Des scientifiques ont annoncé qu'une nouvelle thérapie contre le cancer venait de livrer des "résultats extraordinaires". Le traitement utilise des cellules immunitaires modifiées et dirigées contre les cellules cancéreuses. Il aurait permis une rémission de plus de la moitié des patients de l'essai.
Il ne s'agit que d'un essai préliminaire mais il fournit déjà un nouvel espoir dans la lutte contre le cancer. Lors de la réunion annuelle de l'American Association for the Advancement for Science (AAAS), des chercheurs ont présenté les "résultats extraordinaires" obtenus à l'aide d'une nouvelle thérapie.
Le traitement a été testé sur des patients touchés par différentes formes de cancer du sang. 35 d'entre eux étaient atteints de leucémie aigüe lymphoblastique (LAL), une forme de cancer qui affecte les cellules souches du sang. D'après les résultats dévoilés, 94% de ces patients ont vu leurs symptômes disparaitre grâce à la thérapie basée sur des cellules immunitaires modifiées.
Les autres patients atteints de lymphomes eux, auraient montré des taux de réponse supérieurs à 80% et la moitié serait aujourd'hui en complète rémission. "Pour être honnête, c'est sans précédent en médecine d'obtenir des taux de réponse de ce type chez des patients à un stade très avancé", a commenté le chercheur américain Stanley Riddell, impliqué dans les recherches.
Des cellules immunitaires modifiées
Le nouveau traitement repose sur des cellules immunitaires et plus précisément des lymphocytes T. Ces globules blancs sont prélevés chez le patient avant d'être modifiés en laboratoire. Le but de la manipulation est de leur ajouter des récepteurs génétiquement modifiés pour cibler les cellules cancéreuses.
Les lymphocytes T (LT) modifiés sont ensuite mis en culture afin de les multiplier. Enfin, ils sont ré-injectés chez le patient. Une fois dans l'organisme, les LT vont à l'aide de leurs nouveaux récepteurs, reconnaitre et s'attaquer aux cellules cancéreuses du patient. "C'est une thérapie vivante", a précisé le Dr Riddell repris par le Guardian. "Quand vous les injectez, les cellules vont se développer in vivo"
D'après les chercheurs, le traitement permet de cibler des cellules précises et surtout pourrait avoir une efficacité à long terme. "Les cellules T sont un médicament vivant et elles ont en particulier le potentiel de perdurer dans notre corps durant toute notre vie", a relevé Chiara Bonini, hématologue de l'Université Saint-Raphaël de Milan en Italie. Des recherches ont montré que des cellules T "mémoire" ont persisté dans l'organisme pendant deux à quatorze ans après avoir été introduites chez des patients atteints de cancer, a ajouté cette scientifique.
Des résultats prometteurs
Tous les patients testés présentaient un stade avancé de cancer et étaient en échec thérapeutique jusque là. "Ce sont des patients pour qui tout avait échoué. On aurait donné deux à cinq mois à vivre à la plupart des patients de notre essai", a détaillé le Dr Riddell. De fait, les taux de réponse obtenus supérieurs à 80% apparaissent comme "une révolution".
Néanmoins, les recherches doivent encore être poursuivies. Tout d'abord parce que la thérapie n'a été testée que sur certains types de cancer du sang. Ensuite parce que cette stratégie de reprogrammation de cellules immunitaires conduit parfois à de sérieux effets secondaires. Au cours de l'essai, vingt patients ont développé des symptômes type fièvre, hypotension ainsi que des effets neurotoxiques pour certains. Parmi eux, deux patients sont décédés.
"Il y a des raisons d'être optimiste, il y a des raisons d'être pessimiste", a expliqué l'oncologue du Fred Hutchinson Cancer Research Center de Seattle. Il suggère que réduire la dose de cellules T injectée pourrait permettre de limiter les effets secondaires. "Comme la chimiothérapie et la radiothérapie, ça ne va pas être un remède miracle", a-t-il confirmé.
Si elle confirme son efficacité, cette nouvelle thérapie pourrait cependant offrir un nouvel espoir à des patients atteints de cancer en phase terminale.