Qu’est-ce que la dyspraxie ?
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Qu’est-ce que la dyspraxie ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 613

dyslexie On connaît la dyslexie mais bien moins la dyspraxie. Les deux syndromes appartiennent pourtant tous les deux aux troubles "dys", terme qui englobe les troubles au niveau du système cognitif et les troubles de l’apprentissage qui leur sont liés.

La dyspraxie, également appelée trouble de la coordination motrice d'origine développementale (developmental coordination disorder en anglais), correspond à une difficulté à automatiser certains gestes, donc certaines séquences de mouvements. La praxie correspond en effet à l'ensemble des mouvements coordonnés, appris et automatisés, comme par exemple l’apprentissage de l’écriture. Ce trouble est en général découvert au moment des premières acquisitions de l'enfant. La dyspraxie n'est pas liée à un problème psychologique ou social, ni à un retard mental.

Voici quelques exemples de troubles dys parmi les plus fréquents :

La dyslexie correspond à des troubles de la lecture
La dysgraphie  correspond à des troubles de l'écriture
La dyscalculie correspond à des troubles du calcul
La dysphasie correspond à des troubles du langage
La dysorthographie correspond à des troubles de l'orthographe
La dyspraxie correspond à des troubles du geste, de la coordination motrice

La dyspraxie, qui concerne davantage les garçons que les filles, est encore largement méconnue. Elle aboutit souvent à certains retards dans l'apprentissage et l'acquisition. Les enfants qui en souffrent ont souvent besoin d'aménagement individualisés pour pouvoir suivre en classe.

Concrètement, un enfant dyspraxique a du mal à coordonner certains mouvements. Ses gestes ne sont pas automatiques. Pour des gestes réalisés de façon automatique par les autres enfants, l'enfant dyspraxique devra se concentrer et fournir des efforts importants. Il est lent et maladroit. Mais aussi très fatigué du fait des efforts fournis en permanence afin d’effectuer des gestes sur lesquels il doit se concentrer puisqu’il n’existe pas d’automatisme. Ses gestes ne sont pas coordonnés. Il rencontre des difficultés pour nouer ses lacets, écrire, s’habiller, etc.

Un enfant dyspraxique aura par exemple des difficultés à manger proprement, à remplir un verre d'eau ou à s'habiller (l'enfant doit réfléchir au sens de chaque vêtement mais aussi à l'ordre dans lequel il doit les mettre; il a besoin d'aide pour s'habiller). Chez lui, les gestes ne sont ni fluides ni automatisés et l'acquisition de certains gestes se révèle très laborieuse, parfois impossible. Il n'aime ni les puzzles ni les jeux de construction. Il ne dessine pas comme les autres enfants de son âge. Il a du mal à apprendre à écrire. Il est souvent qualifié de "très maladroit" par son entourage. Il a du mal à se concentrer à l'école, oubliant les consignes. Il rencontre des difficultés pour attraper un ballon.

Il existe plusieurs formes de dyspraxie. Ses répercussions sur la vie de l'enfant sont plus ou moins importantes. La dyspraxie est sans doute liée à des anomalies au niveau des circuits neurologiques du cerveau. Cette anomalie concerne par exemple beaucoup d’enfants prématurés.

Prévalence

Bien que méconnue, la dyspraxie serait fréquente puisqu'elle concernerait près de 3 % des enfants. Selon l'Assurance Maladie, environ un enfant par classe serait atteint de dyspraxie. Plus largement, et selon la fédération française des Dys (ffdys), les troubles dys concerneraient près de 8% de la population.

Quelles sont les causes de la dyspraxie ?

Le diagnostic est réalisé par un neurologue ou un neuropsychologue mais il est fréquent que ce soit le médecin scolaire qui soit à l'origine de la détection, suite à des difficultés scolaires. Il est primordial que ce diagnostic soit réalisé rapidement car, sans diagnostic, l'enfant peut se retrouver en échec. La prise en charge de la dyspraxie concerne ensuite de nombreux professionnels de santé comme le pédiatre, le psychomotricien, l'ergothérapeute ou encore l'ophtalmologiste, le tout bien sûr en fonction des difficultés rencontrées par l'enfant dyspraxique.

Les origines de la dyspraxie

Les causes sont sans doute multiples et encore mal connues. Dans certains cas, ce sont des lésions cérébrales, dues par exemple à une prématurité, un AVC ou un traumatisme crânien, qui sont à l'origine de la dyspraxie, que l'on qualifie alors de dyspraxie lésionnelle. Dans les autres cas, c'est-à-dire lorsqu'il n'y a pas problème visible au niveau cérébral et que l'enfant est en parfaite santé, on parle de dyspraxie développementale. Et, dans ce cas, les causes sont plus floues. On sait que la dyspraxie n'est liée, ni à un déficit mental ni à un problème psychologique. Certaines zones spécifiques du cerveau seraient impliquées.

Quels sont les symptômes de la dyspraxie ?

Ils peuvent être assez variables d'un enfant à l'autre :

  • Difficultés à réaliser des gestes automatiques
  • Mauvaise coordination des gestes, des mouvements
  • Maladresse
  • Difficultés pour dessiner, écrire
  • Difficultés pour s'habiller
  • Difficultés pour utiliser une règle, des ciseaux ou une équerre
  • Fatigue importante liée à une forte concentration demandée pour réaliser certains gestes simples et automatiques du quotidien
  • Il peut exister des troubles qui ressemblent à des troubles de l'attention car l'enfant est débordé du point de vue attentionnel du fait du phénomène de double tâche pour effectuer certains gestes (encombrement cognitif)

Personnes à risque

Les garçons sont davantage touchés que les filles par la dyspraxie

Comment traiter médicalement la dyspraxie ?

Le traitement passe bien sûr par la prise en charge des symptômes qui sont, on l'a dit, très variables d'un enfant à l'autre. Il est nécessaire de prendre en charge ses difficultés d'apprentissage mais aussi son anxiété ou son manque de confiance en soi, troubles qui ont pu apparaître suite aux difficultés rencontrées par l'enfant, à l'école notamment.

C'est finalement une équipe pluridisciplinaire qui prend le mieux en charge l'enfant dyspraxique. Après avoir réalisé un bilan complet, l'équipe pourra proposer une prise en charge adaptée et un traitement individualisé (avec rééducation, aide psychologique et adaptation pour compenser les difficultés par exemple). Orthophonie, orthoptie et psychomotricité pourront ainsi faire partie du traitement global de la dyspraxie. Des soins psychologiques peuvent venir s'ajouter si besoin. Parallèlement, une aide à l'école, avec un plan personnalisé, peut être mis en place pour faciliter la vie de l'enfant dyspraxique dans sa classe. Un instituteur spécialisé pourra aussi évaluer l'enfant et proposer un accompagnement spécifique à l'école. Les enfants dyspraxiques peuvent ainsi souvent facilement apprendre à taper à la machine pour écrire, ce qui est pour eux bien plus simple que d’écrire à la main.

L'opinion du spécialiste à propos de la dyspraxie

Chez les enfants dyspraxiques, comme dans tous les troubles dys, il y a 2 voies pour les aider : stimuler ce qui fonctionne moins bien et contourner la difficulté.

Chez les enfants dyspraxiques, généralement, il faut plutôt favoriser les contournements. Aussi il faut faire en sorte qu’ils n’aient pas trop besoin d’écrire ou d’utiliser des outils comme les compas, règles équerres, car pour eux, cela complique beaucoup les choses.

Il faut aussi leur éviter les doubles tâches. Par exemple, une dictée pour eux, c’est difficile. Il y a 2 tâches : écrire et, faire attention à l’orthographe. L’enfant dyspraxique a du mal. Il peut avoir l’air mauvais en orthographe alors qu’en fait, il est excessivement concentré sur l’écriture. Si on lui demandait d’épeler les mots, en réalité, il peut être bon en orthographe. Mais quand il écrit, il se trouve débordé au niveau de l’attention nécessaire pour former les lettres et ne peut s’occuper en même temps de l’orthographe.

On cherche donc à adapter les exercices. Au lieu d’une dictée, on lui donne par exemple des textes à trous avec seulement certains mots à écrire.
Chez l’enfant dyspraxique, il faut proscrire les exercices de copie et de recopie. Cela n’a aucun intérêt. Par exemple, ne pas lui demander de copier la phrase en mettant le verbe à l’imparfait. Il vaut mieux lui proposer un texte à trou avec le trou à remplir par le verbe à l’imparfait.

Un outil très bénéfique souvent pour écrire sans être gêné pour ces enfants, c’est le clavier d’ordinateur. Mais ce n’est pas forcément la solution dans tous les cas.
Il ne faut pas pour autant le mettre totalement à l’ordinateur pour éviter complètement d’écrire. Pour les enfants souffrant de certaines dyspraxies, les dyspraxies spatiales, il faut un apprentissage d’écriture de l’ordinateur en clavier caché, sinon, c’est difficile pour lui, à cause d’un problème de boucle entre ce qu’il fait et ce qu’il voit.

Dr Hervé Glasel