la blépharite
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la blépharite

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 897

La blépharite est une inflammation du bord libre de la paupière (le rebord rouge rosé situé au niveau des cils). Cette inflammation peut s'étendre à la peau (la paupière), la face interne de la paupière, située contre l’œil, voire l’œil lui même. Elle peut entraîner une chute des cils appelée madarose.

Symptômes

    La blépharite donne une rougeur du bord palpébral. Il y a parfois des dépôts croûteux à la base des cils. Dans les formes très inflammatoires, il peut y avoir un œdème palpébral, des déformations ou des ulcérations du bord des paupières.

Elle est accompagnée de sensations de corps étranger, de brûlures, de démangeaisons, voire de douleurs et plus rarement d'une baisse de l'acuité visuelle.

Les causes de la blépharite

1/ Staphylocoque

La blépharite liée au staphylocoque est soit d'apparition récente et brutale, soit elle complique une blépharite d'autre cause par contamination manuelle.

L'inflammation du bord libre de la paupière est marquée, souvent accompagnée d'érosions du follicule ciliaire, de croûtes dures autour de la racine des cils, de desquamation en collerette autour du cil, puis de chute de cils (madarose) et d'une irrégularité du bord palpébral (tylosis)

2/ Demodex

Demodex folliculorum est un parasite cutané vivant dans les follicules pileux du visage. Il peut donner une démodécidose du visage (rougeurs ressemblant à de la rosacée mais ne guérissant pas sous antibiotiques).

En cas de blépharite liée  la prolifération de demodex, on arrive à voir les parasites à l'œil nu, qui pullulent sous la forme de manchons clairs tubulaires autour de la base des cils.

3/ Rosacée

La rosacée est une pathologie donnant de la couperose et des boutons des joues et du nez. Cette pathologie est souvent accompagnée de blépharite puisqu'on la trouve dans 60% des cas de rosacée cutanée. Elle est même révélatrice de la rosacée alors qu'il n'y a pas encore de signes cutanés dans 20% des cas.

La blépharite de la rosacée est accompagnée d'une atteinte postérieure c'est-à-dire concernant le versant muqueux de la paupière avec atteinte des glandes de Meibomius, des glandes situées sur la conjonctive, qui sont dilatées, font sourdre un liquide huileux si on appuie dessus et rendent le film lacrymal gras. Parfois ces glandes sont bouchées par un bouchon huileux et s'enflamment (meibomite)

La conjonctive est rouge, avec des vaisseaux dilatés, des zones gonflées et elle peut même aux stades évolués comporter des cicatrices atrophiques.

4/ Dermite séborrhéique

Le dermite séborrhéique provoque des rougeurs sèchent prédominant dans les zones séborrhéiques du visage (bords du nez, sillons nasogéniens, pourtour des yeux...). Elle peut s'accompagner d'une blépharite peu inflammatoire, avec atteinte de la paupière par de la dermite, comportant des squames grasses

5/ Causes rares

Les autres causes de blépharites sont le psoriasis (aspect semblable à la dermite séborrhéique), l'eczéma de contact ou atopique (donnant alors un eczema des paupières), la pemphigoïde cicatricielle, les toxidermies, le lupus chronique, la dermatomyosite et la phtiriase corporelle (« morpions » qui peuvent aller coloniser les sourcils et les cils en plus de l'atteinte pubienne). 

Traitements médicaux de la blépharite

1/ Staphylocoque

Le médecin utilise des collyres ou des pommades à base d'oxyde de mercure (deux fois par jour pendant 7 jours : Ophtergine®, Oxyde mercurique jaune 1 p. 100 Chauvin®), de bacitracine (Bacitracine Martinet®), de chloramphénicol (Chloramphénicol Faure® unidose, une goutte 3 à 6 fois par jour), d'aminosides (Gentalline® collyre ou pommade, Tobrex® collyre ou pommade, 3 applications/j)

La pommade peut être utilisée en complément des collyres et sera alors appliquée le soir. Elle permet le ramollissement des croûtes.

Il existe des collyres antibiotiques à base de fluoroquinolones, plus chers et plus rarement utilisés. De même les cyclines sont rarement utilisées du fait de la résistance de nombreuses souches de staphylocoques.

L'utilisation simultanée de corticoides et d'un antibiotique (Gentasone® pommade) est controversée, mais elle permet une amélioration plus rapide des symptômes fonctionnels que l'antibiotique seul :la corticothérapie locale doit être utilisée avec beaucoup de précautions, une fois que le diagnostic de kératite infectieuse (herpes...) a été formellement éliminé par un ophtalmologue.

2/ Demodex

Le traitement comporte l'application d'une pommade à l'oxyde de mercure à 1 p. 100 ( Ophtergine®, Oxyde mercurique jaune 1 p. 100 Chauvin®), de solutions d'acide borique (Dacryosérum® unidose, Dacudoses®) et l'élimination mécanique des manchons ciliaires à la pince.

3/Rosacée

Elimination des sécrétions huileuses des glandes de Meibomius

Le médecin conseille de faire un massage biquotidien des paupières, afin d'évacuer les secrétions huileuses des glandes de Meibomius. Ce massage peut être précédé par l'application de compresses imbibées d'eau chaude qui permettent de ramollir les secrétions.

Lutte contre la sécheresse oculaire

Utilisation de larmes artificielles sans conservateur (Gel-Larmes® unidose, 2 à 4 fois par jour, Lacryvisc® unidose, gel ophtalmique).

Traitement de la rosacée

Le dermatologue utilise des antibiotiques (cyclines : Tolexine®, 100 mg/j pendant 12 semaines) par voie orale qui ont un bon retentissement non seulemet sur la rosacée cutanée mais aussi sur la blépharite.

Les cyclines par voie locale telles que l'oxytétracycline (Tétranase®) n'ont pas d'AMM dans cette indication mais elles peuvent aussi être efficaces.

Le métronidazole en gel à 0,75 p. 100 (Rozex gel®) peut être appliqué une fois par jour sur la face cutanée des paupières et leur bord libre durant 12 semaines.

4/ Dermite séborrhéique

Les soins d'hygiène sont là encore importants, afin d'éliminer les croûtes et squames grasses qui constituent une source de pullulation bactérienne et d'irritation en utilisant un produit nettoyant des paupières (Blephagel®, Lid-Care®...).

La blépharite liée à la dermite séborrhéique est souvent contaminée par des staphylocoques, elle nécessite alors une prise en charge similaire à la blépharite staphylococcique.

L’opinion de notre médecin

La blépharite est le plus souvent une pathologie bénigne (en dehors de l'atteinte staphylococcique) mais invalidante et gênante au quotidien. Elle est souvent le signe d'une maladie dermatologique (portage staphylococcique cutanéomuqueux, rosacée, dermite séborrhéique, démodécidose...) que le dermatologue devra traiter efficacement en plus des soins prodigués par l'ophtalmologue. Il s'agit donc d'une pathologie frontière pour ces deux spécialistes qui doivent  agir de concert pour soulager les patients.

Dr. Ludovic Rousseau, dermatologue

Sites d’intérêt

Dermatonet.com, site d'information sur la peau, les cheveux et la beauté par un dermatologue

www.dermatonet.com

Plus d'informations sur l'oeil rouge : http://www.dermatonet.com/oeil-rouge-yeux-rouges.htm/

Rédaction : Dr. Ludovic Rousseau, dermatologue
Avril 2017