Qu’est-ce que le Chikungunya ?
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Qu’est-ce que le Chikungunya ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 605

chikungunyaLe virus du chikungunya (CHIKV) est un virus de type flavivirus, famille de virus comprenant aussi le virus de la dengue, le virus zika, de la fièvre jaune, etc. Les maladies transmises par ces virus sont des arboviroses, ainsi nommées, car ces virus sont des arbovirus (abréviation de arthropod-borne viruses), c’est-à-dire qu’ils sont transmis par des arthropodes, insectes suceurs de sang comme les moustiques.

Le CHIKV a été identifié pour la première fois lors d’une épidémie en 1952/1953 sur le plateau de Makondé en Tanzanie. Son nom vient d’ailleurs d’un mot de la langue makondé qui signifie « courbé », en raison de l’attitude penchée en avant qu’adoptent certaines personnes atteintes. Le CHIKV pourrait avoir été responsable d’épidémies de fièvre avec douleurs articulaires bien avant cette date où on l’a identifié.  

Après l’Afrique, et l’Asie du Sud-Est, il a colonisé l’Océan Indien en 2004, avec en particulier une épidémie exceptionnelle à la Réunion en 2005/2006 (300 000 personnes touchées), puis le continent américain (y compris les Caraïbes), l’Asie et l’Océanie. Le CHIKV est maintenant présent en Europe du Sud depuis 2007, date d’une flambée localisée au nord-est de l'Italie. Depuis d'autres flambées ont été enregistrées en France et en Croatie.

On considère maintenant que tous les pays connaissant une saison ou un climat chaud peuvent être confrontés à des épidémies.  

En septembre 2015, on estime que le moustique Aedes albopictus est implanté dans 22 départements français de métropole qui sont mis sous un dispositif régional de surveillance renforcée. Avec une baisse des cas importés, 30 cas en 2015 ont été importés contre plus de 400 en 2014. Le 21 octobre 2014, la France a confirmé 4 cas d’infection par le chikungunya contractée localement à Montpellier (France).

L’épidémie se poursuit en Martinique et en Guyane, et le virus circule en Guadeloupe.  
Les îles de l’océan Pacifique sont également concernées et des cas de chikungunya sont apparus en 2015 dans les îles Cook et îles Marshall.

Quelles sont les causes de la maladie, le mode de transmission du virus ?

Le CHIKV se transmet à l’homme par la piqure de moustiques du genre Aedes, qui sont aussi les agents responsables de la transmission de la dengue, du zika et de la fièvre jaune. Deux moustiques de la famille Aedes sont capables de transmettre le virus Zika, Aedes aegypti en zone tropicale ou subtropicale, et Aedes albopictus (le moustique « tigre ») dans les zones plus tempérées.

Le moustique (seule la femelle pique) contracte le virus en piquant une personne ou un animal infecté et peut ensuite transmettre ce virus en piquant un autre individu. Ces Aedes sont essentiellement actifs en début et en fin de journée.

Le virus CHIKV, une fois injecté par la salive du moustique chez un homme ou une femme, diffuse dans le sang et les ganglions, puis atteint certains organes, principalement le système nerveux et les articulations.

La personne infectée par le chikungunya n'est pas directement contagieuse pour un autre être humain. Par contre si elle est à nouveau piquée par un moustique du genre Aedes, elle lui transmet le virus, et ce moustique peut alors transmettre la maladie à une autre personne.

La transmission du virus du chikungunya par transfusion sanguine ou greffe d’organe serait possible, d’où les mesures de précaution prises pour écarter notamment du don de sang les personnes atteintes de la maladie. Le virus peut aussi être transmis de la mère à son enfant au cours de la grossesse ou de l’accouchement.

Quels sont les symptômes ? Quand faut-il consulter ?

Longtemps considérée comme bénigne, la maladie a surtout attiré l’attention à partir de l’épidémie de 2006 à la Réunion, avec l’apparition de formes graves.

Classiquement l’infection à CHIKV se manifeste entre 1 et 12 jours après la piqûre par le moustique infecté, le plus souvent entre le 4ème et le 7ème jour, avec :
- l’apparition brutale d’une fièvre élevée (supérieure à 38.5°C),
- des maux de tête,
- des douleurs musculaires et articulaires importantes concernant essentiellement les extrémités (poignets, chevilles, doigts), et concernant moins souvent les genoux, les épaules, ou les hanches.
-  une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres à type de taches rouges ou de bouton légèrement en relief.
- des saignements au niveau des gencives ou du nez peuvent également s’observer.
- un gonflement de certains ganglions,
- une conjonctivite (inflammation au niveau des yeux)

L’infection peut aussi passer totalement inaperçue, mais plus rarement que dans le cas du zika.

Il est important de voir un médecin s’il existe :
- Une fièvre soudaine, associée ou non à des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires, une éruption cutanée, les personnes résidentes en zone d’épidémie ou revenues depuis moins de douze jours doivent consulter.
- La notion de voyage ou de séjour en région épidémique s’ils sont associés à une fatigue ou des douleurs persistantes.
Lors de la consultation, le médecin recherche les symptômes du chikungunya, et également d’autres maladies, en particulier celles qui peuvent être transmises par les mêmes moustiques comme la dengue ou le zika.

Comment fait-on le diagnostic ?

Au cours de l’infection aigüe par CHIKV, on peut constater une baisse des lymphocytes (globules blancs) et des plaquettes dans le sang ainsi qu’une augmentation des transaminases (enzymes hépatiques).
Le diagnostic spécifique du CHIKV se fait sur une prise de sang par :
- le dosage des anticorps dans le sang, présents dès le 4 ou 5ème jour et persistant plusieurs années.
- la mise en évidence du virus lui-même dans le sang est rarement demandée.

Quelle est l’évolution de la maladie ? Ses complications ?

L’infection par le CHIKV entraine une immunité durable, c’est-à-dire que la même personne ne pourra faire qu’une fois la maladie.
L’évolution spontanée de la maladie est le plus souvent favorable, mais elle peut évoluer vers une forme chronique, avec pendant plusieurs mois une fatigue prolongée et/ou la persistance de douleurs articulaires (dans 20% des cas) pendant des mois ou des années parfois très gênantes dans la vie quotidienne.

L’atteinte d’autres organes est possible :
- atteintes neurologiques de type syndrome de Guillain-Barré (atteinte des nerfs périphériques responsables de paralysies, de faiblesses musculaires ou de troubles des sensations avec par exemple des picotements dans les bras et les jambes). Quelques cas de méningo-encéphalites ont été observés pendant l’épidémie de La Réunion.
- atteintes des yeux : conjonctivite guérissant spontanément, baisse de la vision.
- les complications au niveau du rein, du foie ou du cœur sont exceptionnelles.

Il semblerait que les douleurs liées au CHIKV se focalisent essentiellement sur des organes ou des zones déjà antérieurement fragilisées par une pathologie, un traumatisme, une intervention antérieure.

Quels sont les traitements ?

Il n’existe actuellement aucun traitement spécifique du chikungunya et l’on ne dispose pas de médicaments sachant la guérir.

Le traitement s’adresse aux symptômes de la maladie, avec des antalgiques, comme le paracétamol ;
Attention : les anti-inflammatoires non stéroïdiens et l'aspirine sont contre-indiqués pendant la phase aigüe de l’infection, la coexistence possible avec le virus de la dengue exposant au risque de saignement. Les personnes souffrant de formes graves sont hospitalisées pour une prise en charge spécifique.

L’existence de formes chroniques du chikungunya a amené les médecins confrontés à ces nouvelles formes de maladies qu’on connaissait mal à réfléchir sur les méthodes de prise en charge à l’initiative du CHU de Fort de France. Ce qui a abouti à l’élaboration de recommandations qui constituent maintenant la référence des traitements sur le plan international. Dans les zones épidémiques, des équipes réunissant médecins chargés de la rééducation ou de la douleur, infectiologues, neurologues, rhumatologues, psychiatres, etc. prennent en charge les personnes atteintes des formes chroniques incapacitantes de la maladie en associant antalgiques et/ou anti-inflammatoires non stéroïdiens à des traitements rhumatologiques, neurologique et une rééducation fonctionnelle.

Dans tous les pays où a sévi le CHIKV, les personnes ont eu recours à des méthodes traditionnelles de soins comprenant ou non le recours aux plantes. Des programmes de recherche sont en cours sur les usages traditionnels des plantes médicinales. En attendant les résultats, il est déconseillé de se traiter par soi-même. Il est préférable de demander conseil à son médecin, les plantes ayant comme les médicaments leur efficacité propre et leurs contre-indications.

Peut-on prévenir la maladie ?

Il n'existe pas de vaccin contre la maladie à CHIKV, et malgré les recherches prometteuses en cours, aucun vaccin ne devrait être disponible prochainement.
La meilleure prévention consiste à se protéger des piqûres de moustiques, de façon individuelle et collective.
Il faut réduire le nombre de moustiques et de leurs larves, en vidant tous les récipients contenant de l'eau. Les autorités sanitaires peuvent procéder à des pulvérisations d'insecticides.
- Sur le plan individuel, il est indispensable pour les résidents et les voyageurs de se protéger contre les piqûres de moustiques, une protection d'autant plus stricte chez les femmes enceintes (cf. fiche Passeport Santé (http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Entrevues/Fiche.aspx?doc=entrevues-moustiques).
- Les personnes atteintes du CHIKV doivent se protéger vis-à-vis des piqures de moustique pour éviter de contaminer d’autres moustiques et donc de disséminer le virus.
- Les nouveau-nés peuvent être contaminés pendant la grossesse ou à l’accouchement, mais aussi par les piqures de moustiques et le CHIKV peut entrainer chez eux des troubles de l’alimentation. Il faut être d’autant plus vigilant pour leur protection par les vêtements et les moustiquaires que les produits répulsifs classiques ne peuvent être utilisés avant 3 mois. Les femmes enceintes devront elles aussi se protéger contre les piqures de moustiques.
- Le ministère de la santé recommande aux personnes vulnérables (immunodéprimées, personnes très âgées, sujets atteints de pathologies chroniques), aux femmes enceintes et aux personnes accompagnées d’enfants et de nourrissons de consulter leur médecin traitant ou un médecin spécialiste de la médecine des voyages afin de déterminer l’opportunité d’un voyage non impératif dans des zones où sévit le CHIKV mais aussi la dengue ou le zika.

Références :

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Bibliographie

-  Recommandations nationales sur la prise en charge du chikungunya (Formes aiguës, formes persistantes), rédigé sous la direction du Pr Fabrice Simon,   http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/2014-Chikungunya-recommandations_SPILF_2014.pdf

- Point sur les connaissances et la conduite à tenir », prise en charge de l’infection aigue en 2008, http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1126.pdf

- Patrick Gérardin & al On behalf of the Encephalchik Study Group « Chikungunya virus–associated encephalitis ;A cohort study on La Réunion Island, 2005–2009 », http://www.neurology.org/content/early/2015/11/25/WNL.0000000000002234

- Cours de médecine tropicale, actualités 2016, « http://medecinetropicale.free.fr/cours/chik.pdf »

- Informations à destination des professionnels de santé, Prévention de la dengue et du chikungunya en France métropolitaine, Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé, http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1462.pdf    

- Chikungunya et dengue - Données de la surveillance renforcée en France métropolitaine en 2015, Institut de Veille Sanitaire http://www.invs.sante.fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-transmission-vectorielle/Chikungunya/Donnees-epidemiologiques/France-metropolitaine/Chikungunya-et-dengue-Donnees-de-la-surveillance-renforcee-en-France-metropolitaine-en-2015

- OMS, http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs327/fr/

- Recommandations d'utilisation des répulsifs et biocides contre les moustiques, http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/tableau_des_recommandations_repulsifs_anti_moustiques_311215.pdf