L'infertilité (stérilité)
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L'infertilité (stérilité)

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 655

L'infertilité (stérilité)L’infertilité correspond à l’incapacité pour un couple de concevoir un enfant. On parle d’infertilité ou de stérilité lorsqu’un couple qui a des relations sexuelles fréquentes et qui n’utilise pas de moyen de contraception ne réussit pas à procréer pendant au moins un an (ou six mois lorsque la femme a plus de 35 ans).

Pour qu’une femme tombe enceinte,  un enchainement d’événements est nécessaire. Son corps, et plus précisément ses ovaires,  doit d’abord produire une cellule, l’ovocyte, qui circule jusqu’à l’utérus. Là, en présence d’un spermatozoïde, la fécondation pourra se produire. Les spermatozoïdes peuvent survivre 72h dans l'appareil reproducteur féminin et l'ovule doit être fécondé dans les 24h qui suivent l'ovulation. Suite à la fusion de ces deux cellules, un œuf se forme puis s’implante dans l’utérus, où il va pouvoir se développer.

L’infertilité peut être très difficile à vivre pour les couples qui souhaitent devenir parents mais qui n’y parviennent pas. Cette incapacité peut avoir des répercussions psychologiques importantes.

Il existe de nombreux traitements pour lutter contre l’infertilité qui peuvent augmenter considérablement les chances pour un couple de devenir parents.

Prévalence

L’infertilité est très fréquente puisqu’elle concernerait entre 10%  à 15% des couples. Ainsi les CDC (Centers for Disease Control and Prevention) américains confirment que près d’1 femme sur 10 rencontrerait des difficultés pour tomber enceinte. 80 à 90% des femmes tombent enceintes en 1 an et 95%, en 2 ans.

Au Canada, selon l’Association Canadienne de Sensibilisation à l’Infertilité (ACSI), près d’1 couple sur 6 ne réussirait pas à concevoir d’enfant dans la 1ère année d’arrêt de tout moyen de contraception.

En France, d’après l’enquête nationale périnatale de 2003 et l’Observatoire épidémiologique de la fertilité de 2007-2008, près d’1 couple sur 5 serait concerné par l’infertilité après 12 mois sans contraception. Selon l’enquête, 26 % des femmes sont tombées enceinte dès le 1er mois sans contraception et 32 %, plus de 6 mois après (dont 18% au bout de 12 mois et 8% au bout de 24 mois)3.

Même si les données manquent, il semblerait que les femmes soient de plus en plus nombreuses à rencontrer des difficultés pour tomber enceintes et qu’elles mettent également plus de temps. Des facteurs environnementaux ou infectieux pourraient être responsables de cette évolution. Le surpoids est également pointé du doigt.  Il faut également savoir que la fertilité diminue avec l'âge. Or, les femmes attendent leur 1er enfant de plus en plus tard, ce qui pourrait aussi expliquer que les problèmes d’infertilité soient de plus en plus fréquents.

Les causes

Les causes d'infertilité sont très variées et peuvent concerner l’homme, la femme ou les deux partenaires. Dans un tiers des cas, l’infertilité concerne l’homme seulement, dans un autre tiers, elle concerne uniquement la femme et enfin, dans le tiers restant, elle concerne les deux.

Chez l’homme

L’infertilité masculine est principalement due à une trop faible production (oligospermie) ou une absence totale (azoospermie) de spermatozoïdes dans le sperme. Une azoospermie peut être due à une absence de production au niveau des testicules ou une obstruction des canaux qui permettent aux spermatozoïdes de migrer. Les spermatozoïdes peuvent également être malformés (tératospermie) ou immobiles (asthénospermie). Les spermatozoïdes ne peuvent alors plus rejoindre l’ovocyte et le pénétrer. L'homme peut également souffrir de problèmes d'éjaculations précoces. Il peut alors éjaculer à la moindre excitation, souvent même avant d'avoir pénétré sa partenaire. La dyspareunie (relation sexuelle douloureuse pour la femme) peut aussi empêcher la pénétration. En cas d'éjaculation rétrograde, le sperme est envoyé vers la vessie et non pas vers l'extérieur. Certains facteurs environnementaux, comme l’exposition aux pesticides ou à la chaleur excessive et trop fréquente des saunas et des jacuzzis, peuvent diminuer la fécondité en affectant la production des spermatozoïdes. Des troubles plus généraux comme l'obésité, la consommation excessive d'alcool ou de tabac limitent aussi la fécondité masculine. Enfin, certains traitements anticancéreux comme la chimiothérapie et la radiothérapie limitent parfois la production de spermatozoïdes.

Chez la femme

Les causes d'infertilité sont là encore multiples. Certaines femmes peuvent souffrir d'anomalies de l'ovulation. L'ovulation peut être inexistante (anovulation) ou de qualité médiocre. Avec ces anomalies, aucun ovocyte n'est produit et la fécondation ne peut donc pas avoir lieu. Les trompes de Fallope, qui se situent entre les ovaires et l'utérus et permettent à l'embryon de migrer jusqu'à la cavité utérine, peuvent être obstruées (par exemple, en cas de salpingite, une inflammation des trompes ou d’un problème d’adhérence à la suite d’une chirurgie). La femme peut souffrir d'endométriose , d'un fibrome utérin ou d'un syndrome des ovaires polykystiques, c’est-à-dire un déséquilibre hormonal qui provoque la présence de kystes sur les ovaires et qui se manifeste par des règles irrégulières et une stérilité. Des médicaments, comme des traitements anticancéreux, peuvent être à l'origine d'infertilité. Des problèmes de thyroïde ainsi qu’une hyperprolactinémie peuvent également en être responsables. Cette élévation du taux de prolactine, hormone présente lors de l'allaitement, peut affecter l'ovulation.

Le diagnostic

En cas d'infertilité, il est nécessaire de tenter de trouver sa cause. Les différents tests proposés peuvent être longs. Les spécialistes commencent par vérifier l'état de santé générale du couple ; ils parlent également de leur vie sexuelle. Dans un tiers des cas environ, l'infertilité du couple reste inexpliquée.

Le test de Huhner est un test à effectuer quelques heures après un rapport sexuel. Il permet de vérifier la qualité de la glaire cervicale, une substance produite par l'utérus qui permet aux spermatozoïdes de mieux se déplacer et atteindre l'utérus.

Chez l'homme, l'un des premiers tests consiste à analyser le contenu du sperme : le nombre de spermatozoïdes, leur mobilité, son aspect, ses anomalies, etc. On parle de spermogramme. En cas d'anomalies détectées, une échographie des organes génitaux ou un caryotype peuvent être demandés. Les médecins vérifient également si l'éjaculation est normale. Des tests hormonaux, comme un dosage de la testostérone, à partir d'un échantillon de sang sont fréquemment réalisés.

Chez la femme, le bon fonctionnement des organes reproducteurs est vérifié. Le médecin s'assure également que le cycle menstruel est normal. Des tests sanguins pour vérifier la quantité d'hormones présentes permettent de s'assurer que la femme ovule bien.  Unehystérosalpingographie permet de bien visualiser la cavité utérine et les trompes de Fallope. Cet examen permet grâce à l'injection d'un produit de contraste, de détecter un éventuel blocage au niveau des trompes. Une laparoscopie, une opération qui permet de visualiser l'intérieur de l'abdomen et donc, les ovaires, les trompes de Fallope et l'utérus, peut être prescrite en cas de suspicion d'infertilité. Elle peut permettre de dépister une endométriose. Une échographie pelvienne permet aussi de détecter des anomalies de l’utérus, des trompes ou des ovaires. Des tests génétiques peuvent se révéler nécessaires afin de dépister une origine génétique à l'infertilité.

Les symptômes 

  • Incapacité pour un couple de concevoir un enfant après une année de rapports sexuels non protégés

Dans certains cas, les symptômes de l'infertilité sont :

  • Cycles menstruels anormaux ;
  • Dysfonction érectile ;
  • Douleurs au niveau des testicules.

Parfois, l'infertilité d'un couple reste sans symptômes et inexpliquée.

Les facteurs de risque 

Il existe différents facteurs de risque à l'infertilité comme :

  • L'âge. Chez la femme, la fertilité diminue dès l'âge de 30 ans. Ceci peut être expliqué par le fait que les ovules produits à cet âge comportent plus fréquemment des anomalies génétiques. Les hommes âgés de plus de 40 ans peuvent également avoir une baisse de la fertilité.
  • Le tabac. Fumer réduit les chances pour un couple de concevoir un enfant. Les fausses couches seraient également plus fréquentes chez les fumeuses.
  • L'alcool.
  • La consommation excessive de caféine.
  • Le surpoids.
  • Une maigreur excessive. Souffrir de troubles de l'alimentation comme l'anorexie par exemple peut troubler le cycle menstruel de la femme et réduire ainsi sa fertilité.
  • Une activité physique très importante peut perturber l'ovulation.

La prévention

Il est difficile de prévenir l'infertilité. Cependant, l'adoption d'une bonne hygiène de vie (éviter de consommer de façon excessive de l'alcool ou du café, ne pas fumer, ne pas être en surpoids, pratiquer une activité physique raisonnable régulièrement, etc.) peut contribuer à améliorer la fertilité de l'homme et de la femme et donc du couple.

La fréquence optimale  des rapports sexuels pour concevoir un enfant serait entre 2 et 3 fois par semaine. Des relations sexuelles trop fréquentes pourraient détériorer la qualité du sperme.

Une consommation plus modérée d’acides gras trans pourrait également jouer sur la fertilité. Une consommation excessive de ces graisses augmenterait le risque d'infertilité chez la femme1.

Les traitements médicaux

Les traitements proposés dépendent évidemment des causes de l'infertilité trouvées lors des investigations médicales. Ils s'adaptent également à l'âge du couple, à ses antécédents médicaux et aux nombres d'années durant lesquelles ils ont souffert d'infertilité. Malgré la variété des traitements existants, certaines causes d'infertilité ne peuvent être corrigées.

Chez l'homme, des médicaments ou une thérapie comportementale peuvent soigner certainstroubles de l'éjaculation et permettre à son couple de concevoir un enfant. S’il y a un nombre insuffisant de spermatozoïdes dans le sperme, des hormones peuvent être prescrites pour corriger ce problème ou une chirurgie peut parfois être proposée (pour corriger un varicocèle, une dilatation des veines du cordon spermatique, situé dans les testicules, par exemple).

Chez la femme, des traitements hormonaux en cas de troubles du cycle menstruel peuvent être efficaces. Des traitements comme le clomifène citrate (Clomid, par voie orale) sont prescrits pourstimuler l'ovulation. Ce médicament est efficace en cas de dérèglement hormonal puisqu'il agit surl’hypophyse, une glande qui sécrète les hormones qui déclenchent l'ovulation. Plusieurs autres hormones peuvent être prescrites par injection pour stimuler l’ovulation (voir notre fiche FIV). En cas d’hyperprolactinémie, de la bromocriptine peut également être prescrite.

Dans certains cas, une opération chirurgicale peut être nécessaire. Si les trompes de Fallope sont obstruées, une opération peut remédier à ce trouble. En cas d'endométriose, des médicaments pour stimuler l'ovulation ou une fécondation in vitro peut être nécessaire pour espérer concevoir un enfant.

Les techniques de procréation médicalement assistée se révèlent donc parfois nécessaires en cas d'infertilité. La fécondation in vitro est la technique de procréation assistée la plus fréquemment utilisée. Les spermatozoïdes de l'homme sont mis en présence de l’ovule de la femme, en laboratoire, puis l’embryon est réimplanté dans l’utérus de la future mère (FIV).

Références

Bibliographie
MayoClinic : Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions - Infertility. www.mayoclinic.com
Update. Infertility, http://www.uptodate.com
http://www.womenshealth.gov
 Notes
1. Chavarro JE, Rich_Edwards JW, et al. Dietary fatty intakes and the risk of ovulatory infertility, Am J Clin Nutr, 2007;85:231-7
2. Pei J, Strehler E, Noss U, Abt M, Piomboni P, Baccetti B, Sterzik K. Quantitative evaluation of spermatozoa ultrastructure after acupuncture treatment for idiopathic male infertility. Fertil Steril. 2005 Jul;84(1):141-7
3. INSERM, http://www.inserm.fr/actualites/rubriques/actualites-recherche/apres-un-an-d-essais-pres-d-un-quart-des-couples-infertiles