Le claquage est une lésion musculaire consécutive à la rupture d’un nombre plus ou moins important de fibres musculaires (des cellules capables de contraction contenues dans les muscles). Elle est secondaire à un effort d’intensité supérieure à ce que le muscle peut supporter et s’accompagne classiquement d’une hémorragie locale (qui forme un hématome).
Le terme « claquage » est discutable ; il s’inscrit dans une classification clinique empirique dans laquelle on retrouve la courbature, la contracture, l’élongation, le claquage et la déchirure ou rupture. Désormais, les professionnels utilisent une autre classification, celle de Rodineau et Durey (1990)1. Celle-ci permet la distinction entre quatre stades d’une lésion musculaire d’origine intrinsèque, c'est-à-dire survenant de façon spontanée et non à la suite d’un coup ou d’une coupure. Le claquage correspond surtout au stade III et s’apparente à la déchirure musculaire.
Quels sont les symptômes du claquage ?
Un claquage se manifeste par divers symptômes dans le temps :
1) Survient d’abord une douleur brutale, violente, en « coup de poignard », qui s’accompagne d’un claquement et qui oblige l’arrêt de l’effort en cours.
2) Le muscle en question se paralyse et devient difficilement mobilisable pour la victime. L’étirement (passif) et la contraction isométrique sont alors impossibles et très douloureuses1. La douleur devient permanente, et tout mouvement sollicitant le muscle en question induit une douleur proche de celle initiale. La douleur est également vive et étendue à la palpation.
3) Un ou plusieurs hématomes apparaissent dans les heures ou jours suivants, et s’accompagnent parfois d’ecchymoses et de décolorations autour du muscle lésé (en fonction de l’ampleur, la position et la profondeur de la blessure.
4) Le muscle reste raidi pendant plusieurs semaines.
Quelles sont les personnes à risque du claquage ?
Le claquage musculaire est un événement fréquent chez le grand sportif, notamment chez les sprinteurs, les danseurs, les artistes de cirque et les footballeurs, mais aussi dans de nombreux sports à l’occasion d’un étirement à faible vitesse des muscles ischio-jambiers ou durant leurs contractions excentriques. Le claquage n’est toutefois pas limité aux sportifs : elle peut survenir lors de tâches quotidiennes.
La blessure touche volontiers les ischio-jambiers, le quadriceps, les adducteurs ou encore le gastrocnémien médial. Elle peut cependant toucher tous les muscles, même ceux qui paraissent bien protégés comme les sphincters, le périnée ou ceux qui animent et contrôlent le globe oculaire.
Quels sont les facteurs de risques du claquage ?
Il existe des facteurs augmentant les risques de voir survenir un claquage3-7 :
- Un échauffement inexistant ou inadéquat
- Un effort inhabituel ou excessif
- Un état de fatigue
- Un manque de souplesse (diminution des amplitudes articulaires)
- Des antécédents de déchirure musculaire (2,7 fois plus de risque)
- Des lésions articulaires sous jacentes (2 à 3 fois plus de risque)
20 % des lésions surviendraient durant les matchs contre 31 % durant les entraînements sportifs.
Comment traiter le claquage ?
Les objectifs du traitement sont triples : obtenir une cicatrisation de qualité, éviter la chronicité et diminuer le risque de récidive.
Traitement immédiat
L’examen clinique doit permettre d’identifier le degré de gravité de la lésion. Dès lors que le médecin aura identifié le claquage ou la déchirure, il commencera le traitement par une phase surnommée « PRICE » (il s’agit d’un moyen mnémotechnique) :
1) Protection. Il ne faut pas masser le muscle lésé, y compris avec un gel anti-inflammatoire, mais le protéger avec un rembourrage pour atténuer les impacts qu’il pourrait avoir avec d’autres objets.
2) Repos. Le repos est indispensable : il accélère la cicatrisation du muscle.
3) Ice. L’application modérée de glace peut aider à réduire la douleur et l’enflure, en baissant le flux sanguin dans la zone lésée. La durée et les modalités d’application ne bénéficient pas d’un protocole reconnu mais on conseille de ne pas appliquer la glace à même la peau et pas plus de 20 minutes par heure. Au contraire, l’application de chaleur est vivement déconseillée.
Il est recommandé également de faire une Compression du muscle lésé à l’aide d’un bandage élastique et de procéder à une Elévation du membre en question (pour limiter l’accumulation de sang dans la zone touchée).
Note : Selon une étude, les milieux sportifs ne respectent pas toujours ce protocole : dans 40 % des cas, la glace n’est pas appliquée et dans 80 % des cas, il n’y a pas de compression.
Au cours des dix premiers jours
L’examen de première intention est l’échographie. Elle va permettre d’assurer le diagnostic, de rechercher d’éventuelles complications immédiates et d’évaluer si l’hématome doit être ponctionné (selon la taille, la douleur engendrée et la localisation) car il peut gêner la cicatrisation.
Durant cette phase inflammatoire, l’administration d’antalgiques est souvent utile pour diminuer la douleur. Il faut toutefois impérativement éviter la prescription de médicaments de type AINS (anti-inflammatoire non-stéroïdien) tels que l’aspirine ou l’ibuprofène car, en tant qu’anticoagulants, ils augmentent l’œdème par épanchement sanguin. Une fois le saignement arrêté, ils peuvent à nouveau être utilisés pour réduire l’inflammation.
Après les dix premiers jours
La phase de cicatrisation suit la phase inflammatoire. On recommande généralement des séances douces de kinésithérapie au cours desquelles peuvent être effectuées des étirements passifs (pour une meilleure orientation des fibres musculaires), une électrostimulation, un renforcement musculaire et de légers massages. En fonction de la gravité de la lésion, cette phase peut durer plus ou moins longtemps. Elle précède la phase de récupération (ou rééducation) au cours de laquelle sont effectuées divers étirements, massages profonds et exercices de musculation. A l’issue de celle-ci (environ 45 jours, à nuancer en fonction de la gravité de la lésion), la personne peut reprendre une activité sportive si elle ne ressent plus de douleurs. Généralement, le retour au sport est trop précoce : une étude a montré que parmi les personnes ayant subi un claquage des ischio-jambiers, 12 % connaissaient une récidive au cours de la première semaine8.
La plupart des lésions musculaires guérissent sans séquelle, mais certaines peuvent évoluer défavorablement (cicatrices fibreuses notamment). Divers médicaments pour calmer les douleurs pourront être administrés par le médecin tout au long du traitement.
Références
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Bibliographie
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S. Brunot, S. Dubeau et al., Lésion isolée des muscles obturateurs chez le footballeur professionnel. Journal de Traumatologie du Sport 27 (2010) 139-141
Y. Carillon, Le muscle du sportif, Journal de radiologie, Vol 88, N° 1-C2 - janvier 2007
pp. 129-142TJ Noonan et We Garett, Muscle strain injury: diagnosis and treatment, Journal of the American Academy of Orthopaedic Surgeons, 1999.
Notes
1) Christian Bonnet, Denis Laurens, Jean-Jacques Perrin (2012), Fiche 37 Déchirure musculaire: phase de cicatrisation J10 à J21 Guide Pratique De Mésothérapie (2e édition), 2012, Pages 84-85
2) Agre JC. Hamstrings injuries: proposed aetiological factors, prevention, and treatment. Sports Med 1985;2:21–33.
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6) Flick et al, AJSM, 2005
7) Agel et al, J Athlet Train, 2007
8) Orchard et al, Clin J Sports Med, 2005
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12) Tveiten D, Bruset S, Borchgrevink CF, et al. Effects of the homoeopathic remedy Arnica D 30 on marathon runners: a randomized, double-blind study during the 1995 Oslo marathon. Comp Ther Med 1998;6:71-74.