L'urétrite est une inflammation de l'urètre avec un écoulement anormal par le pénis. C'est la manifestation la plus fréquente d’une infection sexuellement transmise (IST) chez l’homme.
Brève description
L’urétrite est une inflammation avec un écoulement venant du pénis, c’est-à-dire l’émission anormale d’un liquide transparent ou purulent par le méat (urétral). Elle est la manifestation la plus fréquente d’une infection sexuellement transmise (IST) chez l’homme.
Chez l’homme, les urines et le sperme s’écoulent par une seule et même voie : le conduit urétral (urètre). Normalement, les urines sont émises volontairement et de manière contrôlée avec une fréquence de 3-4 fois par jour. Leur couleur est jaune clair (citrin) ou plus foncée lorsque la personne boit moins ou transpire beaucoup. Le sperme, lui, a un aspect blanchâtre et est émis lors des éjaculations. Aucun écoulement spontané ou d’une autre couleur n’existe donc en temps normal.
En amont de ce canal, se trouvent la vessie, la prostate et les testicules. Lorsqu’il existe une inflammation, une anomalie ou une infection de ces organes ou dans l’urètre lui-même, cela modifie la couleur et la fréquence des émissions naturelles et normales et/ou induit de nouveaux écoulements qui sont gênants.
Symptômes
Les anomalies les plus fréquemment ressenties en cas d'urétrite sont :
- une sensation de brûlure au moment d’uriner
- un écoulement clair ou purulent qui apparaît spontanément, indépendamment, de l’émission d’urine ou de l’éjaculation, pendant plusieurs jours. Cet écoulement, peut s’estomper de lui-même puis recommencer
- une sensation de brûlure ou de démangeaison au bout du pénis, au niveau du méat urétral
- des douleurs dans les testicules
Certaines infections sexuellement transmises (IST) sont asymptomatiques et peuvent rester ignorées plusieurs mois. Parfois, au contraire, les manifestations sont très douloureuses et purulentes (la consultation chez un médecin est alors rapidement nécessaire).
D’autres symptômes, plus rares chez les hommes jeunes, mais fréquents à partir de 50 ans, sont des difficultés à uriner (dysurie), une augmentation non douloureuse de la fréquence des urines (plus souvent et en petites quantités), ainsi que l’émission de sang (pur ou mélangé aux urines).
Causes
Les écoulements génitaux chez l’homme sont le plus souvent dus à des maladies sexuellement transmises, contrairement aux écoulements ou aux pertes vaginales chez la femme (lien vers chapitre correspondant vaginites). Les urétrites sont la manifestation la plus fréquente de ces infections sexuellement transmises (IST). Elles représentent un enjeu important de santé publique dans le monde entier, car elles sont fréquentes, très contagieuses et elles augmentent le risque d’infection par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) et sont une cause fréquente de stérilité chez la femme.
La transmission des IST se fait par contact avec le pénis, le vagin, la bouche ou l’anus d’une personne infectée, même asymptomatique. La contamination peut se faire aussi en l’absence d’éjaculation. Plusieurs infections différentes peuvent se transmettre au même moment, par exemple la gonorrhée, la syphilis, l’hépatite B et le VIH.
Les deux infections sexuellement transmises principales sont la gonorrhée et la chlamydiase.
- la gonorrhée est causée par une bactérie, le gonocoque, et elle provoque une forte douleur et un écoulement de pus. Elle peut se manifester quelques jours après la contamination qui a probablement eu lieu au cours d’un rapport sexuel non protégé avec une personne déjà infectée. La gonorrhée peut être associée à la seconde bactérie fréquemment en cause, la Chlamydia.
- la chlamydiase est plus sournoise, peu symptomatique, et les écoulements de pus sont souvent absents.
D’autres microbes qui peuvent causer des IST sont le Mycoplasma genitalium, le Trichomonas, le tréponème (syphilis) et le virus de l’herpès.
Il existe aussi des causes non infectieuses d’urétrite, telles qu’une inflammation, une augmentation de la taille de la prostate ou une anomalie testiculaire ainsi que, plus rarement, des causes chirurgicales ou encore un cancer de l’un de ces organes.
Facteurs de risque
Toute personne sexuellement active peut être infectée. Les jeunes adultes avec une activité sexuelle fréquente et plusieurs partenaires sont les plus à risque, particulièrement si ils n’utilisent pas de préservatifs. Les bactéries qui infectent les organes génitaux sont beaucoup plus contagieuses (elles s’attrapent plus facilement) que le VIH et lorsqu’elles sont présentes, elles augmentent le risque de transmission du VIH en raison de l’inflammation des organes génitaux dont elles sont responsables.
Traitement
Le traitement est fondamental, car il permet d’éviter les complications et la contamination des partenaires sexuels.
Les urétrites sexuellement transmises se traitent par des antibiotiques, prescrits de manière à couvrir plusieurs infections simultanément, notamment les infections à Chlamydia et à gonocoque. Les partenaires doivent également être traités, même en l’absence de plaintes ou de symptômes.
Si les symptômes persistent ou recommencent après un traitement pris correctement, il est important de consulter à nouveau le médecin. Des examens complémentaires sont en général nécessaires pour rechercher des germes ou microbes moins fréquents ou une cause non infectieuse des symptômes.
Evolution et complications possibles
En l’absence de traitement, il existe un risque de complications locales comme l’épididymite (infection de l’épididyme situé le long du testicule), la prostatite ou l’inflammation de l’anus (proctite).
Dans certains cas il existe un risque que l’infection se dissémine dans le sang et touche ainsi les articulations.
Une infection non traitée peut parfois conduire à la stérilité.
De plus, sans traitement, l’homme reste porteur de la bactérie et peut contaminer ses partenaires.
Prévention
Il est important de se rappeler que les relations sexuelles non protégées, avec un partenaire occasionnel ou avec plusieurs partenaires, augmentent le risque de transmission.
L’utilisation de préservatifs diminue le risque de transmission des infections sexuellement transmises.
D’autre part, la prise en charge précoce d’une IST, dès l’apparition des symptômes, permet d’interrompre la chaîne de transmission. Il est également recommandé de ne pas avoir de relations sexuelles dans la semaine qui suit la prise du traitement.
Informations utiles au médecin
En présence d'un écoulement urétral, le médecin recherchera la présence de symptômes tels que des brûlures en urinant, un écoulement purulent, des douleurs dans les testicules ou une fièvre. Il posera également des questions concernant votre vie sexuelle, vos partenaires et vos habitudes, notamment l’utilisation de préservatifs ou non.
Examens
Le médecin effectuera un prélèvement d’urine qui permettra de détecter les principales bactéries responsables d’une urétrite, selon une technique couramment utilisée, la PCR. Cet examen peut aussi se faire sur un échantillon de l’écoulement anormal.
Dans certains cas, un prélèvement de l’écoulement, dans un laboratoire ou à l’hôpital, pour isoler et cultiver la (les) bactérie(s) peut être nécessaire. Une prise de sang est aussi souvent demandée pour déterminer si d’autres infections sexuellement transmises sont présentes simultanément. Certaines ne sont en effet pas détectables dans les urines ou l’écoulement anormal, comme par exemple la syphilis, l’hépatite B et le VIH.
Références
- http://www.cdc.gov/std/gonorrhea/STDFact-gonorrhea.htm
- http://www.unige.ch/dase/sante/sexualite/ist/clamydia.html
- http://www.phac-aspc.gc.ca/publicat/std-mts/pdf/sti_pamph_f.pdf
- http://familydoctor.org/online/famdocen/home.html
- http://www.aafp.org/afp/2010/0401/p879.html
- Cariou G et al. Prog Urol. 2010 Mar;20(3):184-7. French.
- Brill JR et al. Am Family Physician.2010;81:873-78
- Centers for Disease Control and Prevention,MMWR Recomm Rep. 2010 Dec 17;59 (RR-12): A-114.Sexually transmitted diseases treatment guidelines, 2006., Workowski KA, Berman SM.Division of STD Prevention, National Center for HIV, Viral Hepatitis, STDs, and Tuberculosis Prevention, Atlanta, GA 30333, USA. kgw2@cdc.gov