Véhiculés par des rongeurs sauvages, les Hantavirus sont responsables d'infections virales (zoonose) chez l'homme. En France, ils sont responsables d'une centaine de cas de fièvre hémorragique à syndrome rénal (FHSR) par an, qui se déclarent aux abords des forêts. Généralement sans gravité, ils peuvent néanmoins engendrer des complications hémorragiques et rénales. Les syndromes cardio-pulmonaires à Hantavirus (SPH) observés sur le continent américain sont plus graves et souvent mortels.
Les hantavirus, qu'est-ce que c'est ?
Définition
Les hantaviroses sont des viroses (des infections virales) dues aux virus du genre Hantavirus.
Les Hantavirus (famille Bunyaviridae), qui ont pour hôtes naturels certaines espèces de rongeurs ou d'insectivores (musaraignes, taupes…) sauvages, sont trouvés sur tous les continents. Ceux qui sont transmissibles à l'homme et sont à l'origine de fièvres hémorragiques à syndrome rénal (FHSR) en Europe et en Asie ou de syndrome pulmonaires à Hantavirus (SPH) sur le continent américain, notamment en Amérique latine.
Il existe une petite centaine de variétés d'hantavirus, quatre espèces présentes en Europe étant susceptibles de provoquer des zoonoses (infections transmissibles de l'animal et l'homme). En France, les hantaviroses sont essentiellement dues au virus Puumala, qui circule en Europe du Nord et de l’Ouest. Son hôte naturel est le campagnol roussâtre.
Causes
Les contaminations humaines sont généralement dues à l'inhalation de poussières souillées par l'urine, la salive ou les excréments des porteurs sains animaux qui constituent leur réservoir. Elles se produisent généralement au cours d'activités en forêt ou dans des locaux inhabités aux abords des forêts.
La transmission lors d’un contact direct entre une matière contaminée et la peau lésée ou par ingestion d’aliments ou d’eau contaminés est beaucoup plus rare.
Aucune transmission interhumaine n’a été rapportée sur le continent eurasiatique, les seuls cas décrit concernant l'hantavirus sud-américains Andes.
Diagnostic
Devant les signes cliniques évocateurs de la maladie, le médecin cherchera à savoir si son patient a manipulé du bois ou nettoyé un local resté longtemps inhabité dans les deux mois précédents.
Des paramètres biologiques tels que la diminution du taux de plaquettes sanguines (thrombopénie) ou la présence dans les urines de protéines (protéinurie) et de traces de sang (hématurie microscopique) permettent d'orienter le diagnostic.
L'échographie peut aussi être utile en révélant des aspects typiques de cette infection, avec notamment des reins et une rate de volume augmenté.
Des tests sanguins (tests ELISA ou IF ) sont réalisés par des laboratoires de biologie médicale ou hospitaliers pour détecter les anticorps de type IgM et IgG spécifiques du virus présents dans le sang du patient et confirmer le diagnostic.
Les tests qui permettent de détecter l'ARN viral ne sont pas commercialisés.
Les personnes concernées
Les hantaviroses sont relativement rares dans des pays comme la France ou les États-Unis, mais beaucoup plus fréquentes dans d’autres : on recense ainsi plusieurs centaines à milliers de cas par an en Allemagne et Scandinavie.
En France métropolitaine, une centaine de cas en moyenne (seulement 14 en 2013, mais 232 en 2017) sont détectés chaque année dans le quart nord-est du pays, avec des poussées épidémiques au nord des Ardennes, dans l'Avesnois, au nord et au centre de l'Aisne, au sud de l'Oise, dans le Doubs ou dans le Jura. Des pics de détection sont observés à la fin du printemps, et de l'automne. Les cas de syndromes cardio-pulmonaires à Hantavirus (SPH) sont sporadiques dans la région Antilles-Guyane.
Dans l'Hexagone, les hommes sont deux à trois fois plus touchés que les femmes par la fièvre hémorragique à syndrome rénal. Les forestiers, les ouvriers agricoles et les ouvriers du bâtiment sont principalement concernés.
Facteurs de risque
Le principal facteur de risque en France métropolitaine est l'exposition à un milieu empoussiéré contaminé, au cours de certaines activités comme la coupe, le débardage ou la manipulation de bois, le nettoyage des poulaillers, granges et remises, les travaux dans des maisons anciennes ou toute autre activité mettant en suspension la poussière.
Les symptômes des infections à Hantavirus
Bien qu'elle soit le plus souvent bénigne, la fière hémorragique à syndrome rénal peut entraîner des symptômes plus ou moins importants.
Syndrome grippal
Les premiers symptômes, qui apparaissent une semaine à deux mois après la contamination, miment ceux de la grippe. La fièvre peut atteindre 39 à 40° pendant deux à quatre jours, et se stabilise autour de 38° les jours suivants. Elle s'accompagne parfois de frissons et de maux de tête.
Douleurs
Les douleurs, qui résistent aux médicaments antalgiques habituels, s'installent un peu plus tard. Il peut s'agir de douleurs musculaires, de douleurs abdominales ou thoraciques, de lombalgies, de douleurs articulaires, voire de douleurs dentaires.
Troubles de la vision
Des troubles fugaces de la vision, de type "myopie aiguë", apparaissent dans 40 % des cas et sont très évocateurs de la maladie.
Autres signes
- Signes hémorragiques discrets (saignements des gencives…)
- Manifestations respiratoires discrètes dans un tiers des cas
Évolution
Une insuffisance rénale s'installe secondairement dans plus de la moitié des cas. Des atteintes hépatiques peuvent aussi être constatés. Heureusement, les complications sévères – symptômes hémorragiques associés ou non à une insuffisance rénale aiguë, troubles neurologiques… – restent rares et la guérison se fait généralement sans séquelle après quelques semaines de grande fatigue. La maladie est cependant mortelle dans un à deux cas sur mille.
Spécificité des SPH américains
Les hantavirus américains ont un tropisme pulmonaire et non rénal. Dans le syndrome cardio-pulmonaire, la fièvre est suivie de difficultés respiratoires qui peuvent s’aggraver très rapidement. Quatre des cinq cas détectés en Guyane ont été mortels.
Traitements des infections à hantavirus
Il n'existe aucun traitements spécifique des fièvres hémorragiques à syndrome rénal causées par les Hantavirus. La prise en charge est donc uniquement symptomatique.
Des médicaments comme l'aspirine, les anti-inflammatoires et certains antibiotiques doivent être évités en raison de leur toxicité pour les reins.
Des séances de dialyse peuvent être nécessaires en cas d'insuffisance rénale aiguë.
Prévenir les infections à Hantavirus
La prévention repose sur un arsenal de précautions à prendre pour éviter d'être exposé au virus dans les zones fréquentées par le campagnol roussâtre où il est endémique.
Les autorités conseillent d'éviter d'entrer en contact avec les rongeurs ou leur cadavres et de lutter contre leur présence, en empêchant leur accès dans les habitations et si nécessaire en dératisant les habitations situées en forêt ou en lisière de forêt.
Les travaux dans les locaux poussiéreux susceptibles de les avoir hébergés ne devraient pas être effectués sans protection (masque…).
Enfin, les personnes exposées à des contacts avec les rongeurs par leur travail doivent respecter certaines mesures d'hygiène, notamment couvrir des plaies par des pansements.
Rédaction : Marielle Mayo, Journaliste scientifique
Octobre 2018
Références
- http://inpes.santepubliquefrance.fr/10000/themes/hantavirus/index.asp
- http://invs.santepubliquefrance.fr/fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Zoonoses/Hantavirus
- https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/article/fievre-hemorragique-a-syndrome-renal
- https://www.pasteur.fr/fr/sante-publique/CNR/les-cnr/hantavirus/la-maladie-recommandations