De plus en plus de retraités pratiquent une activité physique. Ils en retirent de nombreux bénéfices pour leur santé. Mais avant de reprendre l’entraînement, un passage chez son médecin est recommandé.Dans son cabinet, le docteur Maxime Grosclaude reçoit de plus en plus de patients seniors qui souhaitent reprendre une activité physique. «Le passage à la retraite représente souvent un moment privilégié de réengagement sportif, explique ce médecin du sport à l’Hôpital de la Tour à Genève. Ces personnes ont du temps à disposition et souhaitent se maintenir en forme.» Mais le sport se pratique-t-il de la même façon à 20 qu’à 65 ans? «Oui pour quelqu’un qui s’est entraîné régulièrement durant toute sa vie, répond catégoriquement Maxime Grosclaude. Mais pour les personnes qui débutent une activité physique à l’âge de la retraite ou qui intensifient leur pratique, il est recommandé de procéder à des examens médicaux.»
Avec le vieillissement, les systèmes musculaire, osseux et cardio-vasculaire deviennent moins performants. Certaines pathologies peuvent apparaître, comme le diabète, l’hypertension artérielle, l’ostéoporose ou encore des problèmes cardiaques. Il est alors nécessaire de faire des tests pour évaluer les risques d’une pratique sportive, en particulier au niveau cardiovasculaire et des douleurs articulaires. «Ces examens peuvent être effectués chez un médecin généraliste, précise Maxime Grosclaude. Toutefois, si le patient a des questions plus précises quant à la manière adéquate de pratiquer son sport ou de s’entraîner, il peut être utile de s’adresser à un médecin du sport. Ce dernier est aussi en mesure de l’aider à établir des objectifs réalistes sur le long terme.»
De la régularité, toujours
Le praticien est formel: avec l’exercice physique, il n’y a que la régularité qui paie. «C’est comme pour l’arrêt du tabac, les bénéfices réels sur la mortalité ne s’obtiennent qu’après une pratique régulière de plusieurs années.» Mais les efforts valent largement la peine en termes de qualité de vie et, de ce côté-là, les résultats sont immédiats. Les seniors actifs possèdent une espérance de vie de cinq ans supérieure aux inactifs, ils souffrent moins d’hypertension, d’excès de cholestérol et prennent moins de médicaments. Ils maintiennent également de meilleures capacités d’équilibre, ce qui joue un rôle crucial dans la prévention des chutes et des accidents.
D’où l’importance de la motivation: «La personne doit trouver une activité qu’elle a du plaisir à faire», explique Maxime Grosclaude, qui n’envisage aucune restriction particulière pour les seniors en bonne santé. «J’ai un patient de 60 ans qui pratique le skydiving, rien n’est impossible! Mais bien entendu, une personne qui souffre de douleurs articulaires devrait plutôt s’orienter vers la natation ou le vélo que vers la course à pied, par exemple.»
Une étude sociologique menée en France1 montre que les seniors choisissent pour la plupart des activités comme le yoga, la marche, la gym, le vélo ou le ski de fond. Avec l’âge, on ne pratiquerait presque plus de sports collectifs comme le football ou le basket, et encore moins de sports de contact comme le karaté ou la boxe. «La recherche de régularité, de routine et de sécurité fait souvent partie du troisième âge, témoigne Nicolas Duruz, psychologue et auteur du livre Dis-moi pourquoi tu cours (Ed. Médecine & Hygiène, 2015). On est moins à la recherche de sensations nouvelles.» Agé de 73 ans, ce Lausannois a débuté la course à pied il y a treize ans, «un peu par hasard», alors que son fils lui avait proposé de l’accompagner à une compétition. Il s’entraîne désormais deux fois par semaine environ et participe à six ou sept courses populaires chaque année. « Je suis un adepte du slow running, confi e Nicolas Duruz. Comme une séance de méditation, la course à pied me permet de lâcher prise. Je ne force pas, j’écoute mon corps et mon intuition.» Le paradoxe de la pratique sportive des seniors, selon le psychologue, c’est qu’elle préserve le corps, tout en révélant son altération. «Avec l’âge, on a aussi tendance à accorder moins d’importance au regard des autres. La compétition ne représente plus une motivation pour moi.»
Bon pour la socialisation
Nicolas Duruz observe néanmoins que certains de ses contemporains recherchent activement la performance. Les médias se font d’ailleurs parfois l’écho de nouveaux records du monde établis par des centenaires, tels le cycliste français Robert Marchand ou le marathonien britannique Fauja Singh, tous deux âgés de 105 ans. «Ces sportifs bénéficient de patrimoines génétiques exceptionnels et tout le monde ne peut pas atteindre de tels résultats», précise Maxime Grosclaude, pour qui il est positif que des seniors souhaitent encore participer à des compétitions, «sans que cela ne devienne excessif».
Le médecin souligne également les bénéfices psychologiques de la pratique d’un sport lorsqu’on avance en âge, notamment en termes de socialisation et d’estime de soi. Mais il regrette que «selon les dernières statistiques, seuls 44% des Suisses pratiquent un sport plusieurs fois par semaine2. De plus, l’exercice physique reste largement tributaire du niveau économique et social des individus. En tant que médecins du sport, nous avons encore beaucoup de travail pour motiver les gens.»