Les troubles bipolaires (maniaco-dépression)
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Les troubles bipolaires (maniaco-dépression)

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 1134

Les troubles bipolaires (maniaco-dépression)Le trouble bipolaire est un trouble grave de l’humeur, caractérisé par une alternance de phases « d’exaltation de l’humeur », avec une augmentation de l’énergie et une hyperactivité, et des phases de baisse d’humeur (état dépressif).
Ces épisodes « maniaco-dépressifs » sont entrecoupés de périodes pendant laquelle l’humeur est normale et stable, pendant des durées variables1.

Au cours des épisodes « maniaques », la personne est irritable, hyperactive, ressent peu le besoin de dormir, parle beaucoup, et présente souvent une estime d’elle-même exagérée, voire un sentiment de toute-puissance. À l’inverse, lors des épisodes dépressifs, son niveau d’énergie est anormalement bas, son humeur est maussade, triste, avec une perte d’intérêt pour les diverses activités et projets. 

Il s’agit d’une des maladies psychiatriques les plus fréquentes, touchant de 1 à 2,5% de la population. La maladie apparaît généralement chez les adultes jeunes (moins de 25 ans) et devient récurrente. Le premier épisode est suivi d’autres épisodes de troubles de l’humeur dans 90% des cas.

C’est un trouble qui entraine de nombreux handicaps sociaux, professionnels et affectifs et qui peut conduire fréquemment à des tentatives de suicide. Il a été reconnu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) comme la septième cause de handicap par année de vie chez les 15 à 44 ans, parmi toutes les maladies.

Evolution

Les troubles bipolaires sont caractérisés par une succession d’épisodes et des rechutes fréquentes, même sous traitement.

Le risque de suicide reste la principale crainte associée à cette maladie. Par ailleurs, pour des raisons biologiques encore mal comprises, les troubles bipolaires sont fréquemment associés à une augmentation du risque cardio-vasculaire, à des maladies métaboliques et hormonales.

Les études montrent que, pour toutes ces raisons, l’espérance de vie des patients atteints de bipolarité est inférieure de 10 à 11 ans en moyenne à l’espérance de vie du reste de la population2.

Les symptômes des troubles bipolaires (maniaco-dépression)

Cette maladie, anciennement appelée psychose maniaco-dépressive ou maniaco-dépression, se présente sous de nombreuses formes. Ainsi, les troubles bipolaires peuvent être accompagnés ou non par des symptômes psychotiques (comme des hallucinations, des délires). Ils peuvent être, selon la HAS:

  • hypomaniaques (symptômes similaires mais moins intenses que lors d’un épisode dit « maniaque »);
  • maniaques sans symptômes psychotiques ;
  • maniaques avec des symptômes psychotiques ;
  • dépressifs légers ou modérés ;
  • dépressifs sévères sans symptômes psychotiques ;
  • dépressifs sévères avec des symptômes psychotiques
  • mixtes (manie et dépression combinées) sans symptômes psychotiques ;
  • mixtes avec des symptômes psychotiques.

La version la plus récente du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le DSM-V, parue en 2014, propose de catégoriser les différents types de troubles bipolaires comme suit :

  • troubles bipolaires de type I, caractérisés par la présence d’au moins un épisode maniaque ou mixte.
  • troubles bipolaires de type II, caractérisés par la survenue d’un ou de plusieurs épisodes dépressifs majeurs et d’au moins un épisode d’hypomanie.
  • trouble bipolaire non spécifié.

Si l’évolution de la maladie est assez caractéristique, les symptômes individuels varient d’une personne à l’autre. Chez certains, les symptômes de la dépression primeront sur tout le reste, alors que chez d’autres l’agitation, l’excès d’énergie voire l’agressivité domineront.

La phase de manie se caractérise par une humeur expansive, une augmentation de l’estime de soi, des idées de grandeur.

Généralement, la personne en phase maniaque ressent le besoin de parler constamment, d’exposer ses innombrables idées, déborde d’énergie et mène plusieurs projets ou activités en même temps. Son besoin de sommeil est réduit (elle se sent reposée après 3 ou 4 heures de sommeil) et elle est facilement irascible. Cette période dure au moins une semaine, est présente tout au long de la journée presque tous les jours.

L’hypomanie se manifeste par le même type de symptômes, avec une énergie persistante élevée mais plus « normale ».

Lors des phases de dépression, on note une diminution de l’intérêt ou du plaisir pour presque toutes les activités quotidiennes, un ralentissement psychomoteur (ou, parfois, une agitation), une fatigue importante, et éventuellement une culpabilité ou une dévalorisation excessive, une diminution de la capacité de concentration. Des pensées suicidaires peuvent survenir. Selon certaines études, le pourcentage de tentatives de suicide varie entre 20 et 50% (HAS Juin 2014).

Ces symptômes ne sont pas forcément tous présents, mais les critères diagnostiques reposent sur la présence d’une combinaison significative de plusieurs d’entre eux. Chez près de trois quarts des personnes bipolaires, il existe d’autres troubles comme une anxiété, une dépendance à l’alcool ou à d’autres substances, etc1.

Il est important de noter que les troubles bipolaires sont de sévérité variable, et que les manifestations peuvent être plus ou moins évidentes pour l’entourage. Il existe encore trop souvent un retard de diagnostic, ou une confusion entre la dépression « classique » et l’état maniaco-dépressif.

Qui peut être atteint et quelles sont les causes des troubles bipolaires (maniaco-dépression) ?

Les causes des troubles bipolaires sont encore inconnues. Elles sont probablement multifactorielles, faisant intervenir des facteurs génétiques et environnementaux.

D’un point de vue biologique, on sait qu’il existe des anomalies au niveau des neurotransmetteurs dans le cerveau des personnes atteintes. Ainsi, les épisodes de manie sont associés à un taux anormalement élevé de noradrénaline.

Des facteurs génétiques sont également incriminés : le risque d’être atteint de trouble bipolaire est plus grand lorsqu’une personne de la famille est déjà atteinte4.

Enfin, des éléments extérieurs peuvent favoriser ou déclencher la maladie. C’est le cas des événements traumatiques qui surviennent tôt dans la vie, ainsi que de nombreux autres  facteurs de stress ou de changement (saisons, grossesses, fluctuations hormonales)5.

Les traitements médicaux des troubles bipolaires (maniaco-dépression)

Il n’est pas possible de prévenir l’apparition de cette maladie. En revanche, plusieurs habitudes et mesures d’hygiène de vie peuvent limiter la gravité des symptômes, dans une certaine mesure, et aider à stabiliser l’humeur.

Il est par exemple important :

  • d’avoir un rythme régulier de sommeil et des nuits suffisamment longues
  • de pratiquer une activité physique régulière
  • d’éviter la consommation de tabac, de cannabis, d’alcool et d’autres drogues
  • de s’entourer et d’essayer d’éviter les situations de stress (ou s’y préparer)

Les traitements médicaux

Le traitement des troubles bipolaires vise un double objectif : celui d’atténuer les symptômes en cas d’épisode aigu (qu’il soit maniaque ou dépressif), et celui de prévenir les rechutes, en stabilisant l’humeur à long terme.

Les recommandations de traitement varient un peu d’un pays à l’autre3,6, mais elles préconisent dans l’ensemble la même stratégie médicamenteuse.

La prise en charge du patient doit reposer, dans la mesure du possible, sur une équipe pluridisciplinaire, associant médecin traitant, psychiatre, psychologue. Un soutien est également conseillé pour l’entourage immédiat du patient, pour qui la maladie est éprouvante et déstabilisante.

Hospitalisation

Dans les cas graves d’accès maniaques ou dépressifs, en particulier lorsque des idées suicidaires sont présentes ou que le comportement « débridé » risque d’entrainer la mise en danger du malade, de son entourage ou de ses biens, une hospitalisation est nécessaire.

Prise en charge psychologique

Un soutien psychologique est recommandé en complément du traitement pharmacologique. Qu’il s’agisse de thérapie cognitive et comportementale, interpersonnelle ou de groupe, ce type d’intervention s’est avéré bénéfique, notamment pour traiter les épisodes aigus de dépression mais aussi comme traitement de fond pour stabiliser l’humeur et limiter les rechutes à long terme.

La thérapie cognitive et comportementale est une thérapie brève axée sur l’élimination (ou la correction) des comportements et pensées erronés ou négatifs. La thérapie interpersonnelle, quant à elle, est également brève (12 à 16 séances). Initialement mise au point pour traiter la dépression, elle se concentre sur les événements de vie précipitant la maladie, et les relations du patient avec son entourage (relations interpersonnelles).

Références

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Bibliographie

Haute autorité de santé. www.has.fr

Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Condition – Bipolar disorder, MayoClinic.com. [Consulté le 27 novembre 2014]. www.mayoclinic.com

WebMD. Bipolar disorders.[Consulté le 27 novembre 2014]. www.webmd.com

Notes.
1. Troubles bipolaires : repérage et diagnostic en premier recours. Juin 2014. Haute Autorité de Santé.
2. Integrated Neurobiology of Bipolar Disorder. Vladimir Maletic, Charles Raison Front Psychiatry. 2014; 5: 98. Published online 2014 August 25.
3. HAS – Troubles bipolaires. Guide médecin. Mai 2009
4. Genetics of bipolar disorder. Kerner B. Appl Clin Genet. 2014 Feb 12;7:33-42. doi: 10.2147/TACG.S39297. eCollection 2014. Review.
5. Cleveland clinic. Bipolar disorder. [Consulté le 27 novembre 2014].
6. Canadian Network for Mood and Anxiety Treatments (CANMAT) and International Society for Bipolar Disorders (ISBD) collaborative update of CANMAT guidelines for the management of patients with bipolar disorder: update 2013.
7. Complementary and alternative therapies as add-on to pharmacotherapy for mood andanxiety disorders: a systematic review. Ravindran AV, da Silva TL. J Affect Disord. 2013 Sep 25;150(3):707-19.