L’hypokaliémie est une baisse de la concentration de potassium dans le sang. Elle peut avoir des conséquences graves sur le fonctionnement cardiaque. Cette perte de potassium est traitée avec un apport en potassium par voie orale ou intraveineuse.
Hypokaliémie, qu’est-ce que c’est ?
Définition
L’hypokaliémie est définie par une concentration plasmatique de potassium (ion) inférieure à 3,5 mmol. La kaliémie, concentration plasmatique de potassium, est normalement aux alentours de 4 mmol/L. Elle dépend des balances externe (ingestion de potassium, fourni en particulier par les fruits et légumes) et interne (élimination principalement rénale) de potassium. L’hypokaliémie discrète ou modérée (3,0-3,5 mmol/L) est généralement bien supportée par des personnes en bonne santé mais elle peut avoir des conséquences graves lorsqu’elle est sévère (inférieure à 2,5mol/L), d'installation rapide et qu’elle survient chez une personne âgée avec un terrain fragile
Causes
Trois mécanismes sont à l’origine d’une hypokaliémie :
- Une diminution des apports en potassium (en cas d’anorexie ou d’alimentation riche en hydrates de carbone associée à une consommation chronique d’alcool par exemple)
- Une augmentation de l’excrétion gastro-intestinale ou urinaire (diarrhée, vomissements, abus de laxatifs, emploi ou abus de diurétiques...). Les diurétiques sont la cause la plus fréquente d’hypokaliémie.
- Le transfert du potassium dans la cellule (situations de stress, prise d’insuline, alcalose métabolique, certains médicaments comme les b2 mimétiques, la théophylline, la caféine).
Diagnostic
Le diagnostic d’une hypokaliémie se fait avec un interrogatoire (prise de diurétiques ou de laxatifs ? Nausées ou vomissements ? Antécédents familiaux ?), un examen clinique, le dosage de la kaliémie (concentration plasmatique de potassium). D’autres examens biologiques peuvent être effectués : bicarbonates plasmatique et urinaire, magnésémie, Ph, chlore et sodiums urinaires.
Un électro-cardiogramme est effectué, pour évaluer la sévérité de l’hypokaliémie et voir ses effets cardiaques.
Les personnes concernées
L’hypokaliémie est un trouble hydroélectrique extrêmement fréquent. Il est présent chez 20% des patients hospitalisés et chez 10-40% des patients sous traitement de diurétiques thiazidiques.
Les facteurs de risque
La prise de diurétiques à long terme est un facteur de risque d’hypokaliémie -Ils sont la cause la plus fréquente d’hypokaliémie-, tout comme la prise excessive de laxatifs et certains médicaments : B2-mimétiques, insuline, glucocorticoïdes...La prise de certaines plantes (réglisse, séné, bourdaine, boldo...) est aussi un facteur de risque d’hypokaliémie.
Les symptômes de l’hypokaliémie
L’hypokaliémie est souvent asymptotique
L’hypokaliémie est souvent découverte de manière fortuite au cours d’un bilan biologique. Elle est bien supportée en général chez les personnes en bonne santé.
Les signes de l’hypokaliémie modérée à sévère
Lorsque l’hypokaliémie est modérée à sévère, elle peut entraîner des signes non spécifiques : faiblesse musculaire, douleurs musculaires, fatigue. Chez les personnes ayant une pathologie cardiaque sous-jacente, une hypokaliémie discrète à modérée peut entraîner des arythmies cardiaques.
Les symptômes de l’hypokaliémie très sévère
Lorsque l’hypokaliémie est très sévère (inférieure à 2,0 mmol/L), il peut y avoir une atteinte musculaire avec rhabdomyolise (destruction massive et aiguë du tissu musculaire), tétraparésie (paralysie légere des 4 membres), atteinte des fibres musculaires lisses avec iléus paralytique (occlusion intestinale due à une paralysie de l' intestin grêle), rétention urinaire et finalement arrêt respiratoire.
Traitements de l’hypokaliémie
Le traitement de l'hypokaliémie consiste en la prise en charge de la cause de l’hypokaliémie et en une supplémentation en chlorure de potassium par voie orale en cas d’hypokaliémie modérée ou par voie intraveineuse dans les cas d’hypokaliémie sévère.
Lorsque l’hypokaliémie est modérée et ne donne pas de symptôme, chez des personnes n’ayant pas d’antécédent cardiaque, une alimentation riche en potassium suffit en général (fruits secs, banane, cacao, viandes et poissons, pamplemousse...). Si l’hypokaliémie persiste, une supplémentation médicamenteuse est alors nécessaire.
Prévenir l’hypokaliémie
En prévention de l’hypokaliémie, le taux de potassium peut être surveillé chez les personnes à risque prenant des diurétiques : ce sont celles qui ont une pathologie cardiaque, les asthmatiques sous B2-agonistes, celles prenant de la Digoxine, un médicament pour le cœur.
Rédaction : Anne-Sophie Glover-Bondeau, journaliste santé
Décembre 2018
Références
- I. Katerinis Z. Fumeaux, Hypokaliémie : diagnostic et prise en charge, Rev Med Suisse 2007; volume 3. 32113
- Dr André Gougoux, L’hypokaliémie et l’hyperkaliémie, Pour y voir clair, Le clinicien, septembre 2002
- Gennari FJ. Hypokalemia. N Engl J Med 1998;339: 451-8.
- Gennari FJ. Disorders of potassium homeostasis : Hypokalemia and hyperkalemia. Crit Care Clin 2002; 18:273-88.