Près de 6000 personnes touchées et plus de 130 décès à travers le monde : le nouveau coronavirus découvert en Chine en décembre dernier laisse craindre une épidémie d’ampleur mondiale. Il inquiète d’autant plus que l’on sait peu de choses à son sujet ; mais les autorités sanitaires sont tout de même en mesure de répondre à certaines interrogations. Tour d’horizon des questions les plus fréquemment posées.
Depuis la confirmation de quatre cas de coronavirus dans l’Hexagone, les inquiétudes et interrogations sont nombreuses. Mais doit-on vraiment céder à la panique ?
D’où vient le coronavirus ?
Baptisé 2019-nCoV, il a été découvert pour la première fois en Chine dans la ville de Wuhan, capitale de la province du Hubei. Les autorités chinoises ont identifié un point commun aux premières personnes infectées : toutes travaillaient ou avaient fréquemment visité le Huanan Seafood Market, un marché de poissons et de fruits de mer où étaient également vendus des animaux vivants. Selon Santé publique France, cela indiquerait que la source de contamination est d’origine animale.
Les autorités sanitaires chinoises travaillent activement à l’identification de l’animal responsable de la transmission à l’homme. En comparaison, on a trouvé que les autres types de coronavirus à l’origine des épidémies de syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) et de syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) en 2002-2003 et 2012 provenaient de la chauve-souris (animal réservoir), qui les avait elle-même transmis à la civette palmiste masquée (petit mammifère consommé en Chine) et au dromadaire (hôtes intermédiaires).
Comment se transmet-il ?
La transmission interhumaine a rapidement été confirmée, c’est-à-dire que le coronavirus est transmissible d’un homme à un autre. Il se transmet par les voies respiratoires, et notamment par les postillons (éternuements, toux), explique le ministère de la Santé. “On considère donc que des contacts étroits sont nécessaires pour transmettre la maladie. Il y a contact étroit pour une personne ayant partagé le même lieu de vie que la personne malade lorsque celle-ci présentait des symptômes (famille, même chambre d’hôpital ou d’internat) ou ayant eu un contact direct, en face à face, à moins de 1 mètre de la personne malade au moment d’une toux, d’un éternuement ou lors d’une discussion en l’absence de mesures de protection efficaces”, précise-t-il.
Quels sont les symptômes ?
L’infection à 2019-nCoV est d’autant plus inquiétante que ses symptômes ne sont pas très spécifiques et peuvent ainsi ressembler à ceux de la grippe. Le docteur Eric D’Ortenzio, médecin épidémiologiste et coordinateur scientifique à l’Inserm, expliquait néanmoins qu’il y avait des formes plus ou moins sévères : les formes les plus légères se traduisent par de la toux, de la fièvre et des difficultés respiratoires, tandis que les formes les plus graves sont caractérisées par une détresse respiratoire aiguë, une insuffisance rénale aiguë, voire une défaillance multi-viscérale potentiellement fatale. Le diagnostic repose sur un prélèvement sanguin.
Que faire en cas de suspicion d’infection ?
En cas de symptômes suspects, les autorités sanitaires recommandent aux personnes de contacter le Samu (15) et d’éviter “de se rendre directement chez un médecin ou dans un service d’accueil des urgences”, afin “d’éviter toute potentielle contamination”. “Les patients potentiellement infectés par le 2019-nCoV doivent être pris en charge dans l’un des 36 établissements identifiés sur le territoire français pour la prise en charge des cas possibles et confirmés d’infections à MERS-CoV”, précise le ministère de la Santé. Il convient de préciser que ces recommandations concernent en premier lieu les personnes ayant séjourné en Chine récemment.
Comment s’en protéger ?
Pour les personnes voyageant dans les zones touchées par le virus (en particulier les pays asiatiques tels que la Chine, Hong Kong, la Thaïlande ou encore Taïwan), le ministère de la Santé recommande :
- “d’éviter tout contact avec des animaux, vivants ou morts ;
- d’éviter de se rendre sur les marchés où sont vendus des animaux vivants ou morts ;
- d’éviter tout contact rapproché avec des personnes souffrant d’infection respiratoire aiguë ;
- de ne pas manger de viande non ou peu cuite ;
- de se laver régulièrement les mains avec de l’eau savonneuse ou avec des solutions hydro-alcooliques”.
En France, aucune mesure préventive au niveau individuel n’a été préconisée. Dans les pharmacies, les masques de protection ont été pris d’assaut, si bien qu’ils sont en rupture de stock. Mais si le port du masque chirurgical “est recommandé pour les personnes malades symptomatiques pour éviter de diffuser la maladie par voie aérienne”, il ne l’est pas pour la population non malade, son efficacité n’ayant pas été démontrée.
Les personnes ayant été en contact avec des cas avérés sont identifiées et suivies par les autorités sanitaires.
Y a-t-il un risque de transmission avec les colis provenant de Chine ?
L’idée d’une possible contamination via des colis ou produits provenant de Chine a fait son chemin sur les réseaux sociaux. Néanmoins, selon les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), “il n’y a actuellement aucune preuve permettant de soutenir l’idée d’une transmission du 2019-nCoV via des produits importés et aucun cas d’infection associé à des produits importés n’a été rapporté”. Ils précisent que parce qu’en général les coronavirus ne survivent pas sur les surfaces non-vivantes, les risques de contamination via des produits ou des colis sont “très faibles”.
Quels sont les traitements ?
A ce jour, il n’existe aucun traitement spécifique de l’infection à ce nouveau coronavirus ; les malades bénéficient donc d’un simple traitement symptomatique. Le ministère de la Santé précise en revanche que “plusieurs traitements, actuellement utilisés dans d’autres pathologies virales, sont en cours d’évaluation, en France et en lien avec l’OMS [Organisation mondiale de la santé, NDLR], pour être utilisés contre le 2019-nCoV”.
Peut-on en mourir ?
Sur les 5974 cas confirmés à travers le monde, 132 décès ont été enregistrés. Le virus peut donc être mortel, mais ce risque semble surtout concerner les populations fragiles, comme les personnes âgées ou les individus présentant des comorbidités. “On a très peu d’informations, mais les victimes avaient sûrement des antécédents médicaux, comme un diabète ou autres, nous a expliqué le Dr D’Ortenzio. La symptomatologie des coronavirus est souvent bénigne, mais chez les personnes à risque, elle peut engager le pronostic vital.”
Quelles mesures ont été prises au niveau national ?
L’état d’urgence de santé publique de portée internationale n’a pas été déclaré par l’OMS. C’est pourquoi dans l’Hexagone, où le nombre de cas recensé reste faible, aucune mesure de restriction de voyage n’a été instauré. Dans les aéroports de Paris-Charles de Gaulle et Saint-Denis de La Réunion, un “accueil spécifique” a été mis en place pour les voyageurs en provenance de Chine, Hong Kong et Macao. Des flyers sont également remis “à tous les passagers pour leur indiquer la conduite à tenir en cas d’apparition de symptômes, de façon à assurer une détection rapide d’éventuels nouveaux cas de coronavirus sur le territoire”.
Les voyageurs présentant des symptômes sont “pris en charge par le service médical d’urgence de l’aéroport” puis “isolés et pris en charge, comme tout cas possible, par le SAMU Centre 15, conformément aux procédures en vigueur”, précise le ministère de la Santé.
De son côté, Santé publique France a élaboré “un dispositif de surveillance renforcée destiné à détecter d’éventuels cas importés”. Les professionnels de santé ont été informés de la conduite à tenir en cas de suspicion d’infection.
Y a-t-il un risque d’épidémie en France ?
La ministre de la Santé Agnès Buzyn se veut rassurante à ce sujet : “Notre système de santé est bien préparé”, a-t-elle expliqué lors d’un point presse donné le 21 janvier. De son côté, le Dr D’Ortenzio a estimé “peu probable” le risque qu’il y ait une épidémie de grande ampleur dans l’Hexagone. Si la vigilance reste de mise, “on est aussi mieux préparé que pour l’épidémie de SRAS en 2003 en terme de réponse, de mesures préventives mais également de recherches à mettre en place, ce qui va nous permettre d’avoir des nouvelles données voire des traitements”. Pour les plus inquiets, des chercheurs d’une université américaine ont mis au point une carte interactive permettant de suivre la propagation du virus dans le monde en temps réel.
N’est-il pas risqué de rapatrier les Français de Wuhan ?
Le rapatriement de 250 Français se trouvant à Wuhan a été annoncé et doit avoir lieu en fin de semaine. La Commission européenne a précisé que “seuls des citoyens sains ou asymptomatiques seront autorisés à voyager”. Les personnes rapatriées seront accompagnées “d’une équipe médicale” et “confinées dans un lieu d’accueil pendant 14 jours, période maximum d’incubation du virus”, à leur arrivée. “L’équipe médicale dédiée surveillera l’apparition d’éventuels symptômes (fièvre, toux, difficultés respiratoires), par notamment la prise de température 2 fois/jour pour chaque personne isolée”, explique le ministère de la Santé.
Sources :
"2019 Novel Coronavirus, Wuhan, China". CDC. ( accessible en ligne)
"Coronavirus : questions-réponses". Ministère de la Santé. ( accessible en ligne)
"Cas de pneumonies associées à un nouveau coronavirus (2019-nCov) à Wuhan, en Chine". Santé publique France. ( accessible en ligne)
"Coronavirus 2019-nCoV : le point sur la situation". Site du gouvernement. ( accessible en ligne)