Situé du côté droit de l’abdomen, sous le diaphragme et à droite de l’estomac, le foie est l’un des organes les plus volumineux. Ses fonctions sont multiples et importantes :
- Il filtre les toxines absorbées par l’organisme.
- Il emmagasine et transforme les nutriments absorbés par les intestins.
- Il fabrique des protéines qui contribuent à la coagulation du sang.
- Il produit la bile qui permet à l’organisme d’absorber les graisses et le cholestérol.
- Il contribue à réguler le taux de glucose (glycémie) et de certaines hormones.
Le cancer du foie se manifeste lorsque des cellules anormales se forment de façon incontrôlée dans ses tissus. Le cancer primitif (aussi appelé hépatocarcinome) est un cancer qui prend naissance dans les cellules du foie (appelées hépatocytes). Le cancer secondaire ou métastatiqueprovient d’un cancer qui s’est d’abord formé ailleurs dans l’organisme avant de se propager dans le foie par voie sanguine..
La croissance des cellules anormales peut provoquer la formation d’une tumeur bénigne ou maligne. Une tumeur bénigne ne menace pas de se propager au reste de l’organisme et peut être enlevée sans risque de complications. Par contre, une tumeur maligne doit être traitée, car elle peut se propager et représente une menace à la survie.
Types
La forme la plus courante de cancer primitif du foie est le carcinome hépatocellulaire qui se forme à partir les cellules du foie (hépatocytes).
Il existe d’autres formes de cancer du foie, moins courantes, comme le cholangiocarcinome qui touche le conduit qui mène la bile produite par le foie à la vésicule biliaire; ou encore l’angiosarcome, très rare, issu de la paroi des vaisseaux sanguins du foie.
Cette fiche traite uniquement du carcinome hépatocellulaire.
Prévalence
C’est le 5ème cancer le plus fréquent dans le monde . Au Canada, le cancer du foie est relativement rare et compte pour moins de 1 % des cas et des décès causés par le cancer.
Les régions où l’incidence du cancer du foie est la plus élevées sont les régions ou l’infection par les virus de l’Hépatite B de l’Hépatite C est importante, tels en Asie, en Afrique, centrale ou de l'Est. L’infection par le Virus de l’Hépatite B serait en cause dans 50 à 80 % des carcinomes hépato cellulaires.
Les symptômes et personnes à risque du cancer du foie
Symptômes
Au début de la maladie, le cancer du foie ne déclenche que très rarement des symptômes spécifiques et évidents. Il est donc difficile de diagnostiquer la maladie à un stade précoce. Ce cancer est plus souvent dépisté lorsqu’il a atteint un stade avancé. À ce stade, il peut se manifester par les symptômes suivants :
- une perte de poids inexpliquée ;
- une perte d’appétit ;
- des douleurs à l’abdomen ;
- des nausées et vomissements ;
- une fatigue généralisée ;
- l’apparition d’une masse dans la région du foie ;
- une jaunisse (teint et yeux jaunes, selles pâles et urines foncées).
Attention, ces symptômes n’indiquent pas forcément la présence d’une tumeur cancéreuse. Ils peuvent être les signes d’autres problèmes de santé plus courants. Si de tels symptômes se manifestent, il est important de consulter un médecin pour que celui-ci fasse les examens adéquats et en détermine la cause, surtout pour les personnes à risque.
Personnes à risque
- Les personnes atteintes d’hépatite B ou C chronique
- Les patients souffrant de cirrhose du foie quelle qu’en soit l’origine ;
- Celles qui consomment de l’alcool en excès.
- Les personnes diabétiques.
- Les personnes souffrant d’obésité.
- Les personnes souffrant d’une surcharge en fer (hémochromatose, maladie d’origine génétique fréquente en Bretagne à cause d’une mutation d’un gène transmis par les ancêtres celtes) ;
- Les personnes souffrant d’une surcharge de graisses au niveau du foie, tels :
- Les personnes diabétiques.
- Les personnes souffrant d’obésité
Les facteurs de risque et prévention du cancer du foie
Facteurs de risque
- Les virus qui provoquent les hépatites B et C (VHB et VHC), sont la cause de la plupart des carcinomes hépatocellulaires, car ils entrainent une maladie « chronique » du foie. La cellule attaquée se régénère, ou cicatrise, mais sous une forme anormale (fibrose) et fait le lit du cancer. Cependant 10 à 30 % des carcinomes hépato cellulaires induits par l’Hépatite B se développe en l’absence de fibrose ou de cirrhose. L’hépatite A, en revanche, n’est pas un facteur de risque, car il s’agit d’une maladie « aigue ».
- La cirrhose du foie est l’autre cause majeure de cancer hépatique. Elle est le plus souvent due à une consommation excessive d’alcool, mais peut aussi survenir à la suite d’une maladie chronique du foie (hépatite virale chronique, maladie auto immune, surcharge en fer…).
- L’aflatoxine, une toxine produite par un type de moisissure qui se forme sur des produits agricoles mal entreposés, est un cancérigène qui peut contribuer au développement d’une tumeur au foie.
- Le chlorure de vinyle, utilisé dans la fabrication de certains plastiques, est reconnu comme un carcinogène qui peut provoquer un hépatome.
- L’arsenic, utilisé pour traiter le bois, comme pesticide ou dans certains alliages métalliques, est un poison qui peut déclencher la formation d’une tumeur au foie.
Prévention
Mesures préventives de base
Il est impossible de prévenir le cancer du foie à coup sûr, mais il est possible de réduire les risques de le développer en se protégeant contre les virus de l’hépatite B et C. Pour connaître les divers moyens de prévenir ces infections, consultez notre fiche Hépatites. Il est possible, par exemple, de recevoir un vaccin contre le virus de l’hépatite B. Le vaccin a permis de faire diminuer la fréquence de l’Hépatite B (VHB), et aussi l’incidence du carcinome Hépato Cellulaire (CHC) dans les régions fortement touchées. En Europe, en Italie, le nombre d’infection par le VHB et du cancer CHC a fortement diminué grâce à la vaccination.
Il n’existe pas de vaccin contre l’Hépatite C, aussi faut-il insister sur les mesures d’hygiène et la protection des rapports sexuels (préservatifs). Il s’agit d’une transmission par le sang.
Il faut éviter de consommer de l’alcool de façon excessive. La cirrhose du foie,suralcoolisme chronique est un important facteur de risque du carcinome hépatocellulaire. Le suivi régulier de toute personne ayant une consommation excessiveest essentiel.
Les traitements médicaux et approches complémentaires du cancer du foie
Traitements médicaux
Les traitements à visée « curative » sont :
- La chirurgie, avec l’ablation de la tumeur ou dans certains cas, la transplantation hépatique et la résection hépatique,
- Les méthodes de destruction de la tumeur par voie cutanée (évitant d’ouvrir l’abdomen puisque l’on passe par la peau) ;initialement avec des produits chimiques (alcool pur ou acide acétique),ces méthodes ont été supplantées par des méthodes de destruction de la tumeur par des moyens physiques plus efficaces :- Méthodes thermiques pour détruire la tumeur :
- cryothérapie (par le froid)
- radiofréquence(diffusion thermique chaude),
- micro-onde (température très élevée à 100°)
- Méthodes non thermique pour détruire la tumeur :
- l'électroporation, technique très récente dont les études sont encore en cours.
- la chimioembolisation par voie artérielle sélective qui a supplanté l’utilisation de billes radioactives.
Le choix entre la chirurgie et l’ablation percutanée, traitements à visée curative les plus répandues dépendent de plusieurs critères (état du foie sous-jacent, nombre et taille des lésions) et sont discutés lors de réunions pluridisciplinaires, qui réunissent au moins 3 spécialités différentes (chirurgien, oncologue, gastro-entérologue) dans des centres de référence.
Chirurgie
Lorsqu’elle est possible, la chirurgie est le 1er choix de traitementet consiste en une « hépatectomie partielle » c’est-à-dire ablation d’une partie du foie. Diverses conditions doivent être réunies : la tumeur doit être de petite taille (<3cm) et unique. Elle doit être d’accès facile et il faut s’assurer que le volume de foie sain restant soit suffisant pour assurer une fonction hépatique normale.
Les tissus du foie ont la capacité de se régénérer, partiellement du moins. Ainsi, au cours des semaines qui suivent l’hépatectomie partielle, le volume du foie augmentera. Cependant, le foie ne retrouvera jamais sa taille initiale.
Le traitement chirurgical peut consister en une « hépatectomie totale » suivie d’une greffe, traitement idéal s’il est possible. Le foie malade est entièrement retiré, et remplacé par un foie entier, ou un lobe de foie, d’un donneur compatible. Les patients sont sélectionnés dans des centres experts. Précisons qu’il est rare qu’il soit possible de pratiquer une greffe du foie pour traiter un cancer du foie primitif. L’attente est en effet très longue, (6 mois minimum), et les conditions requises pour la faisabilité de la greffe sont souvent dépassées : foie sous-jacent très malade (cirrhose avancée), tumeur supérieure à 3 cm, plus de 3 lésions.
Ablation par radiofréquence (ARF)
Lorsque le retrait de la tumeur par chirurgie n’est pas possible, ou le délai d’attente d’une greffe trop longue, son ablation par radiofréquence est l’approche thérapeutique locale de 1ère intention. Cette technique consiste à insérer de petites électrodes dans le foie pour y provoquer une décharge d’ondes à hautes fréquence qui induisent des mouvements ioniques, entrainant, par un phénomène thermique, une nécrose par coagulation des cellules anormales (mort cellulaire). Selon le cas, elle est pratiquée en anesthésie locale ou générale.
Thérapie ciblée
On utilise de plus en plus des thérapies visant à combattre des facteurs qui contribuent à la croissance de la tumeur. Par exemple, les agents antiangiogéniques bloquent la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (l’angiogenèse) qui permettent à la tumeur de grandir. Ce type de thérapie est très prometteur. Il suscite beaucoup d’intérêt et d’espoir dans le milieu médical.
Autre méthodes
Méthode thermique :
Cryochirurgie
La cryochirurgie n'est plus utilisée de nos jours, en raison de l’apparition des techniques de destruction des tumeurs hépatiques par la chaleur (radiofréquence principalement). Cette technique consistait à insérer dans le foie une sonde contenant de l’azote liquide à –200 °C afin de brûler par lefroid les cellules cancéreuses.
Micro onde
Cette technique entraîne des mouvements des molécules d’eau dans les cellules, permettant d’atteindre une température très élevée, 100°, en quelques secondes. Elle est encore peu utilisée, et en cours d’évaluation par rapport à la radiofréquence.
Méthode chimique : injection percutanée
Cette autre approche reste possible, mais est de moins en moins utilisée. Elle consiste à détruire une ou plusieurs petites tumeurs en y injectant de l’éthanol ou de l’acide acétique. Cela a pour effet de les déshydrater et de provoquer leur nécrose (mort cellulaire). Cette intervention peut être menée sous anesthésie locale et peut être répétée si la tumeur ne disparaît pas entièrement.
Nouvelle Technique : électroporation irréversible :
En cours d’évaluation, cette technique joue sur la perméabilité de la cellule, et pourrait être indiquée dans les contre-indications de la radio fréquence.
Chimiothérapie
La chimiothérapie représente une solution lorsque la chirurgie ou les techniques de destruction locale de la tumeur ne sont pas possibles, ou encore en cas de récidive.
Dans le cas où le cancer primitif du foie est étendu (mesurant plus de 3 cm, avec plusieurs lésions, mais du même côté du foie (nous avons un foie droit et un foie gauche), il est parfois possible d’injecter dans l’artère qui vascularise la tumeur, des billes contenant la chimiothérapie directement dans la tumeur, ce qui permet d’en atténuer les effets secondaires.
Radiothérapie
La radiothérapie est très rarement utilisée pour traiter un cancer du foie primitif. Ce type de cancer étant peu sensible à la radiothérapie. On a un temps, essayé l’injection de billes radioactives par injection sélective dans la tumeur par voie artérielle.
Approches complémentaires
Avis. Consultez notre fiche Cancer pour connaître l’ensemble des approches complémentaires qui ont fait l’objet d’études auprès de personnes atteintes de cancer, comme l’acupuncture, la visualisation, la massothérapie et le yoga. Ces approches peuvent convenir lorsqu’elles sont utilisées en complément aux traitements médicaux, et non en remplacement de ceux-ci
Références
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Bibliographie
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