L’encoprésie est un trouble constaté après l’âge de 4 ans. Il se traduit par une émission fécale, généralement involontaire, dans des endroits inappropriés (vêtements, sol…). Une fois la cause identifiée, l’encoprésie peut être traitée pour rétablir des selles normales.
L’encoprésie, qu'est-ce que c'est ?
Définition de l’encoprésie
L’encoprésie est un terme médical désignant l’émission régulière de matières fécales dans des situations et/ou endroits inappropriés (vêtements, sol…). Celle-ci est généralement involontaire/incontrôlée mais peut parfois être intentionnelle. Pour être diagnostiquée comme telle, une encoprésie doit durer depuis au moins 3 mois avec une fréquence d’émission de selles inappropriées au minimum une fois par mois.
On parle d’encoprésie uniquement après l’âge de 4 ans. Avant cet âge, on considère que l’enfant peut ne pas avoir encore acquis la propreté. L’apprentissage de la propreté peut demander du temps chez certains enfants. Elle a souvent lieu entre 2 et 4 ans.
Types d’encoprésies
Il est possible de distinguer :
- l’encoprésie primaire lorsqu’elle apparaît chez l’enfant de plus de 4 ans n’ayant pas acquis la propreté ;
- l’encoprésie secondaire lorsqu’elle se manifeste chez un enfant propre depuis au moins 1 an.
Ce trouble peut aussi être défini de la façon suivante :
- l’encoprésie rétentionnelle, la forme la plus fréquente (95% des cas), qui est caractérisée par une constipation fonctionnelle engendrant une accumulation de matières fécales et une incontinence avec débordement ;
- l’encoprésie non rétentionnelle qui n’est pas associée à une constipation.
Causes de l’encoprésie
Plusieurs causes de l’encoprésie ont été identifiées. Elles sont différentes selon la présence ou non d’une constipation fonctionnelle.
Dans le cadre d’une encoprésie rétentionnelle, une constipation d’origine organique ou psychologique est constatée. Parmi les causes possibles, figurent notamment :
- un mégacôlon ;
- une pathologie organique digestive comme la maladie de Hirschsprung ;
- une maladie organique neurologique telle que le spina bifida ;
- une pathologie organique endocrinienne comme une hypothyroïdie ;
- le refus du pot par opposition aux parents avant l’âge de 4 ans ;
- l’apprentissage trop rigide ou bien trop précoce de la propreté ;
- des accès difficiles aux toilettes comme une insalubrité ;
- des antécédents de douleur à la défécation comme des fissures ;
- une phobie dont notamment la phobie de défécation ;
- etc.
A l’inverse, l’encoprésie rétentionnelle n’est pas associée à une constipation. L’origine est uniquement psychologique. Elle nécessite une attention médicale particulière car elle peut être due à :
- un trouble du comportement ;
- des difficultés familiales ou scolaires ;
- une pathologie psychiatrique ;
- etc.
Diagnostic de l’encoprésie
Le diagnostic de l’encoprésie repose sur :
- un examen clinique soutenu par un interrogatoire dont l’objectif est notamment de connaître la date des premiers symptômes et la fréquence du trouble ;
- des examens complémentaires pour confirmer et/ou approfondir le diagnostic, notamment grâce à un examen neurologique, un examen de la région anal ou une radiographie de l’intestin.
Personnes concernées par l’encoprésie
L’encoprésie est essentiellement constatée chez les enfants. On estime qu’elle atteint entre 1 et 4% des enfants. Elle touche préférentiellement les garçons.
Facteurs favorisant l’encoprésie
Il a été constaté que plusieurs facteurs pouvaient favoriser l’encoprésie chez l’enfant :
- des difficultés sociales dans la famille ou à l’école ;
- un apprentissage de la propreté trop rigide ;
- un logement insalubre.
Les symptômes de l’encoprésie
- Fuite de selles : Le signe typique de l’encoprésie est la fuite de selles, c’est-à-dire l’émission de matières fécales dans des situations et/ou endroits inappropriés. Ces fuites surviennent généralement le jour mais peuvent également se manifester la nuit.
- Constipation : Dans la majorité des cas, l’encoprésie est dite rétentionnelle. Cela signifie qu’elle est caractérisée par une constipation fonctionnelle.
- Douleurs abdominales : La constipation s’accompagne généralement de ballonnements et douleurs abdominales.
Dans certains cas, d’autres symptômes peuvent être constatés :
- un suintement de selles liquides ;
- des fissures anales.
Les traitements de l’encoprésie
Le traitement de l’encoprésie dépend de son type et de son origine. Il peut s’appuyer sur :
- un accompagnement éducatif pour expliquer les mécanismes physiologiques en jeu et faciliter l’adhésion de l’enfant à la prise en charge ;
- un traitement médicamenteux à base de laxatifs afin de nettoyer le côlon et vider l’ampoule rectale ;
- un traitement naturel basé généralement sur une alimentation riche en fibres insolubles et en liquides ;
- une prise en charge psychologique et/ou pédopsychiatrique.
La prise en charge se fait sur le long terme, généralement entre 6 et 24 mois.
Prévenir l’encoprésie
Certains cas d’encoprésie peuvent être évités grâce à :
- la mise en place et le maintien de règles hygiéno-diététiques adaptés chez l’enfant ;
- un suivi médical régulier de l’enfant, conformément aux recommandations du médecin ;
- un apprentissage de la propreté progressif et souple, avec de la patience et de la pédagogie ;
- une attention portée aux difficultés sociales ressenties par l’enfant, afin que celles-ci n’aient pas un impact sur son développement.
Rédaction : Quentin Nicard, rédacteur scientifique
Septembre 2018
Références
- I. Timelli, et al., Encoprésie et constipation chez l’enfant - Première partie : rappel clinique et thérapeutique, Médecine, Volume 9, numéro 4, Avril 2013, pp.166-8.
- F. Ferreri, C. Agbokou, Psychiatrie et Développement, Maturation et Vulnérabilité, 2e édition, Paris : Med-Line, 2006, 465 pages.
- L. Hardy, Encopresis: A guide For Psychiatric Nurses, Arch Psychiatr Nurs, 2009, 23(5):351-8.
- F. Pigot, Encoprésie de l’enfant, Société Nationale Française de Colo-Proctologie, Déc. 2008, www.snfcp.org (Consulté le 08/09/2018).