Une étude menée à l’occasion d’un congrès américain sur le cancer révèle que l’arrêt du tabac à n’importe quel moment a des conséquences bénéfiques sur la durée de vie. Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont analysé les données de plus de 35 000 personnes qui ont développé un cancer du poumon.
À n’importe quel âge, à n’importe quel moment de la vie, arrêter définitivement la consommation de tabac a des effets bénéfiques pour la santé. D’après une étude internationale1 qui sera présentée lors d’un congrès américain consacré au cancer, l’Americain Society of Cancer Oncology (ASCO), et à l’approche de la journée mondiale sans tabac le 31 mai, il n’est jamais trop tard pour écraser sa dernière cigarette.
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs ont croisé les données de 17 études différentes menées par l’International Lung Cancer Consortium, groupe international de chercheurs sur le cancer du poumon, et ont analysé les données de 35 425 personnes qui ont toutes développé un cancer du poumon. Parmi ces patients, 47,5% fumaient au moment du diagnostic, 30% avaient arrêté et 22,5 % n’avaient jamais fumé.
Il en résulte que les personnes ayant arrêté moins de 2 ans avant l’annonce du diagnostic avaient plus de chances de vivre plus longtemps : le risque de décès de toutes causes était réduit de 12% par rapport aux individus qui continuaient de fumer. Autre constat : lorsque l’arrêt était encore plus ancien, entre 2 et 5 ans avant le diagnostic, le risque de décès était réduit de 12 à 16%. Si les fumeurs avaient arrêté la cigarette plus de 5 ans avant, la réduction de risque de décès était de 20%.
À noter que les bénéfices de l’arrêt du tabac étaient légèrement plus marqués chez ceux qui avaient fumé au moins 20 cigarettes par jour pendant plus de 30 ans.
"Arrêtez de fumer maintenant"
L’étude rappelle que le cancer du poumon est la principale cause de mortalité par cancer et représente près d’un quart de tous les décès par cancer. On estime également que la consommation de tabac cause 8 décès sur 10 par cancer du poumon.
“Cette recherche montre que si vous fumez et que vous arrêtez, peu importe le moment, vous aurez plus de chances de survivre que quelqu'un qui continue de fumer. Le message de l'étude est donc simple : arrêtez de fumer maintenant” s’est exprimée Dr. Aline Fusco Fares, principale auteure de ces recherches et chercheuse au Princess Margaret Cancer Center de Toronto. “Les améliorations de la survie constatées même en arrêtant peu de temps avant le diagnostic de cancer du poumon montrent qu'il n'est jamais trop tard pour arrêter de fumer”, a déclaré le président de l’ASCO, Howard A. Burris. Le congrès se déroulera virtuellement du 29 au 31 mai.
Avec le confinement, le tabagisme repart à la hausse
Avec la pandémie de Covid-19 qui sévit dans le monde entier et les mesures de confinement entreprises par le gouvernement jusqu'au 11 mai, les Français ont vu leur quotidien perturbé. Si depuis 5 ans, la consommation de tabac dans l'Hexagone était à la baisse, celle-ci repart à la hausse. À l'occasion de la journée mondiale sans tabac le 31 mai, la Ligue contre le cancer2 alerte sur "les conséquences dramatiques de la crise sanitaire".
"Alors que la lutte menée par la Ligue commençait à porter ses fruits avec une diminution notable de la consommation depuis 4 ans et plus particulièrement chez les femmes en 2018 et 2019, nous savons désormais que plus d'un quart des fumeurs ont augmenté leur consommation avec le confinement. Cette tendance concerne même 41% des jeunes fumeurs ! C'est un constat terrible", déplore Axel Kahn, Président de la Ligue contre le cancer. "Cette hausse, corrélée à des états d'anxiété et de dépression accrus, est une nouvelle conséquence de la pandémie contre laquelle la Ligue contre le cancer s'est mobilisée" peut-on lire dans le communiqué, qui pointe du doigt l'industrie et les lobbys du tabac "omniprésents dans notre société".
La Ligue mentionne les chiffres de Santé Publique France3 :
- Plus d'un quart des fumeurs (27%) ont augmenté leur consommation de tabac pendant le confinement ;
- Une hausse qui est corrélée au risque d'anxiété et de dépression. Elle est en moyenne de 5 cigarettes par jour, principalement auprès des 25-34 ans, travaillant à domicile (41%).
Elle rappelle que le tabagisme est la principale cause de cancer dans le monde, et souligne les chiffres "encourageants" en 2019 :
- "En 2019, 30,4% des Français âgés de 18 à 75 ans ont déclaré fumer, au moins occasionnellement, contre 34,3% cinq ans plus tôt ;
- Pour le tabagisme quotidien, le chiffre est passé à 24%, contre 28,5% en 2014 ;
- Chez les 78-85 ans, la prévalence du tabagisme est de 5,4% et de 4,8% pour le tabagisme quotidien ;
- Pour l'ensemble des Français, cela établit le pourcentage à 28,7% de fumeurs occasionnels, et 22,6% de fumeurs quotidiens ;
- Aujourd'hui en France, 20,7% des femmes fument tous les jours. Mais elles sont de plus en plus nombreuses à arrêter : durant la seule année 2018, le tabagisme féminin a diminué de 2%."
Pour une "génération sans tabac en 2030", l'association s'engage et plaide pour une harmonisation des prix du tabac au niveau européen, la préservation et la sanctuarisation des actions d'accompagnement à l'arrêt du tabac pour les fumeurs et des missions de prévention pour tous, ainsi que le renforcement du respect de l'interdiction de vente de tabac aux mineurs.
Elle recommande vivement les fumeurs à se faire aider par un médecin traitant ou un professionnel de santé, et de demander conseil à son pharmacien. Un suivi personnalisé et gratuit par un tabacologue est proposé par Tabac Info Service au 38 89 (du lundi au vendredi, de 10h à 18h).
Sources :
- 1 - Quitting Smoking at Any Point, Even Close to a Lung Cancer Diagnosis, Improves Chances of Survival, ASCO ( accessible en ligne)
- 2- Ligue contre le cancer ( accessible en ligne)
- 3- Tabac, Alcool : quel impact du confinement sur la consommation des Français ?, Santé Publique France ( accessible en ligne)