L'anémie ferriprive
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L'anémie ferriprive

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 1583

Anémie ferripriveL’anémie ferriprive : qu’est-ce que c’est ?

L’anémie se caractérise par une diminution du nombre de globules rouges dans le sang ou de leur teneur en hémoglobine. Les principaux symptômes, lorsqu’il y en a, sont la fatigue, un teint pâle et un essoufflement plus prononcé à l’effort.

L’anémie ferriprive survient en raison d’une carence en fer. Le fer se lie au pigment « hème » de l’hémoglobine qui apporte l’oxygène aux cellules du corps. L’oxygène est un élément essentiel aux cellules pour qu’elles puissent produire de l’énergie et accomplir leurs fonctions.

L’anémie ferriprive est le plus souvent causée par des pertes de sang aiguës ou chroniques ou par un manque de fer dans l’alimentation. En effet, l’organisme ne peut synthétiser le fer et doit donc le puiser dans les aliments. Plus rarement, elle peut être attribuable à des problèmes d’utilisation du fer dans la fabrication de l’hémoglobine.

Prévalence

L’anémie ferriprive est la forme d’anémie la plus répandue. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, plus de 30 % de la population mondiale souffre d’anémie1. La moitié de ces cas serait attribuable à une carence en fer, notamment dans les pays en voie de développement.

En Amérique du Nord et en Europe, on estime que de 4 % à 8 % des femmes en âge de procréer ont une carence en fer3. Les estimations peuvent varier, car les critères utilisés pour définir la carence en fer ne sont pas partout les mêmes. Chez les hommes et les femmes ménopausées, la carence en fer est plutôt rare.

Aux États-Unis et au Canada, certains produits alimentaires raffinés, comme la farine de blé, les céréales à déjeuner, le riz précuit et les pâtes alimentaires, sont enrichis en fer afin de prévenir les carences.

Diagnostic

Étant donné que les symptômes de l’anémie ferriprive pourraient être attribuables à un autre problème de santé, l’analyse en laboratoire d’un échantillon de sang doit être faite pour pouvoir poser un diagnostic. Un hémogramme (formule sanguine complète) est habituellement prescrit par le médecin.

Ces 3 mesures permettent de dépister une anémie. En cas d’anémie ferriprive, les résultats suivants se situent sous les valeurs normales.

  • Le taux d’hémoglobine : la concentration d’hémoglobine dans le sang, exprimée en grammes d’hémoglobine par litre de sang (g/l) ou par 100 ml de sang (g/100 ml ou g/dl).
  • Le taux d’hématocrite : le rapport, exprimé en pourcentage, du volume qu’occupent les globules rouges d’un échantillon de sang (passé à la centrifugeuse) sur le volume de sang total que contient cet échantillon.
  • Le compte de globules rouges : le nombre de globules rouges contenus dans un volume de sang donné, normalement exprimé en millions de globules rouges par microlitre de sang.

Valeurs normales

Paramètres

Femme adulte

Homme adulte

Taux d'hémoglobine normal (en g/L)

138 ± 15

157 ± 17

Taux d’hématocrite normal (en %)

40,0 ± 4,0

46,0 ± 4,0

Compte de globules rouges (en million/µl)

4,6 ± 0,5

5,2 ± 0,7

Remarque. Ces valeurs correspondent à la norme pour 95 % des gens. Cela signifie que 5 % des individus ont des valeurs « hors normes » tout en étant en bonne santé. Par ailleurs, il se peut que des résultats qui se situent aux limites inférieures de la normale traduisent un début d’anémie s’ils sont habituellement plus élevés.

D’autres analyses sanguines permettent de confirmer le diagnostic d’anémie ferriprive :

  • Le taux de transferrine : la transferrine est une protéine capable de fixer le fer. Elle le transporte aux tissus et aux organes. Divers facteurs peuvent agir sur le taux de transferrine. En cas de carence en fer, le taux de transferrine augmente.
  • Le taux de fer sérique : cette mesure permet de vérifier si la hausse du taux de transferrine est bien causée par une carence en fer. Elle détecte précisément la quantité de fer en circulation dans le sang.
  • Le taux de ferritine : donne une estimation des réserves de fer. La ferritine est une protéine qui sert à emmagasiner le fer dans le foie, la rate et la moelle osseuse. En cas de carence en fer, sa valeur diminue.
  • L’examen d’un frottis sanguin par un hématologiste, pour observer la taille et l’aspect des globules rouges. En cas d’anémie ferriprive, ceux-ci sont petits, pâles et de forme très variable.

Remarque. Le taux normal d’hémoglobine est probablement différent d’une personne à une autre et d’un groupe ethnique à un autre. La norme la plus fiable serait celle de l’individu, soutient Marc Zaffran, médecin. Ainsi, si l’on retrouve à la fois une différence marquée entre 2 examens pratiqués à des moments distincts et la présence de symptômes (pâleur, essoufflement, accélération du rythme cardiaque, fatigue, saignements digestifs, etc.), cela devrait attirer l’attention du médecin. Par contre, une personne qui semble avoir une anémie modérée d’après la mesure de l’hémoglobine sanguine mais qui ne présente aucun symptôme n’a pas nécessairement besoin d’un apport en fer, surtout si les résultats sanguins ont été stables durant plusieurs semaines, précise Marc Zaffran.

Complications possibles

Une anémie légère n’a pas de conséquence majeure sur la santé. S’il n’ya pas d’autres problèmes de santé, les symptômes physiques au repos ne sont ressentis que pour une valeur d’hémoglobine inférieure à 80 g/l (si l’anémie s’est installée de façon progressive).

Toutefois, si elle n’est pas traitée, son aggravation peut entraîner de graves problèmes :

  • des troubles cardiaques : un effort accru est demandé au muscle cardiaque, dont le rythme de contraction augmente; une personne ayant un trouble coronarien s’expose à un risque accru d’angine de poitrine.
  • pour les femmes enceintes : un risque accru de naissance prématurée et de bébé de faible poids à la naissance.

Les symptômes de l’anémie ferriprive

La plupart des personnes ayant une anémie ferriprive légère ne le remarquent pas. Les symptômes dépendent en grande partie de la vitesse à laquelle l’anémie s’est installée. Lorsque l’anémie apparaît progressivement, les symptômes sont moins évidents.

  • Une fatigue anormale
  • Le teint pâle
  • Un pouls rapide
  • Un essoufflement plus prononcé à l’effort
  • Les mains et les pieds froids
  • Des maux de tête
  • Des étourdissements
  • Une diminution des performances intellectuelles

Les personnes et facteurs de risque d'une anémie ferriprive

Personnes à risques

  • Les femmes en âge de procréer, qui ont des menstruations très abondantes, car il y a perte de fer dans le sang menstruel.
  • Les femmes enceintes et celles qui ont des grossesses multiples et rapprochées.
  • Les adolescentes.
  • Les enfants, surtout de 6 mois à 4 ans.
  • Les personnes atteintes d’une maladie qui entraîne une malabsorption du fer : la maladie de Crohn ou la maladie coeliaque, par exemple.
  • Les personnes ayant un problème de santé qui cause des pertes de sang de façon chronique dans les selles (non visibles à l’oeil) : un ulcère gastroduodénal, des polypes bénins au côlon ou un cancer colorectal, par exemple.
  • Les personnes végétariennes, surtout si elles ne consomment aucun produit de source animale (régime végétalien).
  • Les bébés qui ne sont pas allaités.
  • Les personnes qui consomment régulièrement certains médicaments, comme des antiacides de type inhibiteurs de la pompe à protons pour soulager des brûlures d’estomac. L’acidité de l’estomac transforme le fer alimentaire en une forme assimilable par l’intestin. L’aspirine et les anti-inflammatoires non stéroïdiens peuvent aussi, à long terme, causer des saignements dans l’estomac.
  • Les personnes souffrant d’insuffisance rénale, surtout celles sous dialyse.

Facteurs de risque

  • Un manque de fer dans l’alimentation.

La prévention de l’anémie ferriprive

Mesures de dépistage

  • Le dépistage systématique de la carence en fer est recommandé aux femmes enceintes.
  • Si le médecin soupçonne une carence en fer chez un patient en se basant sur ses symptômes, il lui propose une analyse sanguine.

Mesures préventives de base

Manger régulièrement des aliments riches en fer

Le fer existe sous deux formes principales : le fer héminique, présent dans les aliments de source animale, est facilement métabolisé par l'organisme, tandis que le fer non héminique(présent dans les aliments de source végétale) est moins bien absorbé. La différence d'absorption est attribuable à la présence d'acide phytique et de tannins dans les végétaux.

Normalement, une alimentation saine et variée fournit suffisamment de fer. Le foie de viande ou de volaille, les palourdes, le rôti de boeuf, la dinde hachée et les sardines sont d’excellentes sources de fer héminique, tandis que les fruits séchés, la mélasse, les grains entiers, les légumineuses, les légumes verts, les noix et les graines renferment uniquement du fer non héminique.

Un homme de 70 kg a des réserves en fer pour environ 4 ans. Pour la femme, en raison des menstruations, les réserves en fer ont une durée beaucoup plus courte : une femme de 55 kg a des réserves pour environ 6 mois.

Pour connaître d’autres sources alimentaires de fer ainsi que les apports quotidiens recommandés, consultez notre fiche Fer. Faites aussi notre test Manquez-vous de fer?.

Remarque. Les adeptes du végétarisme ne consomment pas toujours la quantité de fer requise. Étant donné que le fer des aliments du règne végétal est moins bien absorbé que celui du règne animal, on recommande aux végétariens de consommer un aliment riche en vitamine C (poivron rouge, brocoli, choux de Bruxelles, jus d’orange, etc.) durant les repas pour améliorer l’absorption du fer. Certaines personnes pourraient avoir intérêt à prendre unsupplément de fer. En cas de doute, consulter un professionnel de la santé.

Mesures pour prévenir les récidives

Les personnes qui ont déjà eu de l’anémie sont plus à risque d’en avoir de nouveau (selon la cause). Les mesures suivantes peuvent réduire ce risque.

Suppléments

Pour certaines personnes, la prise d’un supplément de fer ou d’une multivitamines renfermant du fer est utile pour maintenir les réserves. Ils doivent être pris uniquement sur les conseils d’un professionnel de la santé, étant donné les risques associés à la surdose.

Alimentation

Il importe d’être très vigilant. Par exemple, en plus de consommer régulièrement des aliments de source animale avec une source de vitamine C, il est recommandé aux personnes qui boivent du thé ou du café de ne pas le faire au moment des repas. Il vaut mieux prendre ces boissons une heure avant le repas ou deux heures après. Le thé et le café contiennent des tannins qui nuisent à l'absorption du fer contenu dans les aliments.

Voir d’autres conseils de la nutritionniste Hélène Baribeau dans la Diète sur mesure: Anémie.

Contraceptifs oraux

Si les menstruations abondantes sont à l’origine de l’anémie, la prise de contraceptifs oraux peut être utile, puisqu’ils réduisent le flux menstruel.

Les traitements médicaux de l’anémie ferriprive

Attention. Le traitement de l’anémie ferriprive doit se faire sous la surveillance d’un médecin, car un excès de fer peut entraîner des problèmes de santé importants (troubles cardiovasculaires, problèmes au foie, diabète). En quantité trop importante, le fer se dépose dans le foie, le coeur, le pancréas et d’autres organes. De plus, une anémie ferriprive légère pourrait être le symptôme d’un autre problème de santé qu’il est important de découvrir.

Avant tout, il est important qu'un médecin détermine la cause exacte des pertes de fer. S’il y a un problème de santé sous-jacent, celui-ci sera soigné en priorité.

L'anémie ferriprive, diagnostiquée par des tests sanguins et l’évaluation des symptômes, se traite par la prise de suppléments de fer. Le traitement peut durer plusieurs mois. La supplémentation doit être poursuivie de 2 à 3 mois après la correction de l’anémie, afin de reconstituer les réserves en fer de l’organisme.

La consommation d’aliments riches en fer est un complément utile au traitement. Cependant, elle est rarement suffisante pour corriger le problème, répondre aux besoins quotidiens en fer et reconstruire les réserves.

Suppléments de fer

Le dosage quotidien recommandé aux adultes qui ont une carence est de 150 mg à 200 mg de fer par jour. L’une ou l’autre des formes de fer suivantes peut être employée.

  • Fumarate ferreux : 106 mg de fer par comprimé (Euro-fer®, Palafer®, Ferrate®)
  • Sulfate ferreux : 65 mg de fer par comprimé ou 44 mg par cuillère à thé (Apo-Ferrous Sulfate®, Fer-In-Sol®, PMS-Ferrous Sulfate®, etc.)
  • Gluconate ferreux : 28 mg à 36 mg de fer par comprimé (Apo-Ferrous Gluconate®, Novo-ferrogluc®)

Il est déconseillé de prendre des comprimés entérosolubles, c’est-à-dire qui résistent à l’acidité de l’estomac et se dissolvent dans l’intestin. La pellicule qui entoure ce type de comprimés retarde leur dissolution et nuit à l’absorption du fer.

Comment prendre les suppléments

  • Le fer est mieux absorbé lorsque l’estomac est vide : une heure avant un repas ou deux heures après. En effet, certains aliments peuvent réduire l’absorption du fer. Ce même intervalle devrait être respecté pour le café et le thé (surtout le thé noir - le thé vert contient moins de tannins).
  • Pour maximiser l’absorption du fer, prendre le supplément avec du jus d’orange ou un supplément de vitamine C de 250 mg.
  • Les suppléments de fer interagissent avec de nombreux médicaments ainsi qu’avec les suppléments de calcium. Informez votre médecin des médicaments que vous prenez. Il vous suggérera un intervalle de temps à respecter pour prévenir l’interaction.

Effets indésirables possibles. La supplémentation en fer peut causer de la constipation, des douleurs abdominales ou des nausées. Les personnes qui ont des malaises digestifs peuvent tenter diverses solutions :
- prendre le supplément avec les repas;
- réduire la dose;
- opter pour du sulfate ferreux sous forme liquide, généralement mieux toléré.
En cas de constipation, manger davantage de fibres et augmenter sa consommation d’eau est parfois suffisant. Par ailleurs, la supplémentation en fer rend les selles noires.

Précaution. Tenir les suppléments de fer hors de la portée des enfants. Chaque année, au Canada et aux États-Unis, des enfants s'intoxiquent, parfois mortellement.

Si le fer ne peut être absorbé par la voie digestive, comme cela est le cas pour certaines personnes atteintes d’une maladie intestinale, il est injecté par voie intraveineuse. Des transfusions de sangpeuvent être nécessaires en cas d’anémie grave.

Alimentation

Voir les conseils dans la section Prévention.

Références

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Bibliographie

Agence de la santé publique du Canada. Guide canadien de médecine clinique préventive. [Consulté le 9 août 2011]. www.phac-aspc.gc.ca
Ask DrWeil, Polaris Health (Ed). Health Conditions - Anemia, DrWeil.com. [Consulté le 9 août 2011]. www.drweil.com
Association médicale canadienne. Encyclopédie médicale de la famille, Sélection du Reader's Digest, Canada, 1993.
Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions – Iron Deficeincy Anemia, MayoClinic.com. [Consulté le 10 août 2011]. www.mayoclinic.com
Medscape Reference. Drugs, Diseases and Procedures. Iron Deficiency Anemia. Medscape. [Consulté le 23 août 2011]. http://emedicine.medscape.com/
National Library of Medicine (Ed). PubMed, NCBI. [Consulté le 9 août 2011]. www.ncbi.nlm.nih.gov
Natural Standard (Ed). Medical Conditions - Anemia, Nature Medicine Quality Standards. [Consulté le 9 août 2011]. www.naturalstandard.com
Organisation mondiale de la Santé. Thèmes de santé – Anémie, OMS. [Consulté le 9 août 2011]. www.who.int
Services Québec
UpToDate. Patient Information – Iron deficiency anemia. [Consulté le 9 août 2011]. www.uptodate.com

Notes

1. Organisation mondiale de la Santé. Programmes and projects - Nutrition – Micronutrient deficiency – Iron deficeincy anaemia, OMS. [Consulté le 9 août 2011]. www.who.int
2. Organisation mondiale de la Santé. Thèmes de santé - Anémie – Worldwide prevalence of anaemia 1993-2005, OMS. [Consulté le 9 août 2011]. www.who.int
3. Medscape Reference. Drugs, Diseases and Procedures. Iron Deficiency Anemia. Medscape. [Consulté le 23 août 2011]. http://emedicine.medscape.com/