L’hyperlipidémie, c’est le fait d’avoir un taux élevé de lipides dans le sang, ce qui inclut le cholestérol et les triglycérides. Cet état physique n’entraîne pas de symptômes. Pour bien des gens, elle n’a pas de conséquence néfaste visible. Mais il s’agit de l’un des nombreux facteurs de risque qui, additionnés les uns aux autres, peuvent éventuellement mener à une pathologie cardiovasculaire, en particulier cardiaque ou cérébrale.
L’excès de lipides dans le sang contribue à durcir et à épaissir les artères notamment celles ducœur et du cerveau. Quand cela se produit, le coeur s’adapte de plus en plus difficilement à l’effort physique. L’hyperlipidémie contribue aussi à la formation de caillots de sang, qui peuvent boucher entièrement une artère et provoquer un infarctus (la crise cardiaque), ou un accident vasculaire cérébral.
Objectif : éviter ou retarder les troubles cardiaques
Les pathologies cardiaques représentent la première cause de mortalité sur la planète1. Au Canada par exemple, les troubles cardiaques sont passés au second rang des causes de mortalité (28 % des décès), tout juste après le cancer (29 % des décès)3.
Même si le tabagisme a diminué de moitié, l’augmentation du surpoids, de l’obésité et aussi du tour de taille abdominal (environ 5 cm à 6 cm de plus au cours des 20 dernières années50) laisse présager une fréquence accrue de problèmes cardiovasculaires pour les années à venir.
Néanmoins, il faut noter que les troubles cardiaques sont moins souvent fatals que jadis : le taux de mortalité a chuté d’environ 40 % au cours des dernières décennies. Pour les accidents vasculaires cérébraux, la prise en charge devient également de plus en plus efficace.
D’où vient l’excès de cholestérol et de triglycérides?
Le foie produit la grande majorité du cholestérol (4/5ième) utilisé par le corps dans diverses fonctions. Le reste provient de l’alimentation, particulièrement des aliments d’origine animale. Ce sont les aliments riches en graisses saturées (viandes grasses, beurre, produits laitiers gras) et en acides gras trans (margarines hydrogénées, shortening végétal, desserts, pâtisseries) qui font augmenter le taux de « mauvais » cholestérol, appelé LDL. Par contre, on sait maintenant que pour la majorité des gens, le cholestérol alimentaire à lui seul a peu d’effet sur les taux de cholestérol sanguin. Ainsi, les oeufs, les crevettes et les abats, par exemple, riches en cholestérol, ne doivent pas être bannis, car ils contiennent peu de graisses saturées.
Outre les aliments ingérés, le manque d'activité physique (sédentarité) et le tabagisme peuvent aussi élever le taux de cholestérol. De plus, les gènes ont leur influence en particulier dans les grandes hyperlipidémies familiales autosomiques dominantes.
Quant aux triglycérides, ils proviennent le plus souvent de l’alcool et des sucres ingérés de façon excessive (surtout les sucres d'absorption« rapide», comme les boissons sucrées y compris les jus de fruits et les sodas, les fruits en excès, les confiseries et les confitures du commerce), transformés en triglycérides par le foie. Ainsi, même si les triglycérides sont un type de lipide (donc de graisses) présentes dans le sang, leur présence en excès ne provient pas habituellement des graisses alimentaires, mais plutôt de l'excès de sucres assimilés rapidement, de l'alcool, du manque d'activité physique et de la prise de poids au niveau abdominal.
Le point de vue d’un expert
Dr Cocaul Arnaud nutritionniste
J'ai trop de cholestérol selon mon médecin, dois-je supprimer toutes les graisses?
Non, en aucun cas. Le cholestérol provenant de l'alimentation influence seulement un peu (on écrit bien un peu) votre taux de cholestérol sanguin et malgré des efforts alimentaires drastiques, vous n'arriverez pas forcémentà normaliser votre taux de cholestérol. Donc, il convient de ne pas tout supprimer, car ce qui compte, c'est d'adhérer au projet thérapeutique inscrit dans le temps et incluant quand même et heureusement le droit à de petits plaisirs alimentaires. L'apport calorique de lipides ne doit pas excéder 30 à 35 % des apports totaux quotidiens. Ce qu’il faut, c’est diminuer les graisses saturées provenant des graisses d'animaux comme la charcuterie, la viande rouge, les produits laitiers et ses dérivés. Et à côté, augmenter votre consommation de poissons, de végétaux ainsi que de fibres. On peut espérer baisser de 10% le taux de cholestérol sanguin avec un tel équilibre alimentaire.
On me dit que j'ai un taux de bon cholestérol trop faible et que j'ai un rôle à jouer pour le remonter!
Pour augmenter le taux de HDL-C (bon cholestérol) il faut avant tout baisser le taux de triglycérides (il existe une corrélation inverse entre les 2). Pour réduire les triglycérides il faut contrôler son poids, réduire l'absorption de sucres rapides comme les boissons sucrées dont les ventes explosent en France. Les fruits ont une connotation positive dans l'imaginaire collectif, mais leur abus peut être source également d'hypertriglycéridémie. L'activité physique fait partie intégrante du plan thérapeutique (activité physique veut dire bouger au moins 30 mn par jour de marche rapide). Ne jouez pas à la patate de canapé! Bouger entraîne un effet bénéfique sur les paramètres lipidiques
Et l'alcool ?
L'alcool augmente également les triglycérides. Soyez donc modéré !
La diététique exige 3 choses essentielles: le réalisme, la précision et la rigueur du ... prescripteur!Dr Martin Juneau, cardiologue
Directeur de la prévention à l'Institut de cardiologie de MontréalLes aliments sucrés ont-ils un impact aussi important que les gras sur les lipides sanguins?
Les aliments gras sont ceux qui ont le plus d'effet négatif sur les lipides sanguins mais les aliments sucrés les influencent aussi et jouent un rôle tout aussi important que les gras sur la santé en général. Au cours des 25 dernières années, on a beaucoup accusé les gras d'être nocifs pour le coeur mais depuis environ 4 ou 5 ans, de très bonnes équipes de recherche se rendent compte qu’on a probablement trop mis l’accent sur les gras et pas suffisamment sur les sucres. On a énormément parlé de cholestérol, de gras saturés, de gras trans. Le réflexe de l’industrie a été d’enlever les gras partout : yogourts sans gras, produits sans cholestérol, etc. Mais pour améliorer le goût, on a ajouté du sucre. Aujourd’hui, plusieurs experts pensent que l’épidémie d’obésité est attribuable à cette réaction de l’industrie. De nos jours, on mange plus mais on mange surtout plus de sucre. On a certainement négligé les conséquences de ce surplus de sucre.
Le sucre influence les lipides sanguins, notamment par le métabolisme de l’insuline. Quand vous ingérez un dessert sucré, disons un morceau de gâteau ou un yogourt sucré, votre insuline monte pour abaisser la glycémie. Lorsque l’insuline est élevée dans le sang, elle provoque une multitude de réactions. Par exemple, quelques heures après avoir mangé ce dessert, votre foie se met à produire davantage de triglycérides. Il produit aussi un peu plus de cholestérol LDL mais l'effet du sucre sur ce type de lipide sanguin est plus léger. Et plus globalement, en élevant le taux d'insuline, le sucre engendre le stockage des graisses. Les graisses qui se logent dans les viscères augmentent le tour de taille et sécrètent une foule de substances pro-inflammatoires et oxydatives. L'inflammation est certainement reliée aux maladies cardiovasculaires et probablement au cancer aussi.
Comment détecter l’hyperlipidémie?
Par un bilan lipidique fait à partir de prises de sang (le médecin écrit sur l'ordonnance : explication anomalie lipidique), on mesure :
- la quantité de cholestérol LDL, ou « mauvais cholestérol »;
- la quantité de triglycérides;
- la quantité de cholestérol HDL, ou « bon » cholestérol;
- la quantité totale de cholestérol (CT).
Selon le cas, d’autres tests sanguins peuvent être proposés par le médecin. Par exemple, la mesure du taux de Lp(a) (lipoprotéine a significativement élevée chez les personnes ayant simultanément un taux de LDL-C élevé) et la mesure de la protéine C-réactive, un marqueur d’inflammation.
« Bon » cholestérol, « mauvais » cholestérol, triglycérides!
Tout comme les autres lipides sanguins, le cholestérol n’est pas soluble dans le sang. Pour y circuler et être acheminé aux cellules, il a besoin d’être transporté par des substances appelées lipoprotéines.
Voici les 2 principaux types de lipoprotéines :
- Les HDL (lipoprotéines de haute densité - High Density Lipoproteins). On les associe au « bon cholestérol ». Elles entraînent le cholestérol vers le foie et ont un effet « nettoyant » dans les vaisseaux sanguins;
- Les LDL (lipoprotéines de faible densité — Low Density Lipoproteins). On les associe au « mauvais cholestérol ». Si elles sont trop abondantes dans le sang, elles peuvent se déposer sur les parois des artères et y pénétrer. Cela peut amorcer un processus d’inflammation et entraîner l’accumulation de différentes substances qui, à la longue, finiront par former une plaque qui rétrécira de plus en plus le diamètre des artères. C’est ce qu’on nomme l’athérosclérose (voir l’illustration en haut de la page). En plus de nuire au passage du sang, cette plaque peut ensuite, en se fissurant, entraîner la formation de caillots de sang. À leur tour, ces caillots, peuvent boucher l’artère en question (thrombose) ou alors circuler et causer une obstructionplus loin dans le système sanguin (embolie);
- Les triglycérides sont un autre type de lipides que l’on retrouve dans le sang. Ils sont aussi la forme sous laquelle la graisse est stockée. Il s’agit de la seconde réserve d’énergie prévue par le corps, qui est sollicitée une fois que la première source d’énergie « rapide » est épuisée (il s’agit duglycogène, retrouvé dans le foie et les muscles).
Trop hauts ou normaux : comment évaluer les taux de cholestérol?
Les médecins évaluent maintenant le taux de cholestérol de façon relative. Ils ne parlent plus de taux normaux mais plutôt de taux relatifs à l’état général de chaque personne et, surtout, à la présence d’autres facteurs de risque de maladies cardiovasculaires.
Ainsi, les taux de cholestérol qu’un individu doit viser sont estimés en fonction de son taux personnel de risque de maladies cardiovasculaires (crise d’angine de poitrine, infarctus du myocarde, accidents vasculaire cérébral) dans les prochains 10 ans. Celui-ci dépend de plusieurs facteurs : antécédents personnels de maladie cardiovasculaire, âge, tabagisme, diabète, pression artérielle, taux actuel de cholestérol total et de HDL, antécédents familiaux de maladie cardiovasculaire, obésité abdominale et sexe.
Les facteurs de risque cardio-vasculaires se divisent en facteurs modifiables ou non
Les facteurs de risque non modifiables :
- L’âge de plus de 50 ans pour un homme ou de plus de 60 ans pour une femme.
- Les antécédents personnels d'infarctus ou d'accident vasculaire cérébral,
- Ces mêmes antécédents présents dans la première lignée familiale (soeurs, frères, père et mère) avant 55 ans pour les hommes et 65 pour les femmes.Les facteurs de risque modifiables :
- le HDL-C bas en dessous de 0,40 g/l,
- Le diabète,
- L’hypertension artérielle,
- Le tabagisme même si sevré depuis moins de 3 ans.Par exemple, pour des taux identiques de cholestérol :
- un homme fumeur âgé de 55 ans souffrant d’hypertension sera considéré à risque élevé. Il devrait donc viser à réduire davantage ses taux de cholestérol;
- une femme de 34 ans non fumeuse et sans hypertension sera considérée à faible risque : elle n’aura pas besoin de réduire autant ses taux de cholestérol.
Les recommandations pour traiter le cholestérol en France
Les médecins utilisent la formule de Friedewald pour déterminer le taux de LDL-C (on ne peut pas le doser en pratique courante au laboratoire de ville)
LDL-C= CT -(HDL-C + TG/5) en grammes
Et le taux de triglycérides?
Le taux de triglycérides varie assez facilement d’une journée à l’autre, selon l’alimentation. Les experts n’ont pas encore déterminé de cible à atteindre (de taux de triglycéride idéal) dans le but de prévenir les maladies cardiaques. Cela dit, lorsque le taux de triglycérides atteint ou dépasse 1,7 mmol/l (1,5 g/l), il s’agit d’un facteur de risque de syndrome métabolique. On parle d'hypertriglycéridémie au delà de 2 g/l.
Les symptômes et personnes à risque
Symptômes
L’hypercholestérolémie et l’hypertriglycéridémie ne s’accompagnent d’aucun symptôme. Quand des symptômes se manifestent, les artères ont déjà perdu de 75 % à 90 % de leur fonctionnalité.
- Douleurs à la poitrine (crise d’angine) ou aux membres inférieurs.
Les personnes à risque
- Les personnes ayant des antécédents familiaux d’hypercholestérolémie ou de maladies cardiovasculaires précoces;
- Les personnes qui ont une forme héréditaire d’hypercholestérolémie : l’hypercholestérolémie familiale. À cause de ce qu’on appelle l’effet fondateur, elle touche plus particulièrement certaines populations : les Libanais, les Afrikaners, les Tunisiens, les Juifs ashkénazes d’origine lituanienne, les Finlandais de Carélie du Nord et les Québécois francophones;
- Les hommes de plus de 45 ans;
- Les femmes de plus de 55 ans et celles qui ont eu une ménopause prématurée; la baisse du taux d’oestrogène après la ménopause tend à faire augmenter le taux de cholestérol total et de LDL (« mauvais cholestérol »).
Les facteurs de risque
Les habitudes de vie contribuent à faire monter le taux de cholestérol et à en accélérer les effets délétères sur les artères.
- Le tabagisme;
- Une alimentation riche en graisses et en sucre;
- La consommation d’alcool;
- Le manque d’activité physique;
- L’obésité dans sa forme abdominale;
- Un tour de taille au niveau de la circonférence abdominale supérieur à 88 cm pour les femmes et à 100 cm pour les hommes (un tel tour de taille ne signifie pas nécessairement que la personne est en surpoids ou obèse, mais plutôt qu’elle a emmagasiné de la masse graisseuse intra-viscérale);
- Certaines maladies comme l’insuffisance rénale chronique et l’hypothyroïdie (non traitée) entraînent des taux élevés de cholestérol;
- Certains médicaments agissent sur les lipides sanguins. En cas de doute, consultez votre médecin ou votre pharmacien.
La prévention
Mesures de dépistage
Puisque l’hyperlipidémie n’entraîne pas de symptômes pendant longtemps, on doit la détecter le plus tôt possible pour prévenir les complications, et cela par une prise de sang àjeun depuis 12 h et à distance d'une affection aigüe comme une infection virale, un infarctus, une opération etc. Des analyses sanguines établiront les taux de cholestérol et de triglycérides : c’est le bilan lipidique. Sur l'ordonnance sera écrit : exploration d'une anomalie lipidique
Les recommandations officielles varient d’un pays à l’autre. Au Canada comme en France, les autorités médicales recommandent que les personnes suivantes subissent ce dépistage2 :
- hommes de 40 ans et plus;
- femmes ménopausées ou âgées de 50 ans et plus;
- le dépistage sera plus précoce et plus fréquent chez les personnes à risque (diabète, obésité, etc.);
- Le test peut être effectué en moyenne tous les 5 ans chez les personnes en bonne santé.
Mesures préventives de base
Ces mesures préviennent non seulement un premier événement cardiaque (crise d’angine ou infarctus) mais aussi le diabète de type 2, l’obésité, certains cancer et les maladies neurodégénératives comme la maladie d’Azlheimer2:
- Ne pas fumer, ou cesser de fumer;
- Adopter une alimentation saine et équilibrée. Les fruits et les légumes ainsi que les fruits secs devraient figurer quotidiennement dans votre menu. Pour vous informer davantage, consultez notre section consacrée à ce sujet : Mieux manger;
- Intégrer l’activité physique à votre mode de vie et garder un poids santé. L’activité physique (ce n'est pas nécessairement le fait de faire du sport mais au moins de bouger) réduit de beaucoup les risques d’embonpoint, d’hypertension, de maladies neuro-dégénératives, de cancers et de diabète;
- Consommer l’alcool avec modération. La quantité d’alcool consommée ne devrait pas dépasser 1 verre par jour pour les femmes et 2 verres par jour pour les hommes.
Les traitements médicaux
Le traitement varie selon les valeurs du bilan lipidique et la présence ou non d’autres facteurs de risque de maladies cardiaques.
Pour les personnes dont le bilan de santé révèle un risque élevé de maladies coronariennes, un changement important des habitudes de vie occupe la place centrale de l’approche thérapeutique : alimentation, tabagisme, activité physique, consommation d’alcool.
Si possible, recourir aux services d’un nutritionniste et d’un kinésiologue. Il est recommandé de revoir son médecin de famille de 4 à 6 semaines après la première visite.
Selon les données les plus récentes, le traitement pharmacologique aurait une efficacité intéressante essentiellement pour les personnes qui ont déjà eu un infarctus ou une crise d’angine, pour prévenir la survenue d’autres problèmes cardiaques.
Régime
Recommandations alimentaires
Pour des conseils pratiques, consulter notre diète spéciale Hypercholestérolémie et diète Portfolio.
Voici les recommandations alimentaires :
- Restreindre l’apport total en calories afin d’atteindre et de conserver un poidsstable sans restriction alimentaire : il s’agit de l’objectif le plus important à atteindre. Calculez votre indice de masse corporelle ou IMC (poids en kilos divisé par le carré de la taille exprimée en mètre );
- Avoir un régime pauvre en sel et en sucres raffinés (desserts et autres sucreries);
- Remplacer les graisses saturées et les graisses trans par des graisses insaturés. Il faut donc éviter les graisses d’origine animale (beurre, charcuterie, fromages, patisseries, shortening, viandes grasses, etc.) et privilégier les huiles végétales contenant des gras mono ou polyinsaturés, comme l’huile d’olive, de colza, de noix, de lin, et les poissons gras (sources d’oméga-3);
- Augmenter la consommation de fruits et légumes;
- Consommer de l’alcool de façon modérée. Dans certains cas, une abstention totale est recommandée.
Dans un premier temps, certains médecins recommandent d'éviter les desserts en particulier les pâtisseries, qui sont des sucres inutiles et d’en évaluer l’effet après quelques mois. Il est également important de surveiller la quantité de pain consommé.
Mentionnons également la diète Portfolio, un régime conçu pour améliorer le profil lipidique, qui s’apparente au végétarisme. Suivie de façon rigoureuse, cette diète ferait baisser le taux de cholestérol LDL jusqu’à 35 %6,7. Pour en savoir plus, voyez les conseils de la nutritionniste Hélène Baribeau : Hypercholestérolémie et diète Portfolio.
Les bienfaits du régime méditerranéen sur la santé cardiaque sont maintenant largement reconnus. (l'étude récente PREDIMED en confirme les bienfaits).
Le point de vue d’un expert
Dr Martin Juneau, cardiologue
Directeur de la prévention à l'Institut de cardiologie de Montréal
Une personne qui décide de changer ses habitudes alimentaires obtient-elle des résultats rapidement sur sa santé cardiovasculaire?
Cela peut surprendre, mais les résultats sont visibles le jour même. Vous mangez, par exemple, un repas de malbouffe. Dans les heures qui suivent, on peut en mesurer l’impact direct sur la capacité de vos artères à se dilater. C’est ce qu’on appelle en termes scientifiques la fonction endothéliale. Il s’agit de la première atteinte, avant l’athérosclérose [formation de plaques dans les artères]. Si à l’inverse, vous vous dites, « bon, aujourd’hui, j’en ai assez de la malbouffe, je vais me cuisiner un morceau de saumon avec une salade, de l’huile d’olive et des tomates », il se produira exactement le contraire : votre fonction endothéliale s’améliorera. Il y a donc un effet immédiat sur le sang et aussi sur les vaisseaux. Évidemment, cet effet positif se répétant chaque jour, la santé des artères finit par s’améliorer après un certain temps. Mais il y a aussi un effet immédiat. Comme pour les fumeurs qui cessent de fumer : en 24 heures, le taux de monoxyde de carbone dans leur sang tombe énormément, et en quelques jours, vous voyez des effets sur les plaquettes sanguines, la coagulation, etc.
Exercice physique
Les bienfaits de l’activité physique sur la santé sont multiples. En plus de contribuer à la perte de poids et au maintien du poids, il a été prouvé que le fait d’être actif augmente le taux de HDL et baisse celui des triglycérides.
Efficace!
Une personne qui devient active peut espérer élever son taux de HDL (bon cholestérol) de 5 % à 6 %50. En perdant 5 kg, son taux de HDL monte de 10 %. Ces 2 effets sont cumulatifs.
On recommande généralement un minimum de 30 minutes d’activité modérée à vigoureuse par jour (par exemple, de la marche). Il faut idéalement viser une dépense de 1 000 calories par semaine. À titre d’exemple, une personne pourra choisir de marcher 30 minutes chaque jour, une autre de marcher 1 heure à 3 reprises dans la semaine, etc.
Consulter notre dossier Être actif: le nouveau mode de vie. Voir également notre série Forme physique.
Médicaments
Les médicaments, obtenus sur ordonnance du médecin, sont surtout utilisés pour abaisser le taux de LDL (« mauvais cholestérol ») et de cholestérol total. On y a plus rarement recours pour abaisser les taux de triglycérides, qui répondent très bien à l’amélioration des habitudes de vie. Des recherches sont en cours afin de mettre au point des approches favorisant l’augmentation du taux de HDL (« bon cholestérol »).
Il en existe 5 familles :
- les statines, qui diminuent le taux de LDL, sans effet toutefois sur le taux de HDL (par exemple, l’atorvastatine ou Lipitor® et la simvastatine ou Zocor®);
- les résines, qui se lient aux sels biliaires et poussent le foie à utiliser davantage de cholestérol tiré de la circulation sanguine (par exemple la cholestyramine);
- un inhibiteur de l’absorption intestinale du cholestérol, qui fait en sorte que l’organisme absorbe moins le cholestérol des aliments (l’ézétimibe est le seul disponible au Canada et en France);
- les fibrates, qui réduisent les taux de triglycérides (par exemple le fenofibrate et le gemfibrozil);
- la niacine, qui augmente le taux de cholestérol HDL – les médecins y ont rarement recours.
Les statines sont les médicaments les plus fréquemment prescrits. Généralement bien tolérés, ils peuvent néanmoins occasionner divers effets indésirables. Ce serait le cas pour environ 5 % des personnes qui les prennent en traitement. Parmi les plus importants, mentionnons les douleurs musculaires à type de crampes musculaires parfois très invalidantes et impliquant l’arrêt immédiat du traitement.
L’efficacité des statines en prévention est cependant controversée. En 2007, le cardiologue français Michel de Lorgeril s’était prononcé contre l’usage des statines dans un livre destiné au grand public49. Le Pr Even a également largement alimenté le débat médiatique et a déclenché une vive controverse de la part des cardiologues visés. En juin 2010, la publication de nouvelles données scientifiques a relancé le débat. La capacité de ces médicaments à prévenir une crise d’angine ou un infarctus chez les patients à risque serait très faible ou nulle48,51. Lisez notre nouvelle : Statines : pas d’impact sur la prévention de la mortalité.
Références
Note : les liens hypertextes menant vers d’autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu’un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l’information désirée.
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Rhéaume, Dre Caroline, médecin de famille, PhD, professeure adjointe au Département de médecine familiale et médecine d’urgence de l’Université Laval, chercheuse clinicienne (axe cardiologie). Entrevue réalisée par Marie-Michèle Mantha le 26 août 2010 (Montréal).
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50. Juneau, Dr Martin, médecin cardiologue, Directeur de la prévention à l’Institut de cardiologie de Montréal. Entrevue réalisée par Marie-Michèle Mantha le 27 août 2010 (Montréal).
51. Statins and all-cause mortality in high-risk primary prevention: a meta-analysis of 11 randomized controlled trials involving 65,229 participants. Ray KK, Seshasai SR, et al. Arch Intern Med. 2010 Jun 28;170(12):1024-31. Review.