Qu’est-ce que le virus de la dengue ?
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Qu’est-ce que le virus de la dengue ?

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 652

Le virus de la dengueLe virus de la dengue ou grippe tropicale sévissant essentiellement dans la zone intertropicale appartient à la famille des flavivirus, comme le virus Zika, de la fièvre jaune, du Nil occidental, etc. Ce sont des arbovirus (abréviation de arthropod-borne viruses), car ils ont comme particularité d'être transmis par des arthropodes, insectes suceurs de sang comme les moustiques. Il existe quatre types (ou sérotypes) différents de virus de la dengue, avec une immunité spécifique pour chaque sous-type, mais pas d’immunité croisée entre les 4 sous-types. Cela qui signifie qu’on ne peut pas être contaminé une seconde fois par un virus de même sérotype, mais qu’il est possible de contracter une dengue due à un des trois autres types. Selon une hypothèse soutenue par l’OMS, une deuxième contamination par un autre sérotype expose à un risque dix fois plus élevé de faire une forme grave que lors d’une première infection, mais cette théorie est actuellement contestée par de nombreux experts. La dengue est la plus fréquente des arboviroses humaines avec 50 à 100 millions de cas par an dans le monde. Son incidence a été multipliée par 30 en cinquante ans. Le virus de la dengue est longtemps resté cantonné à l’Asie du Sud-Est, avant de s’étendre à l’Océan Indien, au Pacifique, à l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale, aux Caraïbes, mais ne cesse de s’étendre du fait du développement urbain anarchique, de la multiplication des échanges internationaux et du changement climatique. Le virus s’est particulièrement répandu dans les départements français d’Amérique (Guyane, Guadeloupe, Martinique) ainsi qu’en Polynésie, Nouvelle-Calédonie, à Mayotte sur l’île de La Réunion.

Quelles sont les causes de la maladie, le mode de transmission du virus ?

Le principal vecteur du virus de la dengue est le moustique Aedes aegypti vit en milieu urbain et se reproduit principalement dans des récipients contenant de l’eau stagnante. C’est la femelle qui pique, essentiellement le jour, avec un pic d’activité tôt le matin et le soir avant le crépuscule.

Un second vecteur potentiel de la dengue est l’Aedes albopictus (ou « moustique tigre » qui transmet également du chikungunya), à activité diurne, présent en Asie et qui s’est propagé en Amérique du Nord et en Europe. Doté d’une grande facilité d’adaptation dans les zones tempérées, il a été introduit en 2004 dans les Alpes-Maritimes, et sa zone d’implantation ne cesse de s’étendre.

Le mode de contamination est classique : le moustique se contamine en piquant une personne déjà infectée et peut ainsi transmettre le virus en piquant un autre individu. Une fois dans l'organisme, le virus se multiplie et persiste 3 à 10 jours. La personne infectée par la dengue n'est pas contagieuse pour un autre être humain, par contre elle peut contaminer d’autres moustiques du genre Aedes si elle est à nouveau piquée dans une période allant de 1 à 2 jours avant le début des symptômes et jusqu’à 7 jours après.

Les symptômes de la dengue

La dengue se manifeste comme une grippe « tropicale », avec au début :
- une fièvre élevée de survenue brutale,
- des douleurs musculaires et articulaires,
- des maux de tête,
- des nausées,
- des vomissements.
Deux ou trois jours plus tard :
-  la fièvre baisse avant de remonter
-  une éruption très caractéristique, semblable à la rougeole apparaît dans un cas sur deux d’une,
-  quelques saignements de la peau et/ou des muqueuses (saignements cutanéomuqueux) apparaissent. Ces saignements peuvent se présenter sous forme d’hématomes spontanés (bleus sur la peau), de pétéchies (petits points rouges à la surface de la peau), de saignement de nez, de saignement de gencives, de vomissements de sang ou de sang dans les selles.
L’évolution :
Le plus souvent elle évolue vers la régression et la guérison en 4 à 5 jours, laissant une certaine fatigue. La dengue touche indifféremment les personnes de tout âge. La maladie se déclare dans les 3 à 14 jours après la piqure du moustique (4 à 7 jours en moyenne) qui suivent la piqure par le moustique.  

La dengue est dans la grande majorité des cas bénigne

- elle peut même passer inaperçue dans 50 à 90 % des cas

- mais souvent invalidante par les douleurs et la fièvre. Le risque majeur est celui de la dengue sévère, avec des complications hémorragiques ou un état de choc.

La dengue d’importation est relativement fréquente en France métropolitaine. Il est nécessaire de consulter un médecin devant une fièvre ou un syndrome grippal survenant quelques jours après le retour d’un voyage en zone tropicale, qui peut correspondre à une dengue, mais aussi au chikungunya ou au paludisme. Les personnes vivant dans une zone de diffusion de l’Aedesalbopictus en France doivent aussi consulter devant des signes évocateurs, les dengues « autochtones » survenant chez des sujets n’ayant pas voyagé n’étant pas rares  

Dans tous les cas, le médecin recherchera des signes de gravité potentielle, hémorragies de au niveau de la peau ou des muqueuses, chute tensionnelle, et thrombopénie (diminution du nombre des plaquettes sur la numération formule sanguine)

Depuis 2007, en France, la dengue est une maladie à déclaration obligatoire.

Comment fait-on le diagnostic ?

Le diagnostic précoce peut être fait par la recherche de l’antigène NS1, une protéine du virus de la dengue détectée dans le sérum des personnes atteintes de dengue dès l’apparition de la fièvre ; l’identification du virus peut-être aussi réalisée précocement.
La recherche d’anticorps de type IgM, ne se positive que vers le 6 ou 7° jour de fièvre et persistent en moyenne 2 à 3 mois. D’autres examens biologiques plus sophistiqués, type PCR ou cultures virales sont réservés à la recherche ou aux laboratoires très spécialisés des centres de référence.
Le diagnostic biologique permet la déclaration de la maladie ; d’autre part, si on admet la théorie selon laquelle une deuxième infection pourrait être plus sévère, il est préférable qu’une personne sache qu’elle a déjà fait ou non un épisode de dengue, afin d’adopter des mesures préventives encore plus draconiennes.

Quelle est l’évolution de la dengue ? Ses complications ?

La dengue sévère est une complication potentiellement mortelle par la survenue d’un état de choc ou de complications hémorragiques. Généralement après la recrudescence de la fière, l’infection repart et peut évoluer dans de rares cas (1 % des cas chez les personnes présentant des symptômes de dengue) vers une dengue grave. La vigilance clinique doit être maximale autour du 4e jour.
Dans la forme hémorragique, le sang s’accumule au niveau des vaisseaux cutanés, l’éruption devient hémorragique et on observe des pétéchies (petites taches cutanées de couleur rouge à violacée, liées à l'infiltration de sang sous la peau), des ecchymoses (hématomes), accompagnées parfois d’hémorragies muqueuses ou internes, digestives ou cérébrales en particulier.
L’évolution défavorable peut aussi se faire vers un état de choc : les liquides de l’organisme sortent des vaisseaux, allant s’accumuler dans divers organes, provoquant des œdèmes, épanchements de plèvre, du péricarde (membrane autour du cœur), ou du péritoine (membrane dans l’abdomen) et une chute de tension artérielle. Cela entraîne un risque de défaillance circulatoire, une baisse de la température corporelle.
En zone d’endémie, ces formes graves concernent essentiellement les enfants ; en cas de dengue d’importation, elles peuvent survenir à tout âge et chez tout individu, mais seront d’autant plus sévères chez les sujets les plus vulnérables. La prise en charge de ces formes sévères se fait en milieu de réanimation afin de compenser les diverses défaillances. Ainsi, la mortalité de ces dengues sévères est très faible dans les pays où les structures sanitaires sont développées, mais peuvent atteindre 10% dans les pays ne disposant pas des structures de réanimation adéquate.

Quels sont les traitements ?

Il n’existe pas de traitement spécifique de la dengue. Le traitement est symptomatique, destiné à lutter contre la douleur et la fièvre. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens et surtout l’aspirine sont contre-indiqués du fait de la thrombopénie (baisse du nombre de plaquettes) et du risque hémorragique.

Peut-on prévenir la maladie ?

La meilleure des protections consiste à se protéger des moustiques (cf. fiche Passeport Santé (http://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Entrevues/Fiche.aspx?doc=entrevues-moustiques) à la fois par l’utilisation des répulsifs et des insecticides, et par la destruction des gites potentiels pour les moustiques comme les réservoirs d’eau stagnantes autour et dans les habitations
Pour protéger son entourage, la personne malade doit rigoureusement se prémunir contre les piqûres afin qu’elle ne transmette pas le virus à d’autres moustiques.
Plusieurs candidats vaccins sont actuellement en cours de développement et les premières vaccinations contre la dengue ont débuté cette année, avec un premier vaccin pour la prévention de la dengue, Dengvaxia® est maintenant administré aux Philippines à raison de trois doses en un an.C’est un vaccin tétravalent, qui protège donc contre les 4 sérotypes, et est également enregistré au Mexique, au Brésil et au Salvador pays les plus touchés d’Amérique. Le vaccin devrait être disponible en premier dans les pays à forte endémie.

Quelle est la situation en France ?

Le moustique aedes egyptii ne survit pas en zone tempérée, au contraire du moustique tigre, second vecteur de la dengue et du chikungunya, qui colonise effectivement très progressivement la Métropole. Détecté en 2004 dans les Alpes-Maritimes, le risque de transmission de ces virus dans tous les départements de France métropolitaine est aujourd'hui avéré (cf. sa répartition dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire sur la situation, http://www.invs.sante.fr/beh/2015/13-14/pdf/2015_13-14.pdf).

En 2006, a été mis en place un plan national contre la dissémination en Métropole de ces deux maladies. Leur déclaration est obligatoire, mais ne reflète pas la réalité : en 2014, en France métropolitaine, 201 cas de dengue ont fait l'objet d'une déclaration obligatoire, tandis que le réseau de laboratoires en rapportait 953 cas. Les départements d’outre-mer bénéficient d’un dispositif de surveillance de la dengue particulier à leur contexte épidémiologique.

Il est recommandé de signaler la présence d’un aedes albopictus sur le site http://www.signalement-moustique.fr/

Références

Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.

Bibliographie

Dossiers : 

  • Site de l’OMS

* Dengue hémorragique: diagnostic, traitement, prévention et lutte (http://www.who.int/topics/dengue/fr/Dengue hémorragique: diagnostic, traitement, prévention et lutte)

* Guide pour la prise en charge clinique de la dengue destiné aux professionnels de santé

http://www.who.int/denguecontrol/resources/dengue-management/fr/

  • Site du ministère de la santé :

*La dengue, information et prévention (http://social-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/article/la-dengue-information-et-prevention)

 * Prévention du chikungunya et de la dengue à l’intention des professionnels de santé ; http://social-sante.gouv.fr/IMG/pdf/Prevention_chik_et_dengue_professionnels_de_sante_2014-2.pdf

  • Sur le site de l’INVS (Institut National De Veille Sanitaire) 

*dossier : http://www.invs.sante.fr/fr/Dossiers-thematiques/Maladies-infectieuses/Maladies-a-transmission-vectorielle/Dengue

* Bulletin épidémiologique hebdomadaire sur la situation http://www.invs.sante.fr/beh/2015/13-14/pdf/2015_13-14.pdf

  • Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES)

* outils d’information sur la dengue (http://www.inpes.sante.fr/10000/themes/maladies-moustiques/dengue/dengue-outils.asp)

* moyens de protection vis-à-vis de la dengue :

http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/equilibre/numeros/105/virus_se_proteger_de_la_dengue_et_du_chikungunya.asp

 *prévention de la dengue et du chikungunya en Métropole ;http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1462.pdg

* prévention de la dengue dans les DOM : http://www.inpes.sante.fr/SLH/articles/403/05.htm

  • Diagnostic biologique de la dengue

Stratégie de diagnostic biologique de la dengue ? Haut Conseil de la santé publique, janvier 2011

http://www.has-sante.fr/portail/jcms/c_813018/fr/detection-de-l-antigene-ns1-de-la-dengue

Diagnostic biologique direct précoce de la dengue par détection génomique du virus avec RT-PCR ? HAS, Janvier 2013

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/2013-02/texte_court_dengue_vd.pdf

  • Données sur la vaccination :

-OMS Distribution d’un vaccin contre la dengue: prendre de l’avance http://www.who.int/bulletin/volumes/89/7/11-030711/fr

-Institut Pasteur http://www.pasteur.fr/fr/institut-pasteur/presse/documents-presse/identification-d-un-talon-d-achille-du-virus-la-dengue-un-espoir-pour-le-developpement-d-un-vaccin

-Laboratoire Sanofi : http://www.sanofipasteur.com/fr/articles/Premieres-vaccinations-contre-la-dengue-un-moment-historique-dans-la-prevention-des-maladies-infectieuses.aspx