La migraine, ce mal de tête…
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La migraine, ce mal de tête…

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 6 ans   | 588

Il arrive à tout le monde d'éprouver un mal de tête de temps à autre. Cependant, saviez-vous que la migraine touche jusqu'à 15 à 18 % des femmes et 6 % des hommes ? De plus, elle serait plus fréquente chez les adolescents et les jeunes adultes. Ce problème de santé mérite donc qu'on s'y attarde quelques
instants afin notamment de bien faire la distinction entre un mal de tête banal et la migraine.

Migraine ou céphalée ?

En premier lieu, bien que les notions de mal de tête et de migraine semblent de prime abord se ressembler, il est important de bien les différencier. La migraine fait partie de la grande famille des maux de tête (céphalées). Cependant, ce ne sont pas tous les maux de tête qui répondent aux critères de la
migraine.

La migraine fait partie des céphalées vasculaires

On retrouve également la catégorie des céphalées par contraction musculaire dont l'origine peut être
posturale ou bien post-traumatique. Par la suite, on retrouve les céphalées de tension. Ces maux de tête, très fréquents, peuvent être liés au stress, à la fatigue, à l'angoisse ou à la dépression. Ils débutent généralement avant l'âge de 40 ans et touchent davantage les femmes que les hommes. Un fait intéressant à noter, c'est qu'on retrouve des antécédents familiaux chez environ 40 % des personnes atteintes de ces céphalées.
Enfin, la dernière catégorie est celle des céphalées par inflammation. Il est aussi possible de retrouver des maux de tête chroniques qui sont par définition présents plus de quinze jours par mois pendant au
moins trois mois. Ces céphalées peuvent inclure des maux de tête de toutes les catégories
énoncées précédemment.

De plus, on peut parfois observer des maux de tête de surconsommation médicamenteuse. Ils peuvent être causés par la surconsommation de dérivés de l'ergot, de triptans, d'analgésiques, d'opiacés ainsi que de combinaisons. Il se développe alors une tolérance menant à l'inefficacité du traitement. Habituellement, les maux de tête diminuent ou disparaissent lors de l'arrêt du médicament en cause.
Par définition, la migraine est caractérisée par des crises de maux de tête à répétition pouvant s'accompagner ou non de troubles visuels, digestifs ou neurologiques. Il existe plusieurs sous-catégories de migraines. Néanmoins, les deux plus importantessont la migraine classique (ou ophtalmique) et la migraine simple qui est la plus fréquente.

La principale caractéristique de la migraine est une douleur pulsatile touchant un seul côté de la tête. Cette douleur est habituellement d'intensité modérée à sévère et est aggravée par les activités physiques. Elle est parfois accompagnée de nausées et de
vomissements, de sensibilité à la lumière, aux odeurs et aux bruits. 30 % des migraines sont précédées de symptômes annonciateurs qu'on appelle aura. Ces symptômes se manifestent habituellement de dix à soixante minutes avant le mal de tête. L'aura est caractérisée par des troubles visuels réversibles se manifestant par une zone floue ou une tache noire
dans le champ visuel, des éclairs lumineux uniformes ou une perte de vision. Il peut également y avoir des
engourdissements et des picotements. On s'explique encore mal la cause de la migraine.
Parmi celles soulevées, on note les facteurs environnementaux et génétiques. On retrouve en effet des antécédents familiaux chez environ 60 % des migraineux. Ces facteurs causeraient des changements au niveau des neurotransmetteurs dans le cerveau, dont la sérotonine, amenant une altération de la circulation cérébrale. L'hypothèse en vogue actuellement concerne une dilatation des vaisseaux sanguins crâniens, causant par le fait même la douleur via une hypersensibilité des nerfs.

Dans le même ordre d'idée, plusieurs facteurs déclenchants ont été identifiés dont le stress, la fatigue, la lumière éblouissante, l'hypoglycémie, les changements de température, la détente, les menstruations, l'ovulation, les contraceptifs oraux, les odeurs, l'alcool et certains aliments (fromage, chocolat, boissons contenant de la caféine, charcuteries, aliments contenant du glutamate monosodique ou de l'aspartame). Afin d'expliquer le fait que trois fois plus de femmes que d'hommes souffrent de migraine, l'hypothèse des niveaux d'oestrogènes a été énoncée. En effet, il est possible d'observer des migraines menstruelles qui semblent reliées à la baisse des niveaux d'oestrogènes juste avant le déclenchement des menstruations. Toutefois, les oestrogènes semblent avoir des effets variables sur la fréquence et la sévérité des migraines. L'avenir nous dira donc si l'identification de ces facteurs de risque est liée ou non au mécanisme causal des migraines.
Il est enfin important de noter que la sensibilité du cerveau envers ces facteurs déclencheurs est susceptible de varier d'un jour à l'autre. Chez la majorité des gens, il est possible de bien contrôler les maux de tête et les migraines avec différents agents ainsi que des thérapies complémentaires. La première étape consiste à appliquer des mesures toutes simples efficaces non seulement pour prévenir les maux de tête et les migraines, mais aussi pour les traiter. Ainsi, la pierre angulaire du traitement réside dans l'amélioration des habitudes de vie. La pratique d'exercice physique régulier, la relaxation, la gestion du stress, l'application de glace, le fait d'éviter les aliments déclencheurs ainsi que la physiothérapie peuvent être d'un grand secours.  

La tenue d'un journal des maux de tête peut être d'une grande utilité afin de définir le type de mal de tête dont on est atteint afin de le traiter adéquatement.

Du côté des traitements pharmacologiques, il est possible de distinguer deux grands types de traitement : le traitement symptomatique qui vise à mettre fin au mal de tête lorsqu'il se présente et le traitement préventif.
En premier lieu, le traitement symptomatique est surtout efficace chez les personnes présentant des migraines non fréquentes de moins de douze heures. Ce type de traitement semble plus efficace lorsqu'il est utilisé dès les premiers symptômes d'une migraine, lors de l'aura par exemple. Dans ces catégories de traitement, nous retrouvons plusieurs agents : les analgésiques légers (ibuprofène, acétaminophène), la classe des triptans et les dérivés de l'ergot. Notons d'abord, que les analgésiques légers sont surtout  utiles en présence de crises de migraine légères à modérées. Ces agents sont généralement bien tolérés mis à part l'irritation gastro-intestinale concernant l'ibuprofène.  Par la suite, nous retrouvons la classe des triptans. Cette classe regroupe six médicaments disponibles seulement sous prescription : le sumatriptan (Imitrex MD), le rizatriptan (MaxaltMD), le zomitriptan (ZomigMD), le naratriptan (Amerge MD), l'almotriptan (Axert MD) et l'élétriptan (Relpax MD). Contrairement aux analgésiques légers, ces agents peuvent être utilisés lors de crises modérées à sévères.
Une autre classe de médicaments disponibles sous prescription, celle des dérivés de l'ergot, peut être utilisée dans le créneau des crises sévères à très sévères et regroupe la dihydroergotamine (Migranal spray MD) et les combinaisons d'ergotamine (CafergotMD, GravergolMD). L'agent le plus souvent utilisé, la dihydroergotamine, est un agent efficace disponible en vaporisateur nasal ainsi que sous d'autres formes. Les dérivés de l'ergot, tout comme les triptans, agissent au niveau de la sérotonine, un neurotransmetteur pointé du doigt dans la migraine. De plus, il est possible d'utiliser un agent antinauséeux afin de soulager les nausées et les vomissements pouvant être associés à la migraine.


Enfin, l'aromathérapie, particulièrement la menthe poivrée, semble apporter un soulagement efficace. Chez les personnes présentant de fréquentes attaques de migraine ou chez qui le traitement est inefficace, il est possible d'instaurer un traitement préventif. De nombreux médicaments utilisés à cette fin n'étaient pas au départ destinés à cet usage.
Pensons notamment aux antihypertenseurs comme le propanolol (InderalMD) et le verapamil (Isoptin MD). Les anticonvulsivants comme le divalproex (EpivalMD) et les antidépresseurs tricycliques comme l'amitriptyline (ElavilMD) en sont également de bons exemples et sont couramment utilisés en première ligne. Dans les cas réfractaires, la pizotyline (Sandomigran MD) et le methysergide (Sansert MD) méritent d'être essayés, bien que leur utilisation doive se faire avec précaution étant donné les nombreuses contre-indications et les nombreux effets secondaires y étant liés.  
Quant aux approches alternatives, la matricaire (ou grande camomille) a démontré son efficacité dans la prévention de la migraine. L'efficacité proviendrait des feuilles et plus particulièrement du parthénolide, une substance qui en est extraite. Il est possible de se procurer un extrait standardisé en parnétholide appelé Tanacet. Il est cependant recommandé de consulter son pharmacien avant de consommer ce produit si on prend déjà des médicaments, car ce produit présente plusieurs interactions, notamment avec les anticoagulants comme la warfarine (CoumadinMD). Ce produit est contre-indiqué lors de la grossesse en raison de ses propriétés stimulantes pour l'utérus. De plus, les individus allergiques à l'herbe à poux, aux chrysanthèmes et aux marguerites peuvent réagir à la matricaire. Un autre produit soupçonné d'avoir une certaine efficacité pour prévenir la migraine est la coenzyme Q10, un puissant antioxydant. Cependant, il y a pour l'instant trop peu de documentation pour que l'utilisation de ce produit soit recommandée pour prévenir la migraine. De plus, la présence de nombreuses interactions médicamenteuses vient compliquer la prise de ce produit. Le magnésium est aussi un produit souvent utilisé pour prévenir les migraines. Son utilisation repose sur l'hypothèse énonçant que jusqu'à 50 % des migraineux souffriraient d'une carence en magnésium. Cependant, la véracité de cette hypothèse reste à être prouvée.  


Tout bien pesé, il est important de ne pas minimiser l'importance des migraines et autres maux de tête pour les gens qui en souffrent. En effet, ces maux de tête qui incommodent une bonne partie de la population portent atteinte de façon importante à la qualité de vie, en plus de causer une importante consommation de médicaments pouvant parfois mener à des maux de tête rebonds. Cependant, il existe de nombreux traitements disponibles afin de pallier ces maux, qu'ils soient légers ou même très sévères, tout cela en gardant en tête qu'il faut d'abord changer ses habitudes de vie. Heureusement, les traitements sont généralement efficaces et apportent un bon soulagement, tout comme les médicaments utilisés en prévention. De plus, fait encourageant, la fréquence des migraines semble diminuer en vieillissant. Nous pourrons donc, dans un avenir que nous espérons rapprocher, élucider davantage les mécanismes en cause dans la migraine et les autres maux de tête et qui sait, découvrir de nouvelles pistes de traitement.