Le syndrome prémenstruel (SPM) est un ensemble de symptômes physiques et émotionnels qui surviennent habituellement de 2 à 7 jours avant les règles (parfois jusqu’à 14 jours). Ils prennent généralement fin avec l’arrivée des règles ou dans les quelques jours qui les suivent.
Les symptômes les plus courants sont une fatigue prononcée, les seins sensibles et gonflés, ungonflement du bas-ventre, des maux de tête et de l’irritabilité.
L’intensité des symptômes ainsi que leur durée varient beaucoup d’une femme à l’autre.
Combien de femmes touchées?
Près de 75 % des femmes fécondes éprouvent des symptômes légers à la veille ou au moment de leurs règles, comme des crampes légères de l’utérus. Cela ne les empêche pas de poursuivre leurs activités normales et c’est, somme toute, peu incommodant. De 20 % à 30 % des femmes ont des symptômes suffisamment intenses pour interférer avec leurs activités quotidiennes38.
Le trouble dysphorique prémenstruel (TDP) désigne un syndrome prémenstruel dont les manifestations psychologiques sont très prononcées. Il toucherait de 2 % à 6 % des femmes38.
Diagnostic
Les critères pour établir le diagnostic de syndrome prémenstruel sont longtemps restés mal définis. Une nouvelle classification de l’International Society for Premenstrual Disorders (ISPMD) clarifie la situation. Ainsi, il a été établi que pour poser un diagnostic de syndrome prémenstruel, les symptômes doivent s’être manifestés au cours de la majorité des cycles menstruels de la dernière année écoulée. En outre, les symptômes doivent être totalement absents durant au moins 1 semaine par mois.
Certaines situations peuvent de prime abord être confondues avec un syndrome prémenstruel, comme la préménopause et la dépression.
Causes
On comprend encore mal les causes exactes de ce phénomène. On sait que le syndrome prémenstruel est lié à l’ovulation et au cycle menstruel. L’une des explications est la fluctuation hormonale typique de la deuxième partie du cycle menstruel : tandis que la sécrétion d’oestrogènesbaisse, celle de la progestérone augmente, puis chute à son tour en l’absence de grossesse. Les oestrogènes provoquent un gonflement des seins et une rétention d’eau, que la progestérone atténue normalement. Toutefois, s’il y a un excès d’estrogènes ou une insuffisance de progestérone, il se produit une tension douloureuse dans les seins. Par ailleurs, les fluctuations de ces 2 hormones sont perçues par le cerveau et peuvent expliquer les symptômes psychologiques. Il pourrait aussi y avoir une fluctuation des neurotransmetteurs dans le cerveau (lasérotonine, en particulier), suivant les
fluctuations hormonales du cycle menstruel.
Les symptômes du syndrome prémenstruel
La plupart des femmes ayant un syndrome prémenstruel peuvent ressentir plusieurs des symptômes mentionnés ici, mais pas nécessairement tous.
- Des symptômes d’ordre émotionnel : humeur changeante, irritabilité, anxiété, difficulté à se concentrer, sensation d’abattement ou de dépression;
- Une fatigue prononcée;
- Des troubles du sommeil (insomnie ou hypersomnie);
- Des maux de tête ou des migraines;
- Une baisse du désir sexuel;
- Des fringales pour des aliments sucrés ou salés;
- Des crampes abdominales (en raison de spasmes de l’utérus);
- Des douleurs musculaires, en particulier au bas du dos;
- Des symptômes causés par de la rétention d’eau : gonflement du bas-ventre, seins sensibles et gonflés, mal de jambes ou jambes lourdes, prise de poids;
- Une poussée d’acné.
Le syndrome prémenstruel peut intensifier les symptômes d’autres problèmes de santé. Des migraines ou des douleurs chroniques peuvent être plus fortes et difficiles à supporter mais aussi des crises d’asthme, d’épilepsie ou des allergies.
Les personnes à risque et facteurs de risque du syndrome prémenstruel
Personnes à risque
Les femmes ayant des antécédents familiaux de syndrome prémenstruel (une mère ou une soeur atteinte).
Facteurs de risque
Les facteurs suivants augmenteraient le risque de souffrir du syndrome prémenstruel ou en aggraveraient les symptômes.
- Le tabagisme;
- La sédentarité;
- Le manque de sommeil;
- L’obésité;
- Une alimentation trop riche en caféine et en alcool (qui agissent sur la sensibilité du cerveau au stress), en viande rouge, en sucre (glucides) et pauvre en calcium.
Notez que le stress peut accentuer les symptômes du syndrome prémenstruel.
La prévention du syndrome prémenstruel
Mesures pour prévenir les symptômes du SPM ou les atténuer
Exercice physique
L’exercice pratiqué régulièrement, tout au long du mois (de 20 à 30 minutes par jour, de 3 à 5 fois par semaine) et non seulement les quelques jours que durent les symptômes prémenstruels, entraîne une amélioration générale.
Les exercices aérobiques (marche, natation, bicyclette, jogging, danse, etc.), en particulier, augmentent l’irrigation sanguine des différents organes et aident ainsi à régulariser la fluctuation des hormones sexuelles. En plus d’apporter une sensation de bien-être et du plaisir, l’activité physique permet de libérer le trop-plein d’énergie accumulé en cas de stress ou au contraire, de refaire le plein, le cas échéant.
Alimentation
- Prendre quotidiennement 3 repas équilibrés, à des heures régulières, sans sauter de repas. Cela permet de maintenir un taux de sucre stable;
- Avoir un bon apport quotidien en calcium et en magnésium. Pour savoir quels aliments en renferment et quels sont les apports nutritionnels recommandés, consultez nos fiches Calcium et Magnésium;
- S’il y a lieu, réduire sa consommation de caféine sous toutes ses formes (café, thé, chocolat, crème glacée au café, boissons gazeuses de type cola, boissons énergétiques, chocolat chaud, etc.);
- Consommer des aliments riches en glucides lents et en fibres alimentaires (comme le pain complet, les fruits et légumes, les pâtes et les céréales entières). Cela prévient les fringales de sucre. L’excès de sucre raffiné (biscuits, pâtisseries et autres desserts préparés dans le commerce, pains à farine blanche, céréales sucrées, etc.) provoque une montée rapide suivie d’une chute abrupte du taux de glucose sanguin, ce qui perturbe le métabolisme;
- S’il y a lieu, réduire sa consommation de sel. On pallie ainsi les problèmes de rétention d’eau. En effet, quand on ingère beaucoup de sel, les reins réagissent en retenant l’eau afin de maintenir une concentration de sodium stable dans le corps. Remplacer le sel de table par des fines herbes ou des épices. Consommer avec modération les plats déjà préparés, les croustilles, les sauces et les soupes commerciales, etc.
Stress : le combattre
Étant donné le climat de tension que le syndrome prémenstruel provoque, il est souhaitable de ne pas surcharger son horaire durant les jours critiques. Tenter de trouver des solutionspour mieux affronter les situations qui génèrent du stress (réorganiser son horaire, régler un conflit, etc.). Toute approche qui procure un état de relaxation est un complément utile (respiration profonde, méditation, yoga, massages, etc.)39.
Les traitements médicaux du syndrome prémenstruel
L’efficacité des traitements varie d’une femme à l’autre. Des solutions peuvent fonctionner à merveille pour certaines femmes et ne donner aucun résultat pour d’autres. Il faut parfois essayer quelques traitements avant de trouver celui qui convient. Une période d’essai de 3 mois est suggérée.
Habitudes de vie
Les changements d’habitudes de vie proposés dans la section Prévention suffisent souvent à assurer un certain confort aux femmes qui ont des symptômes légers ou modérés.
Médicaments
Lorsque la bonne hygiène de vie ne suffit pas à soulager les symptômes, des médicaments peuvent être utilisés. Néanmoins, la stratégie médicamenteuse doit toujours être combinée à une bonne hygiène de vie.
Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS). Ils soulagent les crampes et réduisent la sensibilité des seins. Pour être efficaces, ils doivent être pris durant la semaine précédant les menstruations ainsi que les premiers jours des menstruations. L’ibuprofène (Advil®, Motrin®) et le naproxène (Anaprox®, Naprosyn®) sont les plus utilisés dans ces situations.
Attention. Les AINS ne doivent pas être utilisés en même temps que les diurétiques (voir plus loin).Contraceptifs oraux en continu. En plus d’agir comme contraception, il s’agit d’un bon moyen de suspendre le syndrome prémenstruel car l’ovulation est empêchée. Cette option est intéressante, par exemple, en cas de migraines intenses à la fin du cycle ou pendant les règles. Toutes les pilules peuvent être prises en continu mais certaines ont été conçues à cet effet (par exemple, Seasonale®).
Timbres d’oestrogènes et progestatifs. La prise d’oestrogènes s’est montrée efficace pour plusieurs femmes. Elle doit s’accompagner de la prise d’un progestatif afin d’éviter les effets secondaires des oestrogènes pris isolément. Cette méthode n’est pas contraceptive et il est déconseillé d’entreprendre une grossesse au moment où on utilise des oestrogènes sous forme de timbres. Il faut donc avoir recours à un moyen de contraception lors des relations sexuelles (par exemple, des préservatifs ou un stérilet Mirena®).
Antidépresseurs. Deux familles d’antidépresseurs, les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la norépinéphrine, peuvent soulager efficacement certains symptômes du syndrome prémenstruel (plus particulièrement l’irritabilité). Il est généralement suggéré de prendre les antidépresseurs durant les 2 semaines qui précèdent les règles. Le dosage est plus faible que pour le traitement de la dépression.
Diurétiques. Ces médicaments favorisent l’élimination des liquides et peuvent diminuer les symptômes liés à la rétention d’eau (prise de poids, mal aux jambes ou jambes lourdes, etc.). Étant donné leurs effets indésirables potentiellement importants, ils ne sont presque plus utilisés en traitement du syndrome prémenstruel, sauf en de rares cas. La spironolactone (Aldactone®) est le seul diurétique à être utilisé pour cette indication. Un régime pauvre en sel suffit souvent à limiter la rétention d’eau.
Anxiolytiques. Autrefois proposés, les anxiolytiques (par exemple, l’alprazolam et la buspirone) sont aujourd’hui fortement déconseillés car ils sont moins efficaces que les antidépresseurs et peuvent créer une dépendance ou d’autres effets indésirables.
En cas de symptômes très intenses qui ne sont pas soulagés par les autres méthodes, il est possible de recourir à des médicaments qui font cesser les règles (des androgènes, comme le danazol ou des analogues de la Gn-RH). Il s’agit d’hormones qui provoquent une ménopause temporaire. La durée du traitement ne dépasse pas 6 mois. En dernier recours, certaines femmes optent pour l’ablation des ovaires par chirurgie.
Suppléments alimentaires
Les médecins recommandent de plus en plus la prise de suppléments de calcium et de magnésium aux femmes qui souffrent de syndrome prémenstruel car des études ont démontré que ces minéraux avaient des effets bénéfiques (voir la section Approches complémentaires). Les chercheurs pensent que le syndrome prémenstruel pourrait être, en partie, la manifestation d'une carence en calcium.
Références
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