Les douleurs au coude peuvent provenir de l’articulation elle-même, des os ou des tissus attachés à l’articulation, comme les tendons. Cette fiche porte sur les 2 types de blessures aux tendons du coude les plus fréquentes. On les appelle communément coude du joueur de tennis (tennis elbow) et coude du golfeur (golfer’s elbow), mais elles ne touchent pas que ces sportifs. Habituellement, c’est le fait de solliciter le poignet à répétition ou avec une intensité inhabituelle qui peut devenir nocif.
Ces blessures touchent le plus souvent des personnes dans la quarantaine ou la cinquantaine, et autant de femmes que d’hommes.
Types
« Coude du joueur de tennis » ou épicondylalgie externe (anciennement appelée épicondylite)
Elle touche de 1 % à 3 % de la population. Cependant, le tennis n’est pas la principale cause d’une épicondylalgie externe. D’ailleurs, les joueurs en sont aujourd’hui rarement atteints étant donné que la majorité d’entre eux exécutent leur revers à deux mains et utilisent des raquettes beaucoup plus légères qu’avant.La douleur est surtout localisée dans la partie extérieure de l’avant-bras, dans la région de l’épicondyle (voir le schéma ci-haut). L’épicondyle, aussi appelé épicondyle externe, est une petite saillie osseuse de la face externe de l’humérus, située près du coude.
Le coude du joueur de tennis est la conséquence d’un surmenage des muscles extenseursdu poignet. Ces muscles permettent de plier le poignet vers le haut, et de redresser les doigts.
« Coude du golfeur » ou épicondylalgie interne (anciennement appelée épitrochléite)
Cette affection est de 7 à 10 fois moins fréquente que le coude du joueur de tennis1. Elle touche les golfeurs, mais aussi les personnes qui pratiquent un sport de raquette, les lanceurs au baseball et des travailleurs manuels. La douleur se situe dans la partie intérieure de l’avant-bras, dans la région de l’épitrochlée (voir le schéma ci-haut). L’épitrochlée, aussi appelée épicondyle interne, est une petite saillie osseuse de la face interne de l’humérus.
Le coude du golfeur est la conséquence d’un surmenage des muscles fléchisseurs du poignet. Ces muscles permettent de plier le poignet et les doigts vers le bas.
Pour plus de précisions, voir notre article intitulé Anatomie des articulations : notions de base.
Causes
Lorsqu'on reproduit souvent les mêmes gestes ou que l’on force de manière inadéquate, de petites blessures apparaissent dans les tendons. Ces microtraumatismes entraînent une diminution de l’élasticité des tendons parce que les fibres de collagène produites pour réparer les tendons ne sont pas d’aussi bonne qualité que le tendon original.
L’« usure » du coude ou l’irritation des nerfs adjacents au coude pourrait aussi être la cause de douleurs et d’inflammation. Même si ces lésions ne provoquent pas systématique une inflammation des tendons, les tissus avoisinants peuvent s’enflammer et nuire à l’articulation du coude.
Évolution
La douleur persiste habituellement pendant quelques semaines, parfois plusieurs mois. Il est rare qu’elle dure plus de 1 an (moins de 1 % des cas).
Complications possibles
Une épicondylalgie non soignée ou mal soignée laisse des lésions qui peuvent engendrer des douleurs chroniques, qui sont beaucoup plus difficiles à guérir.
Les symptômes, les personnes à risque et les facteurs de risque des troubles musculosquelettiques du coude (tendinite)
Symptômes
- Une douleur irradiant du coude vers l’avant-bras et le poignet. La douleur s’accentue lorsqu'on agrippe un objet ou qu’on serre la main de quelqu'un. La douleur irradie parfois lorsque le bras est immobile.
- Une sensibilité au toucher dans la région extérieure ou intérieure du coude.
- Rarement, il y a une légère enflure du coude.
Personnes à risque
Coude du joueur de tennis (épicondylalgie externe)
- Les menuisiers, les maçons, les opérateurs de marteaux-piqueurs, les ouvriers de chaînes de montage, les personnes qui utilisent souvent un clavier d’ordinateur et une souris disposés de manière peu ergonomique, etc.
- Les joueurs de tennis et les personnes qui pratiquent d’autres sports de raquette.
- Les musiciens jouant d’un instrument à cordes ou de la batterie.
- Les personnes de plus de 30 ans.
Coude du golfeur (épicondylalgie interne)
- Les joueurs de golf, en particulier ceux qui frappent souvent le sol avant la balle.
- Les personnes qui pratiquent un sport de raquette. Au tennis, les joueurs qui utilisent souvent un coup droit brossé ou lifté (topspin) sont plus à risque.
- Les sportifs dont les lancers demandent un mouvement de coup de fouet du poignet, comme les lanceurs au baseball, les lanceurs de poids, les lanceurs de javelot...
- Les joueurs de quilles.
- Les travailleurs qui soulèvent fréquemment des objets lourds (transport de valises, de caisses lourdes, etc.).
Facteurs de risque
Au travail ou lors de travaux d’entretien ou de rénovations
- Une cadence excessive qui empêche l’organisme de récupérer.
- Des quarts de travail prolongés. Lorsque la fatigue gagne les épaules, le réflexe est de compenser par le poignet et le muscle extenseur de l’avant-bras.
- Des mouvements de la main et du poignet qui demandent une grande force.
- L’utilisation d’un outil inapproprié ou la mauvaise utilisation d’un outil.
- Un poste de travail mal conçu ou des positions de travail incorrectes (positions fixes ou poste de travail à l’ordinateur aménagé sans tenir compte de l’ergonomie, par exemple).
- L’utilisation d’un outil qui vibre (taille-bordure, scie à chaîne, etc.), en sollicitant le poignet de façon inappropriée ou trop intense.
Dans l’exercice d’un sport
- Une musculature insuffisamment développée pour l’effort demandé.
- Une mauvaise technique de jeu.
- L’utilisation d’un équipement qui ne correspond pas à la taille et au niveau de jeu.
- Une activité trop intense ou trop fréquente.
La prévention des troubles musculosquelettiques du coude
Mesures préventives de base
Recommandations générales
- Garder la forme physique en faisant des exercices qui stimulent les rythmes cardiaque et respiratoire (marche, course, vélo, natation, etc.).
- Renforcer les muscles extenseurs et fléchisseurs du poignet est un élément primordial de la prévention. Consulter un physiothérapeute, un kinésiologue, un éducateur physique ou un thérapeute du sport.
- Faire des exercices d’échauffement de tout le corps avant le sport ou le travail.
- Prendre fréquemment des pauses.
Prévention au travail
- Choisir des outils adaptés à l’anatomie. Porter une attention particulière aux dimensions du manche des outils.
- Opérer une rotation des tâches de travail.
- Faire appel aux services d’un ergonome ou d’un ergothérapeute afin d’implanter un programme de prévention. Au Québec, les experts de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) peuvent guider les employés et les employeurs dans cette démarche (voir les Sites d’intérêt).
Conseils d’ergonomie pour le travail à l’ordinateur
- Éviter d’avoir les poignets cassés (pliés vers le haut) lors du travail au clavier et avec la souris. On trouve dans le commerce divers modèles d’appuis-brasergonomiques. Notez que les repose-poignets seraient à éviter, car ils entraînent très souvent une extension du poignet.
- Bien s’appuyer sur le dossier de chaise, le dos droit, pour prévenir le réflexe de faire porter du poids sur les poignets.
- Utiliser modérément la roulette de défilement des souris qui en sont munies. Son utilisation répétitive demande un effort accru aux muscles extenseurs de l’avant-bras.
- Si la souris offre 2 boutons principaux, la configurer afin que le bouton le plus utilisé soit celui de droite (pour les droitiers) et utiliser l’index pour cliquer. La main est ainsi dans une position plus naturelle.
Prévention chez les sportifs
L’idéal est de faire appel aux services d’un entraîneur sportif compétent afin d’apprendre les techniques sécuritaires et efficaces. Celui-ci pourra aussi enseigner divers exercices pour étirer et renforcer les tendons. Voici tout de même quelques pistes de prévention.
Pour les sports de raquette
- Choisir une raquette qui correspond à sa taille (poids de la raquette, dimension du manche, etc.) et à son niveau de jeu. Consulter un professionnel.
- Un sportif qui veut augmenter la cadence de son entraînement devrait le faire de manière progressive.
- Bien ajuster la tension dans le cordage de la raquette : un cordage trop tendu accroît le stress sur l’avant-bras.
- Veiller à développer et à maintenir une bonne force musculaire du tronc. Chez certains joueurs de tennis, les muscles du haut du dos sont faibles et n’offrent pas assez de puissance dans l’épaule. Pour compenser cette faiblesse, ces joueurs utilisent plus souvent des coups qui donnent un effet à la balle (des coups coupés ou brossés; slice ou topspin), attribuables aux mouvements du poignet.
- Adopter une bonne position pour frapper la balle. Une frappe « en retard » crée un stress supplémentaire dans le coude, comme le fait de cogner la balle tandis que le coude est plié vers soi. Cela peut être la conséquence d’un mauvais jeu de pieds ou d’une mauvaise anticipation du jeu.
- La balle doit toucher la raquette le plus possible au centre pour réduire les vibrations, qui sont absorbées par le poignet et le coude.
- Éviter de jouer avec des balles de tennis mouillées.
- Jouer contre un adversaire dont le niveau de jeu est similaire au nôtre.
- Lors du retour au jeu à la suite d’une blessure, mettre une bande épicondylienne rigide à 1 ou 2 pouces sous le coude. Cela peut aider à réduire la tension sur les tendons douloureux, mais ne remplace pas les traitements.
Au golf
- L’apprentissage d’une bonne technique de jeu est le meilleur moyen de prévenir l’épicondylalgie chez les golfeurs. Souvent, c’est la fin du mouvement d’accélération (qui précède tout juste l’impact du bâton sur la balle de golf) qui doit être corrigé, car le stress sur le coude est puissant à ce moment-là. Consulter un entraîneur sportif.
Les traitements médicaux des troubles musculosquelettiques du coude
Il est important de consulter un médecin en cas d'une douleur au coude. Les tendons peuvent subir des dommages irréversibles s’ils continuent d’être sollicités, et cela, malgré la prise de médicaments.
Phase aiguë
La durée de la phase aiguë de la blessure varie. Elle est d’environ 7 à 10 jours. Au cours des 48 à 72 premières heures, il est important de soulager sans tarder la douleur et l’inflammation qui pourraient être présentes. La blessure est fragile et les tissus sont plus facilement irritables qu’à l’habitude.
Voici quelques conseils :
- Mettre le coude au repos en évitant les gestes qui ont conduit à la lésion. Cependant, il faut éviter l’arrêt complet des mouvements. En effet, si le repos est une composante essentielle du traitement, une inactivité prolongée peut raidir les articulations (ankylose). Ainsi, il ne faut jamais immobiliser le bras à l’aide d’une écharpe ou d’une attelle.
- Appliquer de la glace sur le coude de 3 à 4 fois par jour, pendant 10 à 12 minutes. Il est inutile d’appliquer des compresses froides ou des sacs magiques (ils ne sont pas assez froids et se réchauffent en quelques minutes). Continuer l’application de glace aussi longtemps que les symptômes persistent.
Trucs et mise en garde pour l’application de froid
On peut appliquer directement sur la peau des cubes de glace dans un sac en plastique ou dans une serviette mince et mouillée. Il existe également des sachets de gel mou réfrigérants (Ice pak®) vendus en pharmacie, qui peuvent s’avérer pratiques. Toutefois, lorsqu’on utilise ces produits, il ne faut pas les placer directement sur la peau, car il y a des risques d’engelure. Un sac de petits pois verts (ou de maïs en grains) surgelés est une solution pratique et économique, puisqu’il se moule bien aux formes du corps et peut être appliqué directement sur la peau.
Dans le cas de l’épicondylalgie, comme la blessure est située très près de la peau, on peut aussi utiliser la méthode suivante : faire geler de l’eau dans un verre en styromousse rempli à ras bord; enlever la bordure de styromousse en haut du verre pour découvrir la glace sur 1 cm d’épaisseur; masser la zone atteinte avec la surface de la glace dégagée.Médicaments. Durant cette phase, le médecin peut suggérer la prise d’un analgésique (Tylenol® ou autres) ou d’un anti-inflammatoire non stéroïdien, comme l’aspirine ou l’ibuprofène, disponible en vente libre (Advil®, Motrin® ou autres), le naproxen (Naprosyn®) ou le diclofénac (Voltaren®) obtenus sur ordonnance. Il ne faut pas prendre les anti-inflammatoires plus de 2 ou 3 jours. Les analgésiques peuvent être pris plus longtemps.
Sachant désormais que les épicondylalgies s’accompagnent rarement d’inflammation, les injections de cortisone n’ont plus vraiment leur place dans les traitements.
Phase de réadaptation
Les traitements de physiothérapie doivent commencer dès que le diagnostic d’épicondylalgie est posé. La physiothérapie permet de réorienter les fibres de collagène, de prévenir l’ankylose et de recouvrer la mobilité perdue. Cela peut se faire à l’aide de massages, de frictions, d’ultrasons, de courants électriques, de laser, etc.
Une fois la douleur diminuée, l’accent est mis sur le renforcement musculaire tout en continuant de travailler sur la mobilité de l’articulation. Il est particulièrement important de renforcer les muscles extenseurs (pour le coude du joueur de tennis) et fléchisseurs (pour le coude du golfeur) du poignet. Pour ce type de blessure, il a été prouvé que le renforcement excentrique, c’est-à-dire de forcer pendant que le muscle s’allonge, est à la base du traitement.
Il pourrait être nécessaire, dans les cas plus graves, de porter une orthèse (attelle) conçue pour diminuer la tension sur les muscles épicondyliens lors des mouvements du poignet qui sont à l’origine du problème. Les bandes épicondyliennes rigides, qui ressemblent à des bracelets qu’on place sous les coudes, sont les plus utilisées. Il faut toutefois se méfier des modèles en tissus (avec ou sans rondelle dure) ou des bandes élastiques vendus en pharmacie, qui sont inefficaces. Mieux vaut les acheter dans les magasins spécialisés en appareils orthopédiques.
Retour aux activités normales
L’activité normale (les mouvements qui ont provoqué la blessure) est reprise progressivement, lorsqu’on a recouvert toute l’amplitude de ses mouvements et que la douleur est contrôlée. Un suivi en physiothérapie permet de prévenir les rechutes. Il est cependant primordial de continuer lesexercices de renforcement.
Chirurgie
La chirurgie est pratiquée de façon rarissime. Généralement, on y a seulement recours lorsque les traitements habituels n’aboutissent à aucun résultat satisfaisant après plusieurs mois. Il faut savoir que les résultats sont souvent décevants.
Important. Une réadaptation incomplète ou un retour trop rapide aux activités normales ralentit le processus de guérison et augmente le risque de récidive. Le respect du traitement - repos, glace, médicaments analgésiques, physiothérapie, exercices de renforcement - entraîne le plein retour aux capacités antérieures chez la majorité des personnes.
Références
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