Troubles musculosquelettiques de l'épaule
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Troubles musculosquelettiques de l'épaule

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 9 ans   | 1182

Troubles musculosquelettiques de l'épauleLa présente fiche traite plus particulièrement de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, le trouble musculosquelettique qui touche le plus souvent l’articulation de l’épaule.

Cette affection survient lorsqu’un tendon de l’épaule a été trop sollicité. Les tendons sont les tissus fibreux qui relient les muscles aux os. Lorsqu’on reproduit souvent les mêmes mouvements ou que l’on force de manière inappropriée, de petites blessures surviennent dans les tendons. Ces microtraumatismes entraînent de la douleur et provoquent en outre une diminution de l’élasticité des tendons. En effet, les fibres de collagène produites pour réparer les tendons ne sont pas d’aussi bonne qualité que le tendon original.

Les nageurs, les lanceurs au baseball, les menuisiers et les plâtriers sont les personnes les plus à risque du fait qu’ils sont appelés à lever fréquemment le bras en exerçant une forte pression vers l’avant. Des mesures préventives permettent généralement de l’éviter.

 

Une tendinite, une tendinose ou une tendinopathie?

Dans le langage courant, on nomme souvent l’affection dont il est question ici tendinite de la coiffe des rotateurs. Or, le suffixe « ite » indique la présence d’inflammation. Puisqu’on sait maintenant que la majorité des blessures aux tendons ne s’accompagnent pas d’inflammation, le mot juste est plutôt tendinose ou tendinopathie - ce dernier terme recouvrant l’ensemble des blessures aux tendons, donc les tendinoses et les tendinites. L’appellation tendinite devrait être réservée aux rares cas induits par un traumatisme aigu à l’épaule qui provoquent une inflammation du tendon.

Causes

  • Une surutilisation du tendon par la répétition fréquente de gestes effectués de manière incorrecte ;
  • Une variation trop rapide de l’intensité d’un effort imposé à une articulation mal préparée (par manque de force ou d’endurance). Très souvent, on retrouve un déséquilibre entre les muscles qui « tirent » l’épaule vers l’avant - qui sont généralement forts -, et les muscles à l’arrière - plus faibles. Ce déséquilibre amène l’épaule dans une position inadéquate et entraîne un stress supplémentaire sur les tendons, les rendant plus fragiles. Le déséquilibre est souvent accentué par une mauvaise posture.

On entend parfois parler de tendinite calcifiante ou de calcification dans l’épaule. Les dépôts de calcium dans les tendons font partie du vieillissement naturel. Ils sont rarement la cause des douleurs, à moins d’être particulièrement volumineux.

Un peu d’anatomie

L’articulation de l’épaule comprend 4 muscles qui constituent ce que l’on nomme la coiffe des rotateurs : le sous-scapulaire, le sus-épineux, le sous-épineux et le petit rond (voir le schéma). C’est le plus souvent le tendon sus-épineux qui est à l’origine de la tendinopathie de l’épaule.

Le tendon est un prolongement du muscle qui le rattache à l’os. Il est puissant, flexible et peu élastique. Il se compose en grande partie de fibres de collagène et renferme quelques vaisseaux sanguins.

Voir aussi notre article intitulé Anatomie des articulations : notions de base.

Complication possible

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une affection grave en soi, on devrait soigner rapidement une tendinopathie, sous peine de développer une capsulite rétractile. Il s’agit de l’inflammation de la capsule articulaire, l’enveloppe fibreuse et élastique qui entoure l’articulation. La capsulite rétractile se produit surtout lorsqu’on évite trop de bouger le bras. Elle se traduit par une raideur accentuée de l’épaule, qui entraîne une perte de l’amplitude des mouvements du bras. Ce problème se traite, mais beaucoup plus difficilement que la tendinose. Il prend aussi beaucoup plus de temps à guérir.

Il ne faut surtout pas attendre d’avoir atteint ce stade pour consulter. Plus la blessure au tendon est traitée rapidement, meilleurs seront les résultats.

Les symptômes, les personnes à risque et les facteurs de risque des troubles musculosquelettiques de l'épaule

Symptômes

  • Une douleur sourde et diffuse dans l’épaule, qui irradie souvent vers le bras. La douleur est surtout ressentie lors du mouvement de lever du bras ;
  • Très souvent, la douleur s’intensifie durant la nuit, parfois au point de nuire au sommeil ;
  • Une perte de la mobilité de l’épaule.

Personnes à risque

  • Les personnes qui sont appelées à lever fréquemment le bras en exerçant une certaine force vers l’avant : les menuisiers, les soudeurs, les plâtriers, les peintres, les nageurs, les joueurs de tennis, les lanceurs au baseball, etc. ;
  • Les ouvriers et les athlètes de plus de 40 ans. Avec l’âge, l’usure des tissus et la baisse d’apport sanguin vers les tendons augmentent le risque de tendinose et de ses complications.

Facteurs de risque

Au travail

  • Une cadence excessive ;
  • Des quarts de travail prolongés ;
  • L’utilisation d’un outil inapproprié ou la mauvaise utilisation d’un outil ;
  • Un poste de travail mal conçu ;
  • Des positions de travail incorrectes ;
  • Une musculature insuffisamment développée pour l’effort demandé.

Dans les activités sportives

  • Un échauffement insuffisant ou inexistant ;
  • Une activité trop intense ou trop fréquente ;
  • Une mauvaise technique de jeu ;
  • Une musculature insuffisamment développée pour l’effort demandé.

La prévention des troubles musculosquelettiques de l'épaule

Mesures préventives de base

Recommandations générales

  • Avant de se livrer à une activité qui sollicite beaucoup l’épaule, prévoir des exercices d’échauffement pour augmenter la température corporelle générale. Par exemple, des sautillements, de la marche rapide, etc.
  • Prendre des pauses fréquemment.

Prévention en milieu de travail

  • Faire appel aux services d’un ergonome ou d’un ergothérapeute afin d’implanter un programme de prévention. Au Québec, les experts de la Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST) peuvent guider les employés et les employeurs dans cette démarche (voir les Sites d’intérêt).
  • Varier les positions de travail et prendre des pauses.

Prévention chez les sportifs

  • Faire appel aux services d’un entraîneur (kinésiologue ou éducateur physique) qui connaît la discipline sportive que l’on pratique afin d’apprendre les techniques adéquates et sécuritaires. Pour les joueurs de tennis, par exemple, il pourrait suffire d’utiliser une raquette plus légère ou de modifier la technique de jeu.
  • Un sportif qui veut augmenter l’intensité de son entraînement devrait le faire de manière progressive.
  • Pour diminuer le risque de tendinopathie, il peut être nécessaire de renforcer les muscles de l’épaule (y compris les muscles de la coiffe des rotateurs, en particulier des rotateurs externes), ce qui a pour effet de diminuer le stress sur les ligaments, la capsule articulaire et les structures osseuses.
  • Développer et maintenir une bonne force musculaire dans le tronc, les jambes et les bras. Ces muscles sont essentiels pour produire de la force dans un bras levé au-dessus de la tête. Une bonne musculature de tout le corps diminuera le stress exercé sur l’épaule.

Les traitements médicaux des troubles musculosquelettiques de l'épaule

Il est important de consulter un médecin en cas de douleur à l’épaule, surtout si la douleur apparaît soudainement après une chute, un faux mouvement, etc. Le praticien sera en mesure de déterminer s’il s’agit d’une simple tendinopathie, si le tendon est déchiré ou s’il y a une fracture. Les tendons peuvent subir des dommages irréversibles s’ils continuent d’être sollicités, et ce, malgré la prise de médicaments. Par ailleurs, en raison de la nature parfois diffuse de ce type de douleur, les symptômes ressentis à l’épaule pourraient être liés à un problème de vertèbres cervicales ou, plus grave encore, à des troubles pulmonaires ou cardiaques.

Phase aiguë

La durée de la phase aiguë de la blessure est d’environ 7 à 10 jours. Au cours des 48 à 72 premières heures, il est primordial de soulager sans tarder la douleur et l’inflammation qui pourrait être présente. La blessure reste fragile et les tissus sont plus facilement irritables qu’à l’habitude.

Voici quelques conseils.

  • Mettre l’épaule au repos en évitant les gestes qui ont conduit à la lésion. Cependant, il faut éviter l’arrêt complet des mouvements. En effet, si le repos est une composante essentielle du traitement, une inactivité même de quelques jours seulement peut raidir l’articulation (ankylose). Ainsi, il ne faut jamais immobiliser le bras à l’aide d’une écharpe ou d’une attelle. La capsulite rétractile est la complication la plus fréquente de l’immobilisation de l’épaule.
  • Appliquer de la glace sur l’épaule 3 ou 4 fois par jour, pendant 10 à 12 minutes. Il est inutile d’appliquer des compresses froides ou des sacs magiques (ils ne sont pas assez froids et se réchauffent en quelques minutes). Continuer l’application de glace aussi longtemps que les symptômes persistent.
    Note. Bien que l’inflammation ne soit pas la principale source du problème, il est bon d’utiliser la glace, car il y a souvent des crises inflammatoires passagères qui peuvent être facilement maîtrisées de cette façon.

Mise en garde pour l’application de froid

On peut appliquer directement sur la peau des cubes de glace contenus dans un sac en plastique ou dans une serviette mince et mouillée. Il existe également des sachets de gel mou réfrigérants vendus en pharmacie, qui peuvent s’avérer pratiques. Toutefois, lorsqu’on utilise ces produits, il ne faut pas les placer directement sur la peau, car il y a des risques d’engelure. Un sac de petits pois verts (ou de maïs en grains) surgelés est une solution pratique et économique, puisqu’il se moule bien aux formes du corps et peut être appliqué directement sur la peau.

Médicaments. Durant la phase aiguë, le médecin peut suggérer de prendre un médicament analgésique (Tylenol®, Atasol® ou autres) et vous orienter vers un physiothérapeute. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens offerts en vente libre (par exemple, l’ibuprofène : Advil®, Motrin®, etc., ou encore le naproxène : Aleve®) ou obtenus sur ordonnance peuvent être utiles à court terme, durant 2 ou 3 jours pas plus. Ils ont rarement leur place dans le traitement de la tendinopathie à long terme.

Phase de réadaptation

Les traitements de physiothérapie doivent commencer dès que le diagnostic de tendinopathie de l’épaule est connu. La physiothérapie permet de réduire l’inflammation (s’il y a lieu), de bien orienter les nouvelles fibres de collagène, de prévenir l’ankylose ou de recouvrer la mobilité perdue. Cela peut se faire à l’aide de massages, de frictions, de mobilisations, d’ultrasons, de courants électriques ou de laser.

Par la suite, l’accent sera mis sur le renforcement musculaire tout en continuant de travailler sur la mobilité de l’articulation. Pour un résultat optimal, la personne doit participer de façon active à son traitement en reproduisant à la maison les exercices enseignés.

Lorsque la physiothérapie et les exercices pratiqués à domicile ne réussissent pas à régler le problème, le médecin a parfois recours à une injection de cortisone dans l’articulation. La cortisone possède un puissant effet anti-inflammatoire. Cependant, il ne faut pas croire que la cortisone règlera le problème à elle seule, à long terme. Elle peut parfois être utilisée pour diminuer la douleur lorsque celle-ci est importante. Cela améliore l’efficacité des traitements de physiothérapie en permettant à la personne d’exécuter ses exercices plus facilement.

En cas de capsulite rétractile

Les exercices de mobilisation et d'étirement demeurent le principal traitement à suivre. Plus on les commence tôt, meilleur sera le résultat. La physiothérapie peut aider à recouvrer de l’amplitude. Si la mobilité est vraiment très limitée et que la physiothérapie n'arrive pas à régler le problème, une ou quelques infiltrations de cortisone aideront à relâcher les tissus, ce qui facilitera la pratique des exercices, essentiels au traitement.

Phase de retour aux activités normales

L’activité normale, qui comprend les mouvements à l’origine de la tendinopathie, est reprise progressivement lorsqu’on a recouvré toute l’amplitude de ses mouvements et que la douleur est enrayée.

Un suivi en physiothérapie et la poursuite des exercices de renforcement et d’étirement après la reprise normale des activités permettent de prévenir les rechutes.

Chirurgie

Lorsque la tendinopathie apparaît de façon progressive, la chirurgie est rarement nécessaire. On y a seulement recours lorsque les traitements habituels n’ont pas donné les résultats escomptés après plusieurs mois de traitements.

Par contre, si la blessure résulte d’un traumatisme aigu ayant causé une déchirure du tendon, une chirurgie doit être faite dans les jours qui suivent l’accident.

Attention. Une réadaptation incomplète ou un retour trop rapide aux activités normales ralentit le processus de guérison et augmente le risque de récidive. Le respect du traitement - repos, glace, médicaments analgésiques, physiothérapie - permet le plein retour aux capacités antérieures chez la majorité des personnes.

 

Références

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Bibliographie

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