Les autorités sanitaires britanniques tentent de savoir s'il existe un lien entre la pandémie de coronavirus et une maladie grave touchant depuis peu un petit nombre d'enfants, a indiqué mardi le ministre de la Santé Matt Hancock.
Cette maladie apparue récemment ressemble à la maladie de Kawasaki, un syndrome vasculaire affectant les jeunes enfants et dont la cause reste indéterminée.
"Un nombre croissant d'enfants de tous âges" hospitalisés
"C'est une nouvelle maladie qui, selon nous, peut être causée par le coronavirus", a déclaré mardi le ministre de la Santé Matt Hancock à la radio LBC. "Nous ne sommes pas sûrs à 100% parce que certaines des personnes qui l'ont contractée n'ont pas été testées positives (au coronavirus). Nous faisons donc actuellement beaucoup de recherche. Mais c'est quelque chose qui nous préoccupe", a-t-il ajouté.
Le ministre a indiqué qu'il y avait "un petit nombre de cas". "Il s'agit d'une maladie très rare, mais je pense qu'il est tout à fait plausible que cela soit dû à ce virus, du moins dans certains cas", avait déclaré lundi le chef des services sanitaires, Chris Whitty, lors de la conférence de presse quotidienne du gouvernement sur le coronavirus.
La société britannique de soins intensifs pédiatriques (PICS) avait relayé lundi une alerte du service public de santé anglais, NHS England, concernant une petite augmentation du nombre de cas d'enfants gravement malades, certains atteints du Covid-19, d'autres non.
En France aussi, ce phénomène est observé. Dans une lettre adressée à ses collègues, le docteur Damien Bonnet, chef de service Cardiologie Congénitale et Pédiatrique au Centre de référence malformations cardiaques congénitales complexes Necker à Paris (M3C-Necker), explique qu' "un nombre croissant d’enfants de tous âges a été hospitalisé dans un contexte d’inflammation multi-systémique associant fréquemment une défaillance circulatoire avec des éléments en faveur d’une myocardite". Ces trois dernières semaines, une dizaine d'enfants auraient été hospitalisés au M3C-Necker et 25 seraient en réanimation en région parisienne.
Appel à la vigilance face aux symptômes
Leurs syndromes se rapprochaient de ceux de la maladie de Kawasaki et du syndrome du choc toxique. Parmi les symptômes des jeunes patients figurent une forte fièvre, des douleurs abdominales, des troubles gastro-intestinaux et une inflammation cardiaque. Selon les médecins, la plupart des enfants touchés n'ont pas d'antécédents médicaux. Interviewée par La Dépêche, la professeure de rhumatologie pédiatrique à l'hôpital Kremlin-Bicêtre Isabelle Kone Paut explique : "On sait d'après des études virologiques que la maladie de Kawasaki peut correspondre à une infection inflammatoire du corps à cause d'un virus".
L'équipe du M3C-Necker appelle à la surveillance de ces cas et à la vigilance : "Il nous paraît d’une importance sanitaire majeure que tous les cas soient recensés même s’ils sont douteux puisque le cadre nosologique est imprécis. Les sociétés savantes de pédiatrie et de réanimation ont été informées. Ces enfants doivent nécessairement voir un cardiologue."
Dans un communiqué paru le 30 avril, l'Association nationale de puéricultrices(teurs) diplômé(e)s et des étudiants (ANPDE) appelle également à la prudence, même si "le lien avec le COVID-19 n'est pas établi". "Dans le cadre des annonces du 1er Ministre, le 28 avril 2020, s'agissant du probable déconfinement à partir du 11 mai, la réouverture progressive des écoles et crèches pourraient être un vecteur d'accentuation de nouveaux cas. Aussi, l'ANPDE appelle les professionnels ainsi que les parents à redoubler de vigilance face aux symptômes des enfants et à consulter rapidement un médecin le cas échéant". "La fièvre étant un signe clinique systématiquement présent dans ce syndrome, la surveillance de la température des enfants et la consultation d'un médecin le cas échéant est à conseiller pour tout parent ou professionnel exerçant dans le domaine de l'enfance et la petite enfance", ajoute Nadia Boutih, coordinatrice du Conseil Scientifique de l'ANPDE.
Une maladie pas nécessairement grave
Pour autant, cette maladie n'est pas nécessairement grave. Si le Dr Bonnet, interrogé par Midi Libre, explique que "c'est un phénomène qui nous ennuie", il affirme que "la bonne nouvelle, c'est que [les enfants] s'améliorent très vite. Ils sont en péril quelques heures."
De son côté, le professeur Russell Viner, président du Royal College of Paediatrics and Child Health (RCPCH), a rappelé qu'il y avait une faible probabilité pour que des enfants atteints du coronavirus deviennent gravement malades. "Nous savons qu'un très petit nombre d'enfants peut devenir gravement malade du Covid-19, mais c'est très rare", a-t-il déclaré dans un communiqué, soulignant que "les enfants semblent faire partie de la population la moins touchée par cette infection".
Sources :
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"L'Angleterre, l'Espagne et maintenant la France... Des enfants en réanimation pour dysfonctions cardiaques". Communiqué de l'ANPDE. 30 avril 2020.