Autrefois connue sous le nom de «pilule du lendemain», la contraception d’urgence permet, si elle est prise rapidement, d’éviter une grossesse non désirée. Les situations qui peuvent nécessiter son recours sont diverses.Angela Walder-Lamas, conseillère en santé sexuelle et reproductive et sage-femme à l’Unité de santé sexuelle et planning familial du Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences aux Hôpitaux universitaires de Genève nous dit tout ce qu’il faut savoir sur la fameuse pilule, mais aussi sur une autre contraception d’urgence moins connue: le dispositif intra-utérin en cuivre.
1. Qu’est-ce que la contraception d’urgence?
Le recours à la contraception d’urgence permet d’éviter une grossesse non désirée après un rapport non protégé ou insuffisamment protégé. Elle est indiquée dans les cas suivants:
- rupture du préservatif ou préservatif qui a glissé;
- absence totale de contraception;
- oubli de pilule, vomissements après l’ingestion de la pilule, prise d’antibiotiques, éviction de l’anneau vaginal, décollement du patch, etc.;
- si la méthode de contraception utilisée est réputée peu sûre (coït interrompu ou retrait, calcul des jours supposés fertiles et infertiles du cycle selon la méthode Ogino, mesure quotidienne de la température, etc.).
2. Comment ça fonctionne?
Il existe deux sortes de contraception d’urgence:
La première, la plus courante, appelée autrefois «pilule du lendemain», est une pilule contenant un progestatif seul. Elle a pour effet principal de retarder l’ovulation afin que les spermatozoïdes, dont la durée de vie est limitée à quelques jours seulement, meurent et que la fécondation ne soit pas possible.
Un seul produit existe aujourd’hui sur le marché (Norlevo®). Il se présente sous la forme d’un comprimé unique à prendre le plus vite possible, dans les 72 heures après le rapport sexuel non (ou insuffisamment) protégé. On peut le prendre à n’importe quel moment du cycle.
La seconde, moins répandue, mais plus efficace encore, consiste en la pose d’un dispositif intra-utérin en cuivre ou DIU (appelé autrefois « stérilet »), cinq jours après le rapport non (ou insuffisamment) protégé. Le dispositif, déposé dans l’utérus, va empêcher la nidation. Cette méthode de contraception d’urgence nécessite une consultation médicale (payante) en urgence, est plus durable (jusqu’à cinq ans) et plus chère à court terme. Elle convient en particulier aux femmes qui ont envisagé la pose d’un DIU et qui ne présentent pas de contre-indications à sa pose (risque d’une infection sexuellement transmissible, par ex.).
3. Est-ce que c’est efficace?
L’efficacité de la pilule d’urgence dépend du délai de la prise: plus on la prend rapidement, plus elle est efficace ! Si le comprimé est pris dans les 24 heures après le rapport, son efficacité est de 95%; 85% entre 24 h et 48 h; 58% entre 48 h et 72 h. Attention, le risque d’échec est très élevé si une fécondation a eu lieu avant le rapport sexuel à risque ou entre le moment du rapport sexuel à risque et la prise de la pilule d’urgence. Mais, comme on ne peut pas le savoir, il est préférable d’y recourir systématiquement si une grossesse est malvenue. A savoir que la contraception d’urgence n’est pas tératogène, ce qui signifie qu’une grossesse peut être poursuivie sans dommages pour la santé de la femme et de l’embryon si elle survenait.
4. Comment m’assurer que je ne suis pas enceinte après avoir eu recours à une contraception d’urgence?
Afin d’être rassurée sur l’efficacité de la contraception d’urgence, il faut s’assurer que les règles soient semblables aux menstruations habituelles, en termes d’abondance et de qualité. Plus de la moitié des femmes auront leurs menstruations à la date prévue. Il se peut toutefois qu’elles arrivent plus tôt ou plus tard.
Dans le moindre doute, et en cas d’absence ou de règles inhabituelles, il faut réaliser un test de grossesse trois semaines après le rapport sexuel. Un test de grossesse précoce effectué avant ce délai n’est pas suffisamment fiable.
5. Où puis-je obtenir une contraception d’urgence et dans quelles conditions?
La pilule d’urgence est vendue sans ordonnance en pharmacie, à l’Unité de santé sexuelle et Planning familial (sans rendez-vous et à un prix modique) ou à l’hôpital (généralement à la maternité). On peut également s’adresser à son médecin traitant ou à son gynécologue.
Légalement, aucun âge minimal n’est fixé pour sa délivrance, les mineures peuvent donc l’obtenir sans l’autorisation de leurs parents. Le pharmacien délivre la contraception d’urgence sur la base d’une évaluation par un questionnaire prévu à cet effet, qui doit effectué en retrait du comptoir, pour des raisons de confidentialité. Dans un centre de planning familial, elle est délivrée dans le cadre d’une consultation confidentielle. Elle s’accompagne d’un travail de prévention (compréhension des événements, anticipation pour éviter un nouvel accident, mise en place le cas échéant d’une contraception mieux adaptée à la situation de la personne).
6. Quels sont ses effets secondaires?
Généralement, la pilule d’urgence proposée aujourd’hui (contrairement à celle vendue avant 2002) est très bien tolérée. Elle est plus efficace et occasionne moins d’effets secondaires parce qu’elle ne contient pas d’œstrogènes. Elle peut parfois (dans 20% des cas) provoquer des nausées. La survenue de symptômes prémenstruels comme des vertiges, céphalées, fatigue, douleurs dans le bas-ventre, tensions dans les seins, irritabilité, plus rarement des vomissements est possible, mais ces effets disparaissent généralement rapidement.
7. Quelles sont ses contre-indications?
Les contre-indications sont très rares. On peut citer les troubles graves de la fonction hépatique.
8. Qu’est-ce que je risque si je prends une pilule d’urgence alors que je suis enceinte sans le savoir?
Il arrive qu’un rapport sexuel non protégé antérieur dans le cycle ait engendré une grossesse, et qu’il soit trop tôt pour qu’un test de grossesse soit fiable. Le recours à une pilule d’urgence ne risque pas d’affecter la grossesse présente.
9. Qu’est-ce que je risque si je prends la pilule d’urgence plusieurs fois?
Comme son nom l’indique, cette contraception est réservée aux situations d’urgence. Comme ses effets sont limités, elle ne permet pas en effet d’éviter tout risque de grossesse non désirée.
Mais, en soi, il n’y a pas de risque médical à la prendre plusieurs fois sur une courte période. Aussi, mieux vaut y avoir recours aussi souvent que nécessaire. Néanmoins, la prise répétée de cette pilule peut occasionner des troubles importants du cycle en raison du surdosage hormonal occasionné. De plus, son prix étant élevé, il vaut mieux faire le choix d’une «vraie» contraception bien plus efficace et moins chère.
Si on y a eu recours à diverses reprises, il est bon de se demander si la contraception actuelle convient à sa situation et son mode de vie et en parler à un spécialiste. A savoir que les moyens existants sont nombreux (lire: il n’y a pas que la pilule dans la vie)
10. Que faut-il savoir en outre?
La pilule d’urgence – au même titre que le DIU en cuivre – ne protège pas des infections sexuellement transmissibles. Il est important, au moment de la prise de la pilule, d’évaluer les risques pris en matière d’IST et de consulter le cas échéant.
Aussi, elle ne protège d’une grossesse non désirée que pour les relations sexuelles ayant lieu dans les trois jours, mais pas au-delà. En attendant les prochaines règles, il faut impérativement continuer à se protéger avec un moyen de contraception efficace.
Il peut être utile de discuter avec un spécialiste du contexte de la survenue de l’échec contraceptif, pour éviter de se retrouver dans la même situation à l’avenir. Un centre de planning familial est un lieu privilégié à cet égard et l’accès y est facilité par des consultations gratuites, confidentielles et possibles sans rendez-vous. Il ne faut pas hésiter à vérifier, par un test de grossesse trois semaines après le rapport sexuel, que la mesure a été efficace.