La neuropathie, qu'est-ce que c'est ?
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La neuropathie, qu'est-ce que c'est ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 903

La neuropathie se caractérise par l'affection d'un ou de plusieurs types de nerfs moteurs et sensitifs qui contrôlent les pieds et les mains, ainsi que les nerfs du système nerveux autonome qui contrôle les organes. Les symptômes dépendent du type de nerf affecté.

La neuropathie, qu'est-ce que c'est ?

Définition de la neuropathie

La neuropathie est un terme utilisé pour décrire un problème relié aux nerfs, généralement les « nerfs périphériques », par opposition au « système nerveux central » qui comprend le cerveau et la moelle épinière. On parle aussi de neuropathie périphérique.

La neuropathie est causée par un certain nombre d’affections. La neuropathie peut aussi exister sans que la cause puisse être diagnostiquée. Elle est alors qualifiée de "neuropathie idiopathique".

Le terme de neuropathie couvre une vaste zone et de nombreux nerfs. Les symptômes qui en découlent dépendent du type de nerf qui est affecté:

  • Les nerfs sensitifs affectés (les nerfs qui contrôlent la sensation) causent des picotements, des brûlures, des douleurs lancinantes, des "chocs électriques", des engourdissements, des démangeaisons ou des faiblesses dans les pieds et les mains. On parle de neuropathie sensitive.
  • Les nerfs moteurs affectés (les nerfs qui permettent de se mouvoir) provoquent une faiblesse dans les pieds et les mains. On parle de neuropathie motrice.
  • Les nerfs autonomes affectés (les nerfs qui contrôlent les organes du corps, par ex. l'intestin et la vessie) provoquent des changements de la fréquence cardiaque et de la tension artérielle ou de la transpiration. On parle de neuropathie autonome.

La neuropathie a plusieurs causes, ce qui explique pourquoi les trois types de nerf peuvent être affectés en même temps : on parle alors de polyneuropathie, par opposition à la mononeuropathie qui se caractérise par l’affection d’un seul nerf.

Exemples de mononeuropathies

  • La paralysie du nerf ulnaire (ou cubital) suite à une blessure au coude.
  • Syndrome du canal carpien, provoqué par la compression du nerf médian.
  • Paralysie des nerfs péroniers, provoquée par la compression d'un nerf dans la jambe.
  • Paralysie du nerf radial, nerf qui innerve les muscles du coude, du poignet et des doigts.
  • La paralysie de Bell, qui touche un nerf qui innerve les muscles du visage.

Les causes de la neuropathie

Il existe plus d'une centaines de causes de douleur neuropathique. Environ 30% des neuropathies sont «idiopathiques» ou d'une cause inconnue.

Beaucoup de maladies peuvent conduire à une neuropathie périphérique:

  • Le diabète, qui est la cause la plus fréquente de neuropathie périphérique chronique. On parle de neuropathie diabétique. Les niveaux élevés de sucre dans le sang provoquent des dommages aux parois des petits vaisseaux sanguins qui fournissent de l'oxygène et des nutriments aux nerfs qui innervent les extrémités des mains et des pieds et des principaux organes du corps (yeux, reins, cœur). En conséquence, la peau devient endommagée et la perte de sensibilité rend la peau des pieds plus vulnérable.
  • Les carences en vitamines B12 ou en acide folique peuvent causer des lésions nerveuses et une neuropathie périphérique.
  • Les médicaments - tels que certains médicaments utilisés en chimiothérapie ou dans le traitement du VIH peuvent causer des dommages aux nerfs périphériques.
  • Certains insecticides et solvants.
  • Les cancers de type lymphome et myélome multiple.
  • Abus d'alcool.
  • Une maladie rénale chronique - si les reins ne fonctionnent pas normalement, un déséquilibre en sels peut causer une neuropathie périphérique.
  • Une maladie chronique du foie.
  • Des blessures, par exemple un os cassé qui peut exercer une pression sur un nerf.
  • Certaines infections telles que le zona, l'infection par le VIH et la maladie de Lyme.
  • Le syndrome de Guillain-Barré est le nom donné à un type spécifique de neuropathie périphérique déclenchée par une infection.
  • Les maladies des tissus conjonctifs : arthrite rhumatoïde, syndrome de Sjögren et lupus érythémateux systémique.
  • Certaines affections inflammatoires incluant la sarcoïdose et la maladie coeliaque.
  • Les maladies héréditaires telles que le syndrome de Charcot-Marie-Tooth et l’ataxie de Friedreich.

Diagnostic de la neuropathie

Le médecin interroge le patient sur :

  • ses symptômes.
  • Sa santé générale.
  • Ses antécédents familiaux de neuropathie.
  • Ses médicaments pris actuellement ou récemment.
  • Son exposition éventuelle à des toxines.
  • Son éventuelle consommation excessive d'alcool.
  • Son comportement sexuel.

Le médecin va :

  • examiner attentivement la peau du patient.
  • Vérifier la sensation à une vibration à l'aide d'un diapason.
  • Examiner les réflexes du tendon.

Analyses sanguines

Elles permettent de mettre en évidence la présence d'un diabète, d'un dysfonctionnement de la thyroïde ou une carence en vitamines.

Études de conduction nerveuse

Les études de conduction nerveuse vérifient la vitesse avec laquelle les nerfs envoient leurs messages aux muscles. Des électrodes spéciales sont placées sur la peau au niveau du nerf testé et émettent de très petites impulsions électriques qui stimulent le nerf. D'autres électrodes enregistrent l'activité électrique du nerf. Une vitesse réduite de l'impulsion nerveuse traduit la présence d’une neuropathie périphérique.

Electromyographie

L'électromyographie est utilisée pour diagnostiquer la faiblesse musculaire causée par la neuropathie. Ce test examine l'activité électrique des muscles. Une aiguille très fine connectée à une électrode est insérée dans un muscle. Celle est connectée à une machine d'enregistrement appelée oscilloscope. Une activité électrique anormale reflète la présence d’une neuropathie périphérique.

Biopsie du nerf

Une petite partie d'un nerf est prélevée afin qu'il puisse être examiné sous un microscope.

Biopsie de la peau

C'est une technique visant à examiner les nerfs périphériques. Elle peut être utilisée pour rechercher une neuropathie périphérique précoce et pour surveiller la progression de la neuropathie et la réponse au traitement. On mesure entre autres la densité des fibres nerveuses dans la zone de la peau. Dans la neuropathie périphérique, la densité des nerfs périphériques est réduite.

Les symptômes de la neuropathie

Neuropathie du système sensoriel

  • Picotement et engourdissement dans les mains et les pieds (neuropathie diabétique)
  • Hypersensibilité.
  • Augmentation de la douleur ou perte de capacité à ressentir de la douleur.
  • Perte de capacité à détecter les changements de chaleur et de froid.
  • Perte de coordination et de proprioception.
  • Douleurs de type brûlure, dont l’intensité peut augmenter la nuit.
  • Modifications de la peau, des cheveux ou des ongles.
  • Ulcères du pied et de la jambe, infection, voire gangrène.

Neuropathie du système moteur

  • Faiblesse musculaire - causant une instabilité et une difficulté à faire de petits mouvements tels que le boutonnage de la chemise (en particulier dans la neuropathie diabétique).
  • Tremblement musculaire et crampes.
  • Paralysie musculaire.

Neuropathie du système autonome

  • Vertiges et évanouissements (en raison des changements brusques de la tension artérielle).
  • Réduction de la transpiration.
  • Incapacité de tolérer la chaleur.
  • Perte de contrôle sur la fonction de la vessie entraînant une incontinence ou une rétention d'urine.
  • Gonflement, constipation ou diarrhée (en particulier dans la neuropathie diabétique).
  • Difficultés à réaliser ou maintenir une érection (en particulier dans la neuropathie diabétique).

Comment prévenir la neuropathie ?

La prévention de la neuropathie chez les personnes diabétiques repose notamment sur une bonne hygiène alimentaire et un suivi strict de la glycémie. Les études ont montré que le contrôle glycérique par l'injection réduisait le risque de développer une neuropathie diabétique.

Rédaction : Stéphane Bastianetto, Ph.D. en neurosciences
Avril 2017

Traitements de la neuropathie et des douleurs neuropathiques

Le traitement de la neuropathie consiste à s’attaquer à la cause ou à apaiser la douleur si cela n’est pas possible.

Dans le cas de la neuropathie diabétique :

  • Abaisser les taux élevés de sucre dans le sang (par injection d’insuline par exemple) pour prévenir les lésions nerveuses.
  • Contrôle régulier des pieds pour empêcher des complications graves. En effet, la neuropathie diabétique peut entraîner des blessures aux pieds qui passent inaperçues en raison de la perte de sensibilité.

Concernant les neuropathies d’origine toxique, il suffit d'enlever l'exposition à la toxine suspecte ou d'arrêter le médicament en cause, ce qui stoppera les lésions nerveuses.

Traitements médicamenteux

  • Médicaments anti-épileptiques (ex. gabapentine et la carbamazépine).
  • Antidépresseurs de la classe des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la norepinephrine (ex. duloxétine et venlafaxine) et des tricycliques (ex. nortriptyline et desipramine).
  • Analgésiques opioïdes (ex. morphine). Ces médicaments comportent des risques.
  • Anesthésique local pour un soulagement temporaire et localisé de la douleur.
  • Lorsque le diabète endommage les nerfs autonomes, les fonctions automatiques du corps peuvent être affectées. Il existe à la fois des dispositifs et des médicaments (médicaments anticholinergiques ou antispasmodiques) pour lutter contre les problèmes urinaires.
  • L'extrait de poivre de Cayenne contenant de la capsaïcine et disponible dans les crèmes, peut soulager la douleur qui peut suivre une éruption cutanée (voir plus bas). Il existe également des crèmes contenant un anesthésique appelé lidocaïne.
  • Les problèmes digestifs - la gastroparésie (vidange retardée de l'estomac) peuvent être diminués en apportant des changements alimentaires et la prise de médicaments pour empêcher les diarrhées, la constipation et la nausée.
  • Le risque d’hypotension orthostatique (pression artérielle basse en position debout) peut être diminuée en évitant l'alcool et en buvant beaucoup d'eau.
  • Dysfonction sexuelle : les traitements médicamenteux appropriés pour certains hommes sont le sildenafil (Viagra), le tadalafil (Cialis) et le vardenafil (Levitra).

Les vêtements en coton sont conseillés car ils provoquent causent moins d'irritation,

Le soulagement du stress et des thérapies relaxantes (ex. techniques de relaxation, de massage, d'acupuncture, de neurostimulation transcutanée) aident également certaines personnes à mieux supporter la douleur et à mieux fonctionner.

Traitement des mononeuropathies

Lorsque la neuropathie est provoquée par la compression d'un seul nerf, le traitement est similaire quel que soit le nerf impliqué, et dépend du caractère transitoire ou permanent de la compression.

Les traitements incluent le repos, la chaleur et des médicaments qui réduisent l'inflammation.

Dans le syndrome du canal carpien, la thérapie comprend des médicaments corticostéroïdes oraux ou injectés, et l'ultrasonographie (technique de vibration acoustique).

Si la mononeuropathie s’aggrave malgré les mesures standards prises, une chirurgie peut être nécessaire. Si la compression nerveuse est corrigée, par exemple lorsqu'elle est causée par une tumeur, le traitement repose également sur une opération chirurgicale.

Approches complémentaires

Les approches suivantes sont considérées comme possiblement ou probablement efficaces dans le traitement de la neuropathie. Le poivre de Cayenne semble être le plus efficace.

  • Le capsicum frutescens, ou poivre de Cayenne. Certaines études indiquent que l’application cutanée d’une crème ou l’utilisation d’un timbre contenant la capsaïcine (0,075 %), substance chimique active du capsicum, réduit les douleurs chez les personnes souffrant de neuropathie causée par le diabète.
  • L'acétyl-L-carnitine. L’acétyl-L-carnitine (2000-3000 mg) réduirait la douleur chez les personnes ayant un diabète depuis peu de temps ayant un diabète de type 2 mal contrôlé après 6 mois de traitement.
  • L'acide alpha-lipoïque. Une étude indique que l'acide d'alpha-lipoïquepermet (de 600 à 1800 mg par jour) permet d’atténuer les symptômes (brûlures, douleurs et engourdissements dans les jambes et les bras) de la neuropathie périphérique chez les patients diabétiques.
  • Co-enzyme Q-10. Les études montrent que la prise de coenzyme Q10 réduit les douleurs chez les personnes atteintes d’une neuropathie diabétique.

Rédaction : Stéphane Bastianetto, Ph.D. en neurosciences
Avril 2017

Sources et référencecs

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