L’urticaire est une éruption cutanée qui se caractérise par des démangeaisons et l’apparition de plaques rouges en relief (« papules »), qui ressemblent aux piqûres d’orties (le mot urticaire vient du latin urtica, qui signifie ortie).
L’urticaire est un symptôme plutôt qu’une maladie, et ses causes sont multiples.
On distingue :
- l’urticaire aiguë, qui se manifeste par une ou plusieurs poussées durant quelques minutes à quelques heures (et pouvant réapparaître durant plusieurs jours), mais évoluant durant moins de 6 semaines ;
- l’urticaire chronique, qui se traduit par des crises quotidiennes ou presque, évoluant pendant plus de 6 semaines.
Lorsque les crises d’urticaire sont récurrentes mais non continues, on parle d’urticaire récidivante.
Qui est touché ?
Tout le monde peut être touché. On estime qu’au moins 20% des personnes présentent au moins une fois dans leur vie de l’urticaire aiguë, les femmes étant plus souvent concernées que les hommes.
En revanche, l’urticaire chronique est plus rare. Elle concerne de 1 à 5 % de la population1.
Dans bien des cas, les personnes souffrant d’urticaire chronique en sont affectées pendant de nombreuses années. Il s’avère en effet que 65 % des urticaires chroniques persistent plus de 12 mois, et 40 % persistent au moins 10 ans2.
Causes de la maladie
Les mécanismes en cause dans l’urticaire sont complexes et mal connus. Bien que les crises d’urticaire aiguë soient souvent dues à une allergie, la plupart des urticaires chroniques ne sont pas d’origine allergique.
Certaines cellules appelées mastocytes, qui jouent un rôle dans le système immunitaire, sont impliquées dans l’urticaire chronique. Chez les personnes atteintes, les mastocytes seraient plus sensibles et déclencheraient, en s’activant et en libérant de l’histamine3, des réactions inflammatoires inappropriées.
Urticaire aiguë
Si les mécanismes ne sont pas bien connus, on sait que des facteurs environnementaux peuvent aggraver ou déclencher les crises d’urticaire.
Dans près de 75% des cas, la crise d’urticaire aiguë est ainsi déclenchée par des facteurs précis :
- un médicament déclenche la crise dans 30 à 50% des cas. À peu près n’importe quel médicament peut en être la cause. Il peut s’agir d’un antibiotique, d’un anesthésique, d’aspirine, d’un anti-inflammatoire non stéroïdien, d’un médicament pour traiter l’hypertension artérielle, d’un produit de contraste iodé, de morphine, de codéine, etc. ;
- un aliment riche en histamine (fromages, conserves de poisson, saucisson, harengs fumés, tomates…) ou dit « histamino-libérateur » (fraise, banane, ananas, noix, chocolat, alcool, blanc d’œuf, charcuterie, poisson, crustacés…) ;
- le contact avec certains produits (latex, cosmétiques, par exemple) ou végétaux/animaux ;
- une exposition au froid ;
- une exposition au soleil ou à la chaleur ;
- la pression ou la friction de la peau ;
- une piqûre d’insecte ;
- une infection concomitante (infection à Helicobacter pylori, hépatite B, etc.). Le lien n’est toutefois pas bien établi et les études sont contradictoires ;
- un stress émotif ;
- l’exercice physique intense.
Urticaire chronique
L’urticaire chronique peut aussi être déclenchée par l’un des facteurs cités ci-dessus, mais dans environ 70 % des cas, aucun facteur causal n’est retrouvé. On parle alors d’urticaire idiopathique.
Évolution et complications possibles
L’urticaire est une affection bénigne, mais elle peut avoir un impact considérable sur la qualité de vie, surtout lorsqu’elle est chronique.
Certaines formes d’urticaire sont toutefois plus préoccupantes que d’autres. En effet, l’urticaire peut être superficielle ou profonde. Dans le deuxième cas, on observe des tuméfactions (oedèmes) douloureuses de la peau ou des muqueuses, qui apparaissent surtout sur le visage (angioedème), les mains et les pieds.
Si cet œdème touche le larynx (œdème de Quincke), le pronostic vital peut être engagé car la respiration devient difficile, voire impossible. Ce cas est heureusement rare.
Les symptômes, les personnes à risque et facteurs de risque
Symptômes
L’urticaire se traduit par la survenue de :
- papules en relief, ressemblant à des piqûres d’ortie, rosée ou rouge, de taille variable (quelques millimètres à plusieurs centimètres), apparaissant le plus souvent sur les bras, les jambes ou le tronc ;
- démangeaisons (prurit), parfois très intenses ;
- dans certains cas, une tuméfaction ou œdème (angioedème), touchant surtout le visage ou les extrémités.
Typiquement, les lésions d’urticaire sont fugaces (elles durent de quelques minutes à quelques heures) et disparaissent spontanément sans laisser de cicatrices. Cependant, d’autres lésions peuvent prendre le relais et la crise peut donc persister plusieurs jours.
Dans certains cas, d’autres symptômes sont associés :
- une fièvre modérée ;
- des douleurs abdominales ou des troubles digestifs ;
- des douleurs articulaires.
Les personnes à risque
Tout le monde peut être sujet à l’urticaire, mais certains facteurs ou maladies peuvent favoriser sa survenue.
- le sexe féminin (les femmes sont plus fréquemment touchées que les hommes3) ;
- des facteurs génétiques : dans certains cas, les manifestations apparaissent chez le nourrisson ou le jeune enfant, et il existe plusieurs cas d’urticaire dans la famille (urticaire familiale au froid, syndrome de Mückle et Wells) ;
- des anomalies sanguines (cryoglobulinémie, par exemple) ou un déficit en certaines enzymes (C1-estérase, notamment)4 ;
- certaines maladies systémiques (comme une thyroïdite auto-immune, une connectivite, un lupus, un lymphome). Environ 1 % des urticaires chroniques sont associées à une maladie systémique : il y a alors d’autres symptômes5.
Les facteurs de risque
Plusieurs facteurs peuvent déclencher les crises ou les aggraver (voir Causes). Les plus courants sont :
- la prise de certains médicaments ;
- la consommation excessive d’aliments riches en histamine ou histamino-libérateurs ;
- l’exposition au froid ou à la chaleur.
La prévention et les traitements médicaux
Préventions
Peut-on prévenir ?
Dans la plupart des cas, il est impossible de prévenir les crises d’urticaire. Cependant, si certains facteurs ont tendance à déclencher les crises ou à les aggraver, il est important de les identifier et de les éviter le plus possible (surtout les médicaments comme les AINS, l’aspirine, la codéine, les facteurs physiques comme le froid ou le chaud, ainsi que les aliments histamino-libérateurs). Pour parvenir à identifier ces éléments déclencheurs, il est utile de noter la date et l’heure de survenue des crises ainsi que la liste des aliments ou des médicaments consommés dans les 24 heures qui précèdent l’éruption.
Enfin, si vous êtes sujets aux angioedèmes ou aux oedèmes de Quincke, votre médecin vous prescrira probablement une trousse d’urgence (contenant des antihistaminiques ou de l’adrénaline (épinéphrine), à conserver sur vous en tout temps, pour faire dégonfler rapidement l’oedème.
Traitements médicaux
Il n’y a malheureusement pas de traitement qui permette d’éliminer les causes de l’urticaire et de la traiter de façon définitive.
Urticaire aiguë
L’urticaire aiguë disparaît le plus souvent d’elle-même en quelques heures.
Cependant, un traitement peut être prescrit. Il est surtout destiné à éviter les récidives et il repose sur :
- l’éviction du ou des facteur(s) déclenchant(s), s’ils sont connus
- la prise d’un médicament antihistaminique pendant quelques jours, si les symptômes le justifient.
Si l’urticaire est généralisée et/ou s’accompagne d’un œdème du visage, des corticoïdes peuvent aussi être administrés pendant quelques jours (par voie orale le plus souvent). Ceux-ci n’ont toutefois pas d’utilité dans l’urticaire chronique et doivent même être évités.
En cas d’œdème de Quincke ou d’atteinte de la langue ou du palais (tuméfaction), voici les traitements d’urgence prodigués à l’hôpital :
- Spray d’adrénaline (épinéphrine)
- Adrénaline par voie intraveineuse
- Corticoïdes
Urticaire chronique6
Le traitement de l’urticaire chronique repose avant tout sur les antihistaminiques (anti-H1), tels que la cétirizine, la fexofenadine ou encore la lévocétirizine ou la desloratadine.
Le traitement est prescrit pour une durée variable (au moins 2 semaines et souvent 3 à 6 mois selon les recommandations, qui varient d’un pays à l’autre). Ces médicaments sont généralement bien tolérés mais ils peuvent induire une somnolence. Il est donc conseillé de les prendre le soir et de ne pas conduire dans les heures qui suivent la prise (se référer à la notice).
Il est important de prendre ces médicaments de façon régulière, en suivant l’ordonnance, même si les symptômes s’estompent.
Le médecin évalue généralement l’efficacité du traitement au bout de 2 semaines. Si les symptômes persistent, il procédera à un ajustement des doses, ou à un changement d’antihistaminique. Si le traitement est efficace, celui-ci sera arrêté progressivement au bout de 3 mois (ou plus), après obtention d’une amélioration satisfaisante et durable.
Si le traitement par antihistaminique est inefficace, plusieurs options peuvent être proposées :
- l’ajout d’un médicament de type anti-leucotriène (montelukast au Canada), généralement utilisé pour le traitement de l’asthme ;
- la recherche de la présence d’une allergie ou d’une maladie systémique pouvant entretenir l’urticaire. Des examens médicaux seront aussi réalisés pour rechercher la présence d’une infection, d’une intolérance médicamenteuse ou alimentaire, d’une anomalie sanguine, etc…
En cas d’échec de ces traitements et investigations, et si l’on ne trouve pas de cause à l’urticaire, ce qui est fréquent, des médicaments tels que la ciclosporine, la dapsone, les antihistaminiques H2 ou l’omalizumab pourront être proposés au cas par cas. Leur efficacité est variable d’une personne à l’autre.
Prise en charge psychologique
L’urticaire chronique a très souvent des répercussions importantes sur la qualité de vie, en raison de son caractère chronique et de ses manifestations visibles et gênantes.
Il est donc important, si l’on en ressent le besoin, de bénéficier d’un suivi psychologique7, qui sera adapté au cas par cas.
Le suivi peut reposer sur :
- des techniques de gestion du stress, comme la relaxation, la méditation…
- des anti-dépresseurs ou des psychotropes en cas de syndrome dépressif (doxépine, alprazolam, fluoxetine, sertaline…).
Références
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Bibliographie
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L'urticaire chronique: Quel bilan? Quelle conduite thérapeutique? S Tas - Revue médicale de Bruxelles, 2008
Notes
1. Panorama des urticaires, N. Gunera-Saad, A.-L. Rival-Tringali, F. Bérard, J.-F. Nicolas, Décision thérapeutique en médecine générale. Num 31, mai 2006.
2. L'urticaire chronique: Quel bilan? Quelle conduite thérapeutique? S Tas - Revue médicale de Bruxelles, 2008.
3. An approach to the patient with urticaria. Deacock SJ. Clin Exp Immunol. 2008 Aug;153(2):151-61. Review.).
4. Les points forts de la conférence de consensus sur la prise en charge de l’urticaire chronique, M.-S. Doutre, P. Joly, Revue française d’allergologie et d’immunologie clinique 44 (2004) 304–307.
5. L’urticaire chronique n’est qu’exceptionnellement une maladie systémique, F. Augey, J.-F. Nicolas, Revue du Rhumatisme Monographies, Volume 78, Issue 3, June 2011, Pages 187–192.
6. Traitement de l’urticaire chronique : quoi de neuf? M.-S. Doutre, Revue française d’allergologie. 51. (2011) 134-139.
7. [Management of psychologic factors in chronic urticaria. When and how?]. Buffet M.
Ann Dermatol Venereol. 2003 May;130 Spec No 1:1S145-59. Review. French.
8. Chronic urticaria. Sachdeva S, Gupta V, Amin SS, Tahseen M. Indian J Dermatol. 2011 Nov;56(6):622-8.
9. The effect of acupuncture on serum IgE level in patients with chronic urticaria.
Jianli C. J Tradit Chin Med. 2006 Sep;26(3):189-90.
10. Acupuncture plus point-injection for 32 cases of obstinate urticaria. Zhao Y. J Tradit Chin Med. 2006 Mar;26(1):22-3.