Le cancer de l’endomètre est un cancer de l’intérieur de l’utérus, l’endomètre étant la muqueuse qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Chez les femmes atteintes d’un cancer à ce niveau, les cellules de l’endomètre se multiplient de façon anormale. Le cancer de l’endomètre survient généralement après la ménopause, mais 10 à 15 % des cas concernent les femmes non ménopausées dont 2 à 5 % des femmes de moins de 40 ans.
Encadré : à quoi sert normalement l’endomètre ?
Chez une femme non ménopausée, au cours de la première moitié du cycle menstruel, l’endomètre normal s’épaissit et voit ses cellules se multiplier au cours de la première moitié de chaque cycle menstruel. Cet endomètre a pour rôle d’accueillir un embryon. En l’absence de fécondation, cet endomètre est évacué chaque cycle sous forme de règles. Après la ménopause, ce phénomène cesse.Le cancer de l’endomètre est le deuxième cancer gynécologique le plus fréquent en France, après le cancer du sein. Il se situe au 5e rang des cancers chez la femme en termes d’incidence avec environ 7300 nouveaux cas estimés en 2012. Au Canada, c'est le 4e en incidence chez la femme (après les cancers du sein, du poumon et du côlon), avec 4200 nouveaux cas en 2008 au Canada. La mortalité diminue régulièrement pour ce type de cancer qui est de mieux en mieux soigné.
Lorsque le cancer de l’endomètre est traité à son stade précoce (le stade I), le taux de survie est de 95 %, 5 ans après le traitement1.
Causes
Une proportion importante des cancers de l’endomètre serait attribuable à un excès d’hormones oestrogènes produits par les ovaires ou apportés par l’extérieur.. Les ovaires produisent 2 types d’hormones durant le cycle féminin : des oestrogènes et de la progestérone. Ces hormones agissent sur l’endomètre tout au long du cycle, en stimulant sa croissance puis son expulsion au moment des règles. Un excès d’hormones oestrogènes créerait un déséquilibre propice à la croissance mal contrôlée de cellules de l’endomètre.
Plusieurs facteurs peuvent accroître le taux d’oestrogènes, comme l’obésité ou une hormonothérapie aux oestrogènes seuls. Ce type d’hormonothérapie est pour cette raison réservé aux femmes ayant subi l’ablation de l’utérus ou hystérectomie qui ne risquent plus d’avoir un cancer de l’endomètre. Pour en savoir plus, consulter les sections Personnes à risque et Facteurs de risque.
Pour certaines femmes cependant, le cancer de l’endomètre ne semble pas provoqué par un taux plus élevé d’oestrogènes.
D’autres causes sont impliquées dans le cancer de l’endomètre, comme l’âge avancé, le surpoids ou l’obésité, la génétique, l’hypertension…
Parfois, le cancer survient sans que l’on puisse identifier de facteur de risque.
Diagnostic
Il n’existe pas d’examen de dépistage pour le cancer de l’endomètre. Le médecin réalise donc des examens pour détecter ce cancer devant des signes tels que des saignements gynécologiques survenant après la ménopause.
Le premier examen à faire est une échographie pelvienne où la sonde est placée sur le ventre puis dans l’espace vaginal afin de visualiser un épaississement anormal de l’endomètre, muqueuse de l’intérieur de l’utérus.
En cas d’anomalie à l’échographie, pour détecter un cancer de l’endomètre, le médecin fait ce que l’on appelle « une biopsie d’endomètre ». Il s’agit de prélever un peu de muqueuse de l’intérieur de l’utérus. La biopsie de l’endomètre peut se faire dans le cabinet du médecin, sans qu’une anesthésiesoit nécessaire. Un tubemince et souple est inséré par le col de l’utérus et un petit morceau de tissu est prélevé par aspiration. Ce prélèvement est très rapide, mais il peut être un peu douloureux. Il est normal de saigner ensuite un peu après.Le diagnostic est faitensuite en laboratoire par observation microscope de la zone de muqueuse prélevée.
En cas de maladie ou de prise de médicament, il faut en informer le médecin s’il doit réaliser cet examen.
Les symptômes et personnes à risque du cancer de l'endomètre (corps de l'utérus)
Symptômes
- Chez les femmes menstruées : des saignementes vaginaux entre les périodes menstruelles ou des menstruations anormalement abondantes ou prolongées ;
- Chez les femmes ménopausées : saignements gynécologiques. Chez une femme ménopausée qui saigne, des examens doivent toujours être faits pour dépister un éventuel cancer de l’endomètre.
Attention. Comme ce cancer se déclare parfois au moment de la ménopause, au moment où les menstruations sont irrégulières, des saignements anormaux peuvent être considérés comme normaux à tort.- Des pertes vaginales anormales, des pertes blanches, des pertes comme de l’eau, ou même des pertes purulentes ;
- Des crampes ou des douleurs au bas-ventre ;
- Des douleurs au moment d'uriner ;
- Des douleurs pendant les relations sexuelles.
Ces symptômes peuvent être liés à de nombreux troubles gynécologiques du système reproducteur de la femme et ne sont donc pas spécifiques au cancer de l'endomètre. Il est cependant important de consulter rapidement un médecin, en particulier en cas de saignements gynécologiques après la ménopause.
Personnes à risque
Les principaux facteurs de risque du cancer de l’endomètre sont :
- L’obésité,
- Le diabète,
- Un traitement antérieur par le Tamoxifène,
- Le syndrome HNPCC/Lynch, maladie héréditaire associé à unrisque accru de cancer de l’endomètre. (Hereditary Non-Polyposis Colorectal Cancer ou Cancer colorectal héréditaire sans polypose)
D’autres personnes sont à risque :
- Les femmes en postménopause. Comme le taux de progestérone diminue après la ménopause, les femmes de plus de 50 ans sont davantage à risque d'un cancer de l'endomètre. En effet, la progestérone semble avoir un effet protecteur sur ce type de cancer. Lorsque la maladie survient avant la ménopause, elle le fait surtout chez des femmes à haut risque ;
- Les femmes dont les cycles ont commencé très jeunes (avant 12 ans) ;
- Les femmes ayant eu une ménopause tardive. La muqueuse de leur utérus a été exposée aux oestrogènes sur une plus longue période de temps ;
- Les femmes n'ayant pas eu d'enfant sont plus à risque de cancer de l'endomètre par rapport à celles qui en ont eu ;
- Les femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques. Ce syndrome est caractérisé par un déséquilibre hormonal perturbant les cycles menstruels et diminue la fécondité.
- Les femmes ayant une hyperplasie de l’endomètre sont plus à risque ;
- Les femmes ayant de forts antécédents familiaux de cancer du côlon dans sa forme héréditaire (ce qui est plutôt rare) ;
- Les femmes atteintes d’une tumeur de l’ovaire qui accroît la production d’oestrogènes.
- Les femmes prenant certains traitements hormonaux de la ménopause (THS)
Les facteurs de risque et prévention du cancer de l'endomètre (corps de l'utérus)
Facteurs de risque
- L’obésité. Il s’agit d’un facteur de risque majeur, car les tissus adipeux gras fabriquent des l’oestrogènes, lequels stimulent la croissance de la muqueuse utérine (l’endomètre) ;
- Une hormonothérapie substitutive aux oestrogènes seuls. L'hormonothérapie aux oestrogènes seuls, donc sans progestérone, est clairement associée à une hausse du risque de cancer ou d’hyperplasie de l’endomètre. Elle est donc recommandée seulement aux femmes qui ont subi une ablation de l’utérus2 ;
- Une alimentation trop riche en graisse. En contribuant à l’excès de poids et à l’obésité, et possiblement en agissant directement sur le métabolisme des oestrogènes, les graisses de l’alimentation, consommés en excès, accroissent le risque de cancer de l’endomètre ;
- Un traitement au tamoxifène. Les femmes prenant ou ayant pris du tamoxifène pour prévenir ou soigner un cancer du sein sont plus à risques. Une femme traitée au tamoxifène sur 500 développe un cancer de l’endomètre1. On considère généralement que ce risque est faible comparativement aux bénéfices qu’il apporte.
- L’absence d’activité physique.
Prévention
Mesures de dépistage
Il est important de réagir rapidement devant un saignement vaginal anormal, en particulier chez une femme ménopausée. Il faut alors consulter rapidement son médecin. Aussi, il importe de consulter régulièrement un médecin et passer régulièrement un examen gynécologique, au cours duquel le médecin pratique un examen du vagin, de l'utérus, des ovaires et de la vessie.
Attention. Un frottis vaginal, couramment appelé test de Pap (test de Papanicolaou), ne peut pas détecter la présence de cellules cancéreuses à l'intérieur de l'utérus. Il sert uniquement à dépister les cancers du col de l’utérus (entrée de l’utérus) et non ceux de l’endomètre (intérieur de l’utérus).La Société canadienne du cancer recommande aux femmes dont le risque d’avoir un cancer de l’endomètre est supérieur à la moyenne d’évaluer avec leur médecin la possibilité d’établir un suivi personnalisé.
Mesures préventives de base
Les femmes peuvent toutefois réduire le risque d’en être atteintes d’un cancer de l’endomètre par les mesures suivantes. Mentionnons que beaucoup de femmes présentant des facteurs de risque n’auront jamais de cancer de l’endomètre
Maintenir un poids santé. L'obésité est, chez les femmes postménopausées, l'un des principaux facteurs de risque de cancer de l'endomètre. Des chercheurs suédois ont analysé les données épidémiologiques des pays de l'Union européenne et ont découvert que 39 % des cancers de l'endomètre, dans ces pays, seraient liés à un excès de poids3.
Pratiquer régulièrement des activités physiques. Les femmes qui pratiquent de l’exercice physique de façon régulière sont moins à risque. Plusieurs études indiquent que cette habitude réduit le risque de cancer de l’endomètre.
Prendre une hormonothérapie appropriée après la ménopause. Pour les femmes qui choisissent d’entreprendre une hormonothérapie à la ménopause, ce traitement doit contenir un progestatif. Et c’est toujours le cas aujourd’hui. En effet, lorsque l’hormonothérapie contenait uniquement des oestrogènes, cela augmentait le risque de cancer de l’endomètre. Les oestrogènes seuls sont tout de même parfois prescrits, mais réservés aux femmes ayant subi une ablation de l’utérus (hystérectomie). Elles ne risquent donc plus d’avoir un cancer de l’endomètre. Exceptionnellement, certaines femmes pourraient avoir besoin d’une hormonothérapie sans progestatif, en raison d’effets indésirables provoqués par le progestatif2. Dans ce cas, les autorités médicales recommandent qu’une évaluation de l’endomètre soit faite chaque année par un médecin, à titre préventif.
Adopter autant que possible une alimentation anticancer. En se basant essentiellement sur les résultats d’études épidémiologiques, d’études sur des animaux et d’études in vitro, des chercheurs et des médecins ont émis des recommandations afin d’encourager la consommation d’aliments qui aident l’organisme à prévenir le cancer4-7. On pense également que la rémission d’un cancer pourrait être favorisée, mais cela reste une hypothèse. Voir la fiche Diète sur mesure: cancer, conçue par la nutritionniste Hélène Baribeau.
Remarque. La prise de contraceptifs estroprogestatifs (pilule anticonceptionnelle, anneau, patch) pendant plusieurs années réduit le risque de cancer de l’endomètre.
Les traitements médicaux et approches complémentaires du cancer de l'endomètre (corps de l'utérus)
Traitements médicaux
Le traitement dépend du stade d’évolution du cancer, du type de cancer (hormonodépendant ou non) et des risques de récidive.
Le choix du traitement n’est pas fait par un seul médecin, mais décidé en réunion de concertation pluridisciplinaire réunissant plusieurs médecins de différentes spécialités (gynécologues, chirurgiens, radiothérapeutes, chimiothérapeutes, anesthésistes…) Ces médecins choisissent en fonction des protocoles prévus, selon le type de cancer de l’endomètre en cause. La stratégie de traitement est donc déterminée très scientifiquement pour être la plus efficace possible en entraînant le moins d’effets indésirables possible.
Chirurgie
La plupart des femmes bénéficient d’une chirurgie afin de retirer l'utérus (hystérectomie), ainsi que les ovaires et les trompes (hystérectomie avec salpingo-ovariectomie).
Cette intervention élimine les sources naturelles d’hormones sexuelles (oestrogènes, progestérone et testostérone), susceptibles de stimuler les cellules cancéreuses.
Cette opération peut se faire par coelioscopie (petites ouvertures sur le ventre), par voie vaginale, ou par laparotomie (ouverture plus importante au niveau du ventre), et le choix du type d’opération est fait par le chirurgien de manière à obtenir les meilleurs résultats.
Lorsque la chirurgie est pratiquée à un stade précoce de la maladie, ce traitement peut être suffisant.Radiothérapie
Certaines femmes atteintes d’un cancer de l’endomètre reçoivent aussi une radiothérapie, soit une radiothérapie externe, soit une curiethérapie. La radiothérapie externe est organisée en séances pendant 5 semaines, avec irradiation depuis l’extérieur du corps, alors que la curie thérapie consiste à insérer en intravaginal, un applicateur radioactif pendant quelques minutes à raison d’une séance par semaine pendant 2 à 4 semaines.
Chimiothérapie
La peut aussi faire partie du traitement du cancer de l’endomètre, selon les protocoles adaptés à leur cas.Elle est le plus souvent proposée avant ou après la radiothérapie.
Traitement hormonal
L’hormonothérapie est aussi un des traitements parfois utilisés. Il consiste en des médicaments ayant un effet anti-estrogène, permettant de diminuer la stimulation des cellules cancéreuses qui seraient présentes dans le corps.
Une fois le traitement réalisé, il est conseillé de revoir son médecin ou son gynécologue pour unexamen gynécologique très régulièrement, selon les recommandations du médecin, tous les 3 ou 6 mois durant 2 ans. Par la suite, un suivi annuel est généralement suffisant.
Soins de soutien
La maladie ainsi que ses traitements peuvent avoir des impacts importants, comme modifier la fertilité et les rapports sexuels, et peuvent causer beaucoup de stress. Plusieurs organismes de soutien offrent des services pour répondre aux questions et apporter un réconfort. Voir la section Groupes de soutien.
Approches complémentaires
Consulter notre fiche Cancer (vue d’ensemble) pour les approches complémentaires applicables au cancer de façon générale.
Mise en garde sur les isoflavones de soja (soya). Dans la majorité des études qui ont mesuré l’effet des isoflavones du soja (des phytoestrogènes) sur l’endomètre, celles-ci n’ont pas stimulé la croissance des cellules (hyperplasie) de cette muqueuse de l’utérus8. Cependant, au cours d’un essai de 5 ans auprès de 298 femmes ménopausées et en bonne santé, il y a eu plus de cas d’hyperplasie de l’endomètre dans le groupe ayant pris 150 mg d’isoflavones par jour (+3,3 %) que dans le groupe placebo (0 %)9. Cette donnée indique qu’une haute dose d’isoflavones pourrait, à long terme, entraîner un risque légèrement accru de cancer de l’endomètre. Toutefois, il n’y a eu aucun cas de cancer de l’endomètre au cours de cette étude.
Références
Références à ajouter à la liste ci-dessous par C. Solano :
- Marie-Claude Renaud, Tien Le.Épidémiologie et explorations visant la présence soupçonnée d’un cancer de l’endomètre. Directive clinique commune SOGC-GOC-SGC. N° 291, avril 2013ne
- HAS (Haute Autorité de Santé). Cancer de l’endomètre. Déc 2010.
- Fondation ARC pour la recherche sur le Cancer. Les cancers de l’endomètre.Note : les liens hypertextes menant vers d'autres sites ne sont pas mis à jour de façon continue. Il est possible qu'un lien devienne introuvable. Veuillez alors utiliser les outils de recherche pour retrouver l'information désirée.
Bibliographie
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UpToDate. Patient information – Endometrial cancer treatment, UpToDate. [Consulté le 6 février 2009]. www.uptodate.comNotes
1. Mayo Foundation for Medical Education and Research (Ed). Diseases & Conditions – Endometrial cancer, MayoClinic.com. [Consulté le 6 février 2009]. www.mayoclinic.com
2. Société des obstétriciens et gynécologues du Canada. Conférence canadienne de consensus sur la ménopause, mise à jour 2006. J Obst Gyn Canada, février 2006, vol. 28, édition spéciale.
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