Rosacée
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Rosacée

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 4120

Rosacée La rosacée est une affection chronique de la peau qui se manifeste par des rougeurs sur les joues, le nez, puis le front et le menton. Au fur et à mesure que la maladie évolue, ces rougeurs deviennent permanentes, de petits vaisseaux dilatés (télangiectasies ou couperose) apparaissent sur les joues et les ailes du nez, ainsi que des petits boutons rouges (papules).

La rosacée commence généralement vers l’âge de 30 ans et touche surtout les personnes qui ont la peau et les yeux clairs et une tendance à rougir facilement.

C’est une affection qui s’aggrave au fil des ans, surtout si elle n’est pas bien traitée. Chez de nombreuses personnes, les symptômes évoluent de façon cyclique, les périodes d’aggravation alternant des périodes de rémission.

Longtemps appelée acné rosacée, la rosacée ne doit pas être confondue avec l’acné qui survient à l’adolescence. Les points noirs et les boutons blancs sont presque absents et l’évolution de la maladie diffère. De plus, les facteurs à l’origine de ces deux affections sont très différents.

Prévalence

La rosacée peut toucher toute personne âgée de 20 ans à 70 ans, mais les adultes de 30 ans à 50 ans ayant le teint clair et dont la peau a tendance à rougir facilement sont plus souvent atteints. De 3 % à 10 % de la population seraient affectés par la rosacée, à des degrés variables. Au Canada, plus de 2 millions de personnes souffrent de rosacée.

Les femmes sont plus sujettes à la rosacée que les hommes, ces derniers étant davantage enclins à développer le rhinophyma, qui se caractérise par un nez rouge, enflé et bosselé. Il s’agit d’un stade très avancé de la maladie.

Très rarement, la rosacée peut apparaître chez l’enfant, sous forme de rougeurs touchant principalement les joues. À cet âge, il est fréquent que des symptômes ophtalmologiques (yeux rouges, paupières enflées) précèdent les problèmes de peau.

Causes

Les causes sont inconnues, mais selon des recherches1, la rosacée pourrait être attribuée à :

  • un dérèglement du système immunitaire concernant la peau ;
  • une « hyperréactivité » des vaisseaux sanguins du visage, qui se dilatent de façon excessive. C’est ce qui crée les rougeurs et la sensation de chaleur ;
  • des microorganismes (bactéries ou acariens de type Demodex folliculorum) ;
  • une réaction anormale de la peau au soleil.

Contrairement à la croyance populaire, l’alcoolisme n’est pas à l’origine de la rosacée, bien que la consommation d’alcool même modérée puisse l’aggraver.

Certaines maladies affectant la peau, comme le lupus ou la sclérodermie, peuvent s’accompagner de lésions de la peau similaires à celles de la rosacée (télangiectasies, rougeurs). Il est donc essentiel de consulter un médecin pour confirmer le diagnostic.

Enfin, l’application continuelle sur le visage de crème à base de cortisone peut entraîner des lésions cutanées qui sont visuellement identiques à celles de la rosacée. Dans ce cas, il s’agit de rosacée induite par la corticothérapie et il faut en cesser le traitement.

Évolution de la rosacée

La rosacée évolue de façon différente d’une personne à l’autre. Quatre sous-types ont été établis2, qui étaient auparavant considérés comme les différentes phases de la maladie. Cependant, la maladie n’évolue jamais jusqu’au stade suprême chez de nombreuses personnes et la plupart des patients présentent une combinaison de sous-types. Il est donc impossible de prédire l’évolution de la maladie.

Sous-type 1 : rosacée érythématotélangiectasique

  • Accès de rougeur sur le visage et le cou, après un repas, après la consommation d’alcool ou de boissons chaudes ou encore lors d’un changement de température. Ces accès de rougeur, appelés bouffées vasomotrices ou congestives (flushes), durent quelques minutes, puis disparaissent. Il s’agit souvent du premier symptôme de la rosacée.
  • Une rougeur (érythème) présente en permanence sur la zone centrale du visage, en particulier sur les joues, le nez et le milieu du front.
  • Les petits vaisseaux sous l’épiderme deviennent visibles et créent de fines lignes rouges, surtout sur les joues et les ailes du nez. C’est ce qu’on appelle des télangiectasies ou de la couperose. La rougeur de la peau peut les masquer, mais les lignes rouges réapparaissent généralement lorsque la rougeur s’estompe.
  • La peau peut devenir sèche, rugueuse, avec des sensations de brûlure et de picotement.

Sous-type 2 : rosacée papulopustuleuse

  • De petits boutons rouges et solides (papules) ou remplis de pus (pustules) assiègent le visage, s’ajoutant à l’érythème.
  • Les télangiectasies peuvent être présentes.
  • La rougeur persiste sur la zone centrale du visage.

Sous-type 3 : rosacée phymateuse

  • Il s’agit du sous-type avec les symptômes les plus marqués. Les glandes sébacées du nez augmentent de volume, les pores se dilatent et la peau s’épaissit, formant des protubérances charnues ou des boursouflures (nodules). Le nez est la partie du visage qui subit le plus de déformations. Cette hypertrophie, appelée rhinophyma, affecte davantage les hommes (95 % des cas) que chez les femmes et survient après 50 ans. Le rhinophyma nécessite une correction chirurgicale.

Sous-type 4 : rosacée oculaire

  • Ce sous-type est caractérisé par une irritation des yeux, qui deviennent rouges et secs, avec un larmoiement excessif et une sensibilité à la lumière. La rosacée oculaire touche plus de la moitié des personnes atteintes de rosacée. Les autres symptômes sont des conjonctivites et une inflammation des paupières (blépharite). L’irritation demeure minime dans la majorité des cas. Si la situation s’aggrave, il faut intervenir rapidement sous peine d’entraîner une forte diminution de la vision.
  • La rosacée oculaire est parfois le précurseur des premiers symptômes cutanés.

Les symptômes et personnes à risque

Symptômes

  • Des rougeurs sur le visage (érythème) ;
  • Peau sèche et sensible, avec sensation de brûlure ;
  • Une tendance à rougir facilement sur les joues, mais aussi parfois sur le nez, le front et le menton. Des bouffées vasomotrices, ou accès de rougeur, sont déclenchées par les émotions et les changements de température. Elles surviennent souvent après les repas ;
  • De petits vaisseaux sanguins apparents sur le nez et les joues (télangiectasies ou couperose) ;
  • De petits boutons rouges et solides (papules) ou remplis de pus (pustules) sur le nez, les joues, le front et le menton ;
  • Des yeux secs, rouges et irrités ;
  • Un nez rouge, enflé et recouvert de nodules, au stade avancé de la maladie.

Personnes à risque

  • Les personnes au teint pâle, généralement de descendance irlandaise, écossaise ou nord-européenne (pays scandinaves) ;
  • Les personnes dont les parents ont souffert de rosacée, car certains facteurs héréditaires augmentent le risque d’en être atteint ;
  • Les femmes, qui sont deux fois plus touchées que les hommes.

Les facteurs de risque

L’origine précise de la rosacée reste inconnue, mais on sait que divers facteurs peuvent l’aggraver ou contribuer à des poussées de rosacée. C’est notamment le cas lors :

  • d’une exposition prolongée au soleil ou sous des lampes de bronzage. Les rayons UVA provoquent la dilatation des vaisseaux sanguins qui, après un certain temps, peut devenir permanente. La chaleur exerce aussi un effet nocif : en dilatant les vaisseaux, elle accentue l’effet des rayons ;
  • d’un brusque changement de température ;
  • de l’exposition à des conditions climatiques extrêmes (froid, pluie, chaleur, etc.) ;
  • de la consommation de boissons chaudes, de mets épicés ou d’alcool ;
  • de fluctuations hormonales (pendant la grossesse et la ménopause) ;
  • de fortes émotions (colère, gêne, stress) ;
  • de la prise de corticoïdes (cortisone). Qu’ils soient utilisés sous la forme de comprimés ou d’onguent, les corticoïdes provoquent une dilatation des vaisseaux sanguins et l’amincissement de la peau, aggravant peu à peu la rosacée.

La préventionRosacée

Peut-on prévenir la rosacée?

Comme les causes de la rosacée restent inconnues, il est impossible d’en prévenir son apparition.

Mesures pour prévenir l’aggravation des symptômes et en réduire l’intensité

Dans un premier temps, il faut rechercher ce qui aggrave les symptômes pour ensuite apprendre à mieux gérer ou à éviter ces facteurs déclencheurs. La tenue d’un journal des symptômes peut être fort utile.

Les mesures ci-dessous permettent souvent de diminuer l’intensité des symptômes :

  • éviter autant que possible de s’exposer au soleil. Si on le fait, toujours appliquer une bonne protection solaire FPS 30 ou plus, contre les rayons UVA et UVB, et ce, été comme hiver ;
  • éviter de consommer des boissons et des aliments qui contribuent à la dilatation des vaisseaux sanguins : café, alcool, boissons chaudes, mets épicés et tout autre produit qui provoquent une rougeur ;
  • éviter de s’exposer à des températures extrêmes et à des vents violents. Bien se protéger le visage du froid et du vent durant l’hiver. Éviter également les changements de température rapides ;
  • apprendre à se détendre pour mieux gérer le stress et les émotions fortes ;
  • éviter les saunas et les bains chauds prolongés ;
  • sauf avis médical, éviter d’appliquer des crèmes à base de corticoïdes sur le visage.

Soins du visage

  • Utiliser une eau tiède, à la température du corps, ainsi qu’un savon doux, non parfumé ;
  • Plusieurs produits de soins pour la peau contiennent des ingrédients qui peuvent aggraver la rosacée (des acides, de l’alcool, etc.). S’informer auprès de son pharmacien, de son médecin ou de son dermatologue pour connaître ceux adaptés à la rosacée ;
  • Appliquer régulièrement une crème hydratante sur le visage, de manière à diminuer la sensation de brûlure et la sécheresse de la peau3. S’informer auprès de son pharmacien, de son médecin ou de son dermatologue pour obtenir une crème adaptée aux peaux atteintes de rosacée. Les lotions à base de kinétine 0,1 % (N6-furfuryladénine) semblent efficaces pour hydrater la peau et réduire les symptômes4 ;
  • Éviter les produits cosmétiques trop gras et les fonds de teint, qui peuvent aggraver l’inflammation.

Les traitements médicaux

La rosacée est une maladie chronique. Divers traitements permettent généralement d’améliorer l’apparence de la peau, ou du moins de ralentir l’évolution des symptômes. Cependant, plusieurs semaines sont souvent nécessaires avant d’observer un résultat et aucun traitement ne permet d’obtenir une rémission totale et durable. Ainsi, les traitements n’agissent pas sur les télangiectasies (vaisseaux dilatés) et la rougeur présente sur les joues et le nez ne disparaît jamais totalement. Cela étant, il est essentiel de consulter un dermatologue dès l’apparition des premiers symptômes, car les traitements sont plus efficaces lorsqu’on y a recours au stade précoce de la maladie.

Le traitement varie selon le stade de la maladie et l’intensité des symptômes. Il peut être très efficace, mais il faut savoir que dans la majorité des cas, la rosacée s’aggrave après l’arrêt du traitement. Habituellement, un traitement quasi continu est nécessaire pour maintenir un résultat satisfaisant.

Remarques

  • Une rosacée liée à la grossesse ne nécessite aucun traitement puisqu’elle disparaît généralement d’elle-même quelques mois après l’accouchement.
  • Des télangiectasies peuvent survenir à la suite d’une chirurgie au visage. Il ne s’agit pas d’une véritable rosacée et les symptômes s’estompent en général avec le temps. Il est donc conseillé d’attendre six mois avant d’entreprendre un traitement.
  • La rosacée qui affecte les bébés et les jeunes enfants est rarement problématique. Normalement, elle s’estompe au fur et à mesure que la peau de l’enfant s’épaissit.

Médicaments

Antibiotiques. Le traitement le plus couramment prescrit contre la rosacée est une crème antibiotique à appliquer sur la peau, à base de métronidazole (Metrogel®, Rosasol® au Canada, Rozex®, Rozacrème®... en France). Des crèmes à base de clindamycine peuvent aussi être utilisées. Lorsque la rosacée est étendue ou qu’elle est associée à une inflammation des yeux, le médecin peut ordonner un antibiotique oral (de la tétracycline ou parfois de la minocycline au Canada) pendant trois mois. Bien que la rosacée ne soit pas directement liée à des bactéries, les antibiotiques contribuent à réduire l’inflammation de la peau.

Acide azélaïque. Appliqué sur la peau sous forme de crème ou de gel, l’acide azélaïque (Finacea®) contribue à réduire le nombre de pustules et à atténuer les rougeurs. Cependant, ce produit est assez irritant pour la peau, il faut donc utiliser une crème hydratante adaptée en complément.

Isotrétinoïne orale. L’Accutane® au Canada, délivré sur ordonnance, est parfois utilisé à faible dose pour traiter les formes graves de rosacée (en cas de rosacée phymateuse ou de papules, pustules ou nodules résistants aux autres traitements2). Comme il provoque de sérieux effets indésirables, il est prescrit sous étroite surveillance médicale. Ainsi, il accroît le risque de malformations congénitales s’il est utilisé pendant la grossesse. Les femmes en âge d’avoir des enfants qui suivent ce traitement doivent bénéficier d’une contraception efficace et procéder à des tests de grossesse réguliers pour s’assurer qu’elles ne sont pas enceintes. Il est conseillé de s’informer auprès de son médecin.

Important. Les corticoïdes, en crème comme en comprimés, sont contre-indiqués en cas de rosacée. Bien qu’ils réduisent l’inflammation de façon temporaire, ils entraînent par la suite une aggravation des symptômes.

Chirurgie

Pour réduire les rougeurs et diminuer l’apparence des télangiectasies (petites lignes rouges consécutives à la dilation des vaisseaux) ou du rhinophyma, divers traitements chirurgicaux existent.

Électrocoagulation. Il s’agit d’une technique efficace sur les télangiectasies (couperose) qui peut nécessiter plusieurs séances et qui comporte divers inconvénients, dont ceux-ci : de légers saignements, une rougeur et la formation de petites croûtes dans les jours qui suivent, un risque de cicatrices ou d’une dépigmentation permanente de la peau. Ce traitement ne peut être envisagé durant l’été (risque de formation de tâches brunes).

Chirurgie au laser. Plus efficace et moins douloureux que l’électrocoagulation, le laser laisse généralement moins de cicatrices. Il peut toutefois provoquer quelques ecchymoses ou un rougissement temporaire. Il faut compter de une à trois séances par zone à traiter.

Dermabrasion. Cette intervention consiste à « user » la couche superficielle de la peau à l’aide d’une petite brosse à rotation rapide.

Références

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Bibliographie

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Notes

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3. The use of moisturizers as an integral component of topical therapy for rosacea: clinical results based on the Assessment of Skin Characteristics Study. Del Rosso JQ. Cutis. 2009 Aug; 84(2):72-6.
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5. Combined effects of silymarin and methylsulfonylmethane in the management of rosacea: clinical and instrumental evaluation. Berardesca E, Cameli N, et al. J Cosmet Dermatol. 2008 Mar; 7(1):8-14.
6. Pizzorno JE Jr, Murray Michael T (Ed). Textbook of Natural Medicine, Churchill Livingstone, États-Unis, 1999.
7. National Rosacea Society. Information for patients, Coping With Rosacea – Tripwires: Stress,Rosacea.org. [Consulté le 14 juillet 2010]. www.rosacea.org
8. National Rosacea Society. Information for patients - Coping With Rosacea, Rosacea.org. [Consulté le 14 juillet 2010]. www.rosacea.org
9. Effect of treatment of rosacea in females by Chibixiao Recipe in combination with minocycline and spironolactone. Yu TG, Zheng YZ, et alChin J Integr Med. 2006 Dec; 12(4):277-80.