Cet innovant pansement devient fluorescent quand une plaie s'infecte
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Pansement Des chercheurs ont développé un pansement nouvelle génération capable de détecter lorsqu'une plaie s'infecte. Mieux encore, le dispositif peut signaler l'infection en devenant fluorescent.

Même la plus petite des plaies peut constituer une menace importante pour notre organisme. En effet, quelle que soit sa taille, une plaie constitue une rupture de la barrière que constitue notre peau. Elle peut alors servir de porte d'entrée à tout type de micro-organismes capables de provoquer des infections. 

C'est pourquoi il faut être vigilant lorsqu'on se blesse et veiller à bien désinfecter les plaies. Toutefois, les infections ne sont pas toujours facilement détectables. C'est pour résoudre ce problème que des scientifiques britanniques ont créé un nouveau dispositif particulièrement innovant. Il s'agit d'un pansement capable de signaler quand une plaie est infectée.

"La détection précoce d'infection au niveau de la plaie peut considérablement améliorer les soins et les résultats cliniques pour les patients", expliquent les chercheurs. Leur invention a été dévoilée dans une étude publiée par la revue ACS Applied Materials & Interfaces en octobre dernier. 

Des microbes qui coopèrent

Selon l'équipe dirigée par le Dr. Toby Jenkins de l'Université de Bath, toutes les plaies ont tendance à être colonisées par les bactéries, y compris des espèces pathogènes. Lorsque les populations sont réduites, le système immunitaire parvient le plus souvent à les éliminer. Toutefois, il arrive que la quantité de bactéries devienne trop importante pour que l'organisme puisse réagir.
"Nous pensons que cette transition se produit généralement plusieurs heures, si ce n'est davantage, avant que les symptômes cliniques ne deviennent évidents", explique le Dr. Toby Jenkins repris par Technology Review. Selon ce spécialiste et son équipe, cette transition serait probablement associée à la formation d'une sorte de bio-film, une couche de microbes très particulière. Concrètement, ces micro-organismes coopéreraient et fabriqueraient une substance afin de se défendre ensemble contre le système immunitaire. "Avec une densité de population élevée, le film de bactéries se mettrait à produire des toxines", a précisé Jenkins. Et c'est là que le pansement nouvelle génération entre en jeu. 

Un pansement fluorescent

Le dispositif imaginé par les scientifiques britanniques est constitué d'un matériau semblable à un gel contenant des minuscules vésicules. Ces structures sont elles-mêmes chargées d'une teinture non-toxique et fluorescente qui va réagir en présence de bactéries. Pour cela, les capsules imitent l'aspect de la membrane cellulaire. Ainsi, les toxines bactériennes s'y attaquent comme elles le feraient pour des cellules normales, ce qui provoque la libération de la teinture. Une fois en contact avec le gel environnant, cette substance devient fluorescente, signalant la présence des bactéries. Selon ses concepteurs, le pansement fonctionne avec les micro-organismes les plus fréquemment responsables d'infection.

L'invention a été testée en laboratoire et a montré des résultats prometteurs avec différentes bactéries dont Escherichia coli et le staphylocoque doré. Le pansement a changé de couleur avec succès suite à un contact avec un bio-film d'espèces pathogènes. Il est à l'inverse, resté intact lorsqu'il s'agissait de bactéries non-pathogènes.

Traiter au plus tôt les infections

Le Dr Jenkins et ses collègues pensent que leur dispositif ouvre la voie à une grande variété d'applications médicales. Il pourrait notamment aider à la prise en charge des brûlures. Des blessures où le risque d'infection est particulièrement important, notamment chez les enfants. Le pansement pourrait aussi servir pour les soins post-opératoires. "Utilisé de façon approprié, nous pensons qu'il peut servir à diagnostiquer de façon précoce une infection post-opératoire et donc, réduire l'incidence de la septicémie", a précisé le Dr. Jenkins à IFLScience. Toutefois, le pansement devra encore passer par de nombreux tests avant d'être réellement utilisé : pour l'heure, aucun essai n'a été mené chez l'homme. Si tout se passe comme prévu, les scientifiques pensent pouvoir démarrer les essais cliniques d'ici 2018.