Le tissu adipeux sous cutané situé entre derme en haut et l’aponévrose superficielle des muscles en profondeur, est appelé hypoderme en terme médical.
L'érythème noueux est une hypodermite donc une inflammation du tissus graisseux sous cutané.
Il s'agit d'une maladie de peau de description ancienne (1798), caractérisée par la présence denouures (sorte de boules sous la peau mal délimitées) douloureuses, touchant les faces d’extension des jambes, plus rarement les cuisses et les avant-bras, évoluant sur 3 à 6 semaines en ne laissant aucune séquelle dermatologique.
Elle touche 2 à 3 pour 10 000 habitants par an. Les femmes sont 3 fois plus souvent atteintes que les hommes. L’âge de survenue est compris entre 20 et 45 ans avec un pic entre 20 et 30 ans. Il existe une incidence saisonnière avec une plus grande fréquence de l’érythème noueux au cours du premier semestre de l'année.
Causes d'érythèmes noueux
1/ Infection à streptocoque bêta-hémolytique
Il s’agit le plus souvent d’une angine survenue 3 semaines auparavant, parfois d’une infection respiratoire haute, voire d’une infection dentaire.
2/ Sarcoïdose
La sarcoidose est une maladie inflammatoire granulomateuse. C’est une cause fréquente d'érythème noueux chez la femme jeune, dans le cadre notamment du syndrome de Löfgren(ganglions dans le médiastin, fièvre, douleurs articulaires, érythème noueux et inflammation dans le sang).
3/Yersiniose
C’est une cause fréquente en Europe, en particulier en France. La yersiniose donne desdouleurs digestives ressemblant souvent à l'appendicite, suivies de diarrhées. Les bacilles en cause sont Yersinia enterocolitica chez l’adulte et Yersinia pseudotuberculosis chez l’enfant et l’adolescent.
4/Tuberculose
C’est une cause dont la fréquence tend à augmenter car la tuberculose redevient une maladie endémique
5/ Médicaments et vaccins
L’origine médicamenteuse est difficile à prouver. On incrimine souvent des antibiotiques(sulfamides, minocycline, céfixime) et les inhibiteurs de la pompe à proton (protecteurs gastriques tels que l'omeprazole). Des cas ont été décrits au décours d’une vaccination contre l’hépatite B et sous l'influence des oestrogènes (contraception oestroprogestative, grossesse, traitement substitutif hormonal de la ménopause...).
6/ Maladies Inflammatoires Chroniques des Intestins (MICI) et autres entéropathies
L’érythème noueux peut survenir lors d’une rectocolite hémorragique, voire d’une maladie de Crohn. Il peut aussi se voir lors de la maladie coeliaque, de la diverticulite, de la cirrhose biliaire primitive....
7/ Cancers
Les leucémie, les cancers viscéraux et les lymphomes malins hodgkiniens et non hodgkiniens sont des causes rares d'érythème noueux
Ce ne sont que les causes les plus fréquentes, voici un tableau comportant la plupart des causes connues d'erytheme noueux :
Causes de l’érythème noueux.
Infections bactériennes et virales :
Brucellose
Campylobactériose
Chlamydiase
Fièvre Q
Leptospirose
Maladies des griffes du chat
Mononucléose infectieuse
Pasteurellose
Rickettsiose
Salmonellose
Syphilis
Tularémie
Hépatites B et C
Nodule des trayeurs
Virus d’Epstein-Barr
VIH : virus de l’immunodéficience humaine
Yersiniose
Infections mycosiques et parasitaires :
Blastomycose
Coccidioïdomycose
Histoplasmose
Trichophytose
Amibiase
Ascaridiose et tæniasis
Toxoplasmose
Affections malignes :
Maladie de Hodgkin
Leucémies
Lymphomes
Cancers
Maladies générales :
Maldaie de Behçet
Entéropathies
Maladie coeliaque
Sarcoïdose
Syndrome de Sweet
Maladie de Horton
Néphropathie à IgA
Lupus érythémateux
Maladie de Still
Cryoglobulinémie
Médicaments et vaccins:
Antibiotiques
Oestrogènes
Oméprazole
Sulfamides
Vaccin hépatite B
Liste non exhaustive
Symptômes de l'érythème noueux
L'érythème noueux est d’évolution toujours stéréotypée et comportant trois phases successives
1/ Phase prodromique
L'érythème noueux est parfois précédé par une infection ORL ou respiratoire haute 1 à 3 semaines avant l’éruption cutanée, évocatrice de l'origine streptococcique. Le plus souvent, on retrouve uniquement une fièvre, des douleurs articulaires, parfois des douleurs abdominales...
2/ Phase d'état
Les nouures (sortes de boules sous la peau, mal limitées) s’installent en 1 à 2 jours sur les faces d’extension des jambes et des genoux, plus rarement des cuisses et des avant-bras. Elles sont de taille variable (1 à 4 cm), peu nombreuses (3 à 12 lésions), bilatérales mais non symétriques. Elles sont douloureuses (douleur accentuée par la position debout), chaudes, fermes. Il existe souvent un oedème des chevilles et une persistance des douleurs articulaires.
3/ Phase de régression
Elle est d'autant plus précoce que le traitement est bien suivi. Chaque nouure évolue en une dizaine de jours en prenant des aspects bleus-verts et jaunâtres, comme l'évolution d'un hématome. Les nouures disparaissent sans séquelle. L’érythème noueux peut comporterplusieurs poussées sur 1 à 2 mois, favorisées par la position debout.
Faut-il faire des examens en cas d'érythème noueux ?
Le médecin cherche une cause à l'érythème noueux afin de la traiter. Il fait réaliser des examens le plus souvent dirigés par les signes cliniques (analyse des selles en cas de diarrhée uniquement par exemple) :
Prise de sang avec numération formule des cellules sanguines (globules rouges, globules blancs...), bilan hépatique, recherche d'inflammation, recherche d'antistreptolysine O (ASLO) et antistreptodornases (ASD), tests tuberculiniques, dosage de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, sérodiagnostic des yersinioses, radiographie de thorax.
Traitements médicaux de l'érythème noueux
1/Traiter la cause
Exemple : antibiothérapie d'une infection à Streptocoque, traitement d'une sarcoïdose par corticothérapie...
2/Traitement symptomatique de l'érythème noueux
2.1/ Repos au lit
Le repos au lit pendant deux semaines est une mesure primordiale, car la position debout favorise la survenue de nouvelles poussées.
2.2/ Lutte contre la douleur
Le médecin prescrit des antalgiques :
— paracétamol, 1 à 3 g/24 h, en espaçant les prises de quatre heures minimum ;
— acide acétylsalicylique, 2 à 4 g/24 h pendant 7 à 15 jours.
2.3/ En cas de douleurs articulaires ou en l'absence d'amélioration sous antalgiques :
Le médecin prescrit alors des anti-inflammatoires non stéroidiens pendant 10j:
— indométacine (Indocid®, 50 à 150 mg/24 h en doses fractionnées) ;
— naproxène (Naprosyne®, 250 mg deux fois par jour lors des repas).
2.4/ Autres traitements
L’iodure de potassium, à la posologie de 300 mg/j pendant 7 à 15 jours, est un traitement efficace et rapide mais qui est de moins en moins utilisé. L’utilisation prolongée expose à une hyperthyroidie.
La corticothérapie par voie orale n’est justifiée que dans les formes sévères après avoir éliminé une infection évolutive ou un cancer