évidence (gènes de grande taille et anomalies diverses).

Dans les autres cas, le diagnostic est le plus souvent réalisé au moment où l’enfant commence à marcher. Dans les formes modérées, il peut être fait uniquement à l’âge adulte. Le diagnostic repose surtout sur les signes cliniques (fractures à répétition, sclérotiques bleues...) et radiologiques (ostéoporose et présence d’os wormiens sur les radiographies du crâne). La densitométrie osseuse peut aider à confirmer le diagnostic.

L’ostéogénèse imparfaite peut être confondue :

  • En cours de grossesse avec d’autres maladies responsables de déformations osseuses : dysplasie campomélique, syndrome de Stüve et Wiedemann ;
  • A la naissance avec l’hyperparathyroïdie, l’I-cell disease (mucolipidose de type II) et la dysplasie avec gracilité des os.
  • Au cours de l’enfance avec le syndrome des enfants battus (syndrome de Silvermann), beaucoup plus fréquent que l’ostéogénèse imparfaite. La présence d’os wormiens sur les radiographies du crâne est en faveur du diagnostic d’ostéogénèse imparfaite.

Au cours de l’adolescence et chez l’adulte avec des leucémies ou maladies de système.

Quels sont les symptômes de l'Ostéogenèse imparfaite ?

Les fractures observées au cours de l’ostéogénèse imparfaite surviennent sur les os longs (notamment ceux des membres inférieurs) et les os plats (côtes, vertèbres). Les fractures du fémur sont les plus fréquemment observées. Ces fractures sont souvent horizontales, peu déplacées et consolident dans les mêmes délais que les fractures survenant sur un os normal. La survenue de ces fractures diminue avec l’âge surtout chez les femmes de la puberté à la ménopause grâce à la production d’oestrogènes.

Les déformations osseuses (fémur, tibia, côtes, os du bassin) surviennent spontanément ou sont liées à des cals vicieux. Des tassements vertébraux peuvent être à l’origine de déformations fréquentes de la colonne vertébrale (scoliose).

Un déplacement vers le haut du trou occipital (ouverture au niveau de la base du crâne laissant passer la moelle épinière) caractérisent les déformations crâniennes (appelées aussi « impression basilaire »). Des maux de tête (céphalées), des réflexes ostéo-tendineux vifs avec faiblesse des membres inférieurs ou une atteinte des nerfs crâniens (nerf trijumeau) sont des complications de ces déformations crâniennes et justifient la pratique d’une imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM). Enfin, le visage peut être  un peu déformé (aspect triangulaire avec un petit menton). Les radiographies du crâne permettent de mettre en évidence des os wormiens (ressemblant à des os surnuméraires et liés à un défaut d’ossification).

Une petite taille est fréquemment observée dans l’ostéogenèse imparfaite.

Enfin, d’autres manifestations sont possibles :

- l’atteinte oculaire (sclérotique) avec un aspect bleuté du blanc de  l’œil.

- l’hyperlaxité ligamentaire, présente chez plus des deux tiers des patients peut être responsable de pieds plats.

- la surdité pouvant survenir dans l’enfance est fréquente à l’âge adulte. Elle n’est  jamais profonde. La perte de l’audition est liée à une atteinte de l’oreille interne ou de l’oreille moyenne. Ces anomalies sont liées à une ossification déficiente, à la persistance de cartilage dans des zones normalement ossifiées et à des dépôts anormaux de calcium.

- des saignements de nez et des hématomes (surtout chez l’enfant) témoignent de la fragilité de la peau et des capillaires.

- une atteinte dentaire appelée dentinogenèse imparfaite. Elle touche autant les dents de lait (qui sont plus petites que la normale) que les dents permanentes (aspect en cloche, rétrécies à leur base) et correspond à une fragilité de la dentine. L’émail se fend facilement laissant la dentine à nu. Ces dents s’usent très prématurément et des abcès peuvent se développer. Elle donne aux dents une teinte ambrée et les rendent plus globuleuses. Certaines familles présentent des défauts dentaires transmis génétiquement, tout à fait identiques, sans  évidence d’ostéogénèse imparfaite.

- enfin, des anomalies cardio-vasculaires ont été signalées chez l’adulte : régurgitation aortique, prolapsus de la valve mitrale, insuffisance mitrale, dilatations, anévrysmes ou rupture des cavités cardiaques, de l’aorte ou des vaisseaux sanguins cérébraux.

Une sévérité variable

La maladie présente une sévérité très variable selon les patients et tous les symptômes décrits sont rarement présents chez un même patient. Du fait de cette grande variabilité (hétérogénéité) clinique, une classification des formes de la maladie (classification de Sillence) est utilisée et comprend quatre types :

- Le type I : formes les plus fréquentes modérées (peu de fractures et de déformations). Les fractures s’observent habituellement après la naissance. La taille est proche de la normale. Les sclérotiques sont de teinte bleue. La dentinogénèse imparfaite est observée dans le type I A mais absente dans le I B. Les radiographies du crâne révèlent un aspect moucheté (ilôts d’ossification irrégulière)

- le type II : formes graves, non compatibles avec la vie (létales) du fait d’une insuffisance respiratoire. Les radiographies montrent des os longs fripés (fémur en accordéon) et des côtes en chapelet

- le type III : formes sévères mais non mortelles. Les fractures s’observent précocement et assez souvent avant la naissance ; une déformation de la colonne vertébrale (cyphoscoliose) et une petite taille font partie des symptômes. Les sclérotiques sont de couleur variable. Il peut y avoir une dentinogénèse imparfaite.

- le type IV : de gravité intermédiaire entre le type I et le type III, elle est caractérisée par des sclérotiques blanches, des déformations des os longs, du crâne et des vertèbres (vertèbres aplaties : platyspondylie). La dentinogénèse imparfaite est inconstante.

Personnes à risque de l'ostéogénèse imparfaite

Si l’anomalie génétique est connue dans une famille, sa recherche chez les personnes à risque de cette famille est possible mais inconstamment mise en évidence par les techniques de laboratoire.

Le dépistage des personnes à risque avant l’apparition des signes cliniques (fractures) est difficile : des radiographies peuvent être réalisées et mettent en évidence une ostéoporose et des os wormiens.

Traitements médicaux de l'Ostéogenèse imparfaite

Aucun traitement curatif n’est disponible pour l’ostéogénèse imparfaite. Cela n’empêche pas de proposer un traitement des symptômes observés chez les patients.

En premier lieu, une prise en charge rééducative est indispensable et prolongée toute la vie depuis la naissance. Elle permet de lutter contre la douleur, d’assurer un bon développement musculaire et  une meilleure mobilité articulaire. Elle prévient aussi l’ostéoporose d’immobilisation. La kinésithérapie respiratoire permet d’améliorer la fonction pulmonaire. La balnéothérapie a aussi son utilité. Cette rééducation doit être précoce, douce et si possible active.

La prise en charge orthopédique et chirurgicale est toute aussi importante. En cas de fracture, il faut assurer une contention la plus légère et la moins longue possible (sinon cela risque d’aggraver l’ostéoporose et le risque de fracture). En cas de fractures à répétition touchant les os longs des membres inférieurs, un enclouage des os assurant la consolidation des os et la correction des déformations est pratiqué. Pour la colonne vertébrale, le traitement (toujours complexe) repose sur l’arthrodèse vertébrale postérieure (tiges fixées à l’arrière de la colonne) permettant de stabiliser la colonne et s’assurer une position assise chez un malade en fauteuil roulant.

Parmi les médicaments, seuls les biphosphonates s’opposant à la résorption osseuse ont fait la preuve de leur efficacité. Ils sont surtout utilisées chez l’enfant, contribuent à diminuer les douleurs et les fractures et permettent une meilleure mobilisation.

Par ailleurs, le traitement des douleurs, toujours présentes, reposent sur des analgésiques.

Le traitement de la surdité repose sur une intervention chirurgicale délicate, du fait de la fragilité osseuse ou sur un appareillage.

Les problèmes dentaires (dentinogenèse imparfaite) doivent être pris en charge précocement. Le traitement repose sur la pose de couronnes sur les dents de lait. Des implants peuvent être nécessaires à l’âge adulte. La prévention comporte une bonne hygiène buccale et l’utilisation du fluor à la fois par voies générale (comprimés) et locale (dentifrices).

Une bonne hygiène de vie et la pratique régulière d’activités physiques adaptées sont majeures pour assurer la meilleure évolution possible de la maladie.

Un soutien psychologique est proposé au patient et à sa famille.

Dans les cas de situations urgentes (fracture), il est impératif de prendre contact avec le centre de référence qui prend en charge habituellement le patient.

L’opinion de notre médecin

Dans le cadre de sa démarche de qualité, Passeportsanté.net vous propose de découvrir l’opinion d’un professionnel de la santé. Le Dr Renaud Dumontier vous présente son avis sur l’ostéogénèse imparfaite :

Maladie génétique à gravité variable, la prise en charge des patients doit se faire dans des centres de référence spécialisés (centre spécialisé dans le diagnostic et la prise en charge d’une ou plusieurs maladies rares).

En cas de désir de grossesse, une consultation chez un médecin spécialiste en génétique médicale est tout à fait recommandée pour évaluer le risque encouru par la descendance du couple.

Dr Renaud Dumontier

Révision médicale (janvier 2016) :  Dr Renaud Dumontier

Références

Auteur : Dr Renaud Dumontier        
Fiche créée : janvier 2016

Référence

Fiche Ostéogénèse imparfaite, ORPHANET
Principes de Médecine Interne, Harrison