Face à l’épidémie actuelle de coronavirus qui a touché à la fin janvier plus de 15 000 personnes et est responsable de plus de 360 décès, l’Organisation Mondiale de la Santé a décrété "l’urgence de santé publique de portée internationale". En quoi consiste cette mesure ? Explications.
Jeudi 30 janvier 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a déclaré que l’épidémie de corovinarus, apparue dans la ville de Wuhan en Chine, constitue une urgence sanitaire mondiale.
"2019-nCOV", un virus qui ne cesse de se propager
Depuis le début de l’épidémie en décembre 2019, le virus ne cesse de se propager. Issu de la famille des coronavirus, ce nouveau virus identifié en Chine a été nommé "2019-nCOV". Au 31 janvier 2020, les bilans officiels font état de plus de 17 000 contaminations, et 360 décès.
Si la plupart des cas sont recensés en Chine, de nombreux pays sont désormais touchés : en Thaïlande, au Japon, à Hong Kong et Singapour, à Taïwan, à Macao, en Australie ou encore en Malaisie… Des premiers cas ont également été identifiés en Europe dont 6 en France et 5 en Allemagne.
En quoi consiste la mesure de l’OMS ?
"L’urgence de santé publique de portée internationale" est décrétée lorsque la situation est "grave, inhabituelle ou inattendue". Cela signifie que l’épidémie constitue un risque pour la santé publique dans plusieurs Etats en raison du risque de propagation. Une action internationale coordonnée peut alors devenir nécessaire.
Depuis 2007, le règlement Sanitaire International fournit un cadre pour cette mesure. Un comité d’urgence donne un avis au directeur de l’Organisation mondiale de la Santé afin de décréter ou non cette urgence de santé mondiale. Lorsqu’elle est déclarée, l’OMS peut mettre en place des actions afin de limiter la propagation de l’épidémie.
Le travail se fait en collaboration avec les pays touchés. Par exemple, "la Chine a rapidement identifié le virus et communiqué sa séquence, de sorte que d’autres pays puissent le diagnostiquer rapidement et se protéger, ce qui a permis de mettre rapidement au point des outils de diagnostic", a indiqué l’OMS .
"Notre préoccupation est que le virus arrive dans des pays avec des systèmes de santé fragiles, comme l'Inde, où un cas est détecté", précise Arnaud Fontanet, directeur du département de Santé globale à l'Institut Pasteur et responsable de l'unité d'épidémiologie des maladies émergentes.
Cependant, à l’heure actuelle, l’OMS n’impose pas "de limiter les déplacements et le commerce vers la Chine".
L’urgence sanitaire mondiale, une mesure rare
Cette mesure reste rare. Au total, elle a été décrétée 6 fois par l’Organisation Mondiale de la Santé :
- La première date de 2009 au moment de l’ épidémie de grippe H1N1 ;
- La deuxième remonte à l’année 2014 suite à la propagation de la poliomyélite dans plusieurs pays ;
- La troisième a également été décrétée en 2014, lors de l’épidémie d’Ebola ;
- La quatrième date de 2016 pour l’épidémie du virus Zika ;
- La cinquième, de juillet 2019, pour la fièvre Ebola ;
- La sixième a été décrété en 2020, pour le coronavirus chinois.
Sources :
- “Déclaration sur la deuxième réunion du Comité d’urgence du Règlement sanitaire international (2005) concernant la flambée de nouveau coronavirus 2019 (2019-nCoV) tenue le 30 janvier 2020”, Organisation Mondiale de la Santé (accessible en ligne).
- “Qu’est-ce que le règlement sanitaire international”, Organisation Mondiale de la Santé (accessible en ligne).
- “Mapping nCOV - 2019-nCOV Global Cases (by Johns Hopkins CSSE)” - (accessible en ligne)
- Conférence de presse - Institut Pasteur - 31 janvier 2020