Dans une forme de la maladie, il est possible de remplacer le cristallin par une lentille synthétique. Une opération pratiquée en routine pour la cataracte, plus efficace que le traitement classique.
Opérer de la cataracte pour soigner un glaucome. C’est l’étonnante piste explorée par Augusto Azuara-Blanco, de la Queen’s University de Belfast (Irlande du Nord), et ses collègues pour traiter l’une des formes de cette maladie, qui reste aujourd’hui la première cause de cécité irréversible dans le monde. « C’est une avancée importante car la chirurgie de la cataracte est assez facilement réalisable dans beaucoup de pays émergents, alors que les traitements du glaucome sont plus coûteux et moins accessibles », confirme Florent Aptel, président de l’association France Glaucome et ophtalmologue au CHU de Grenoble.
Le glaucome survient en général après 50 ans, quand le liquide baignant l’intérieur de l’œil n’est plus drainé correctement. La compression de la rétine qui en résulte entraîne sa lente destruction. Les médecins se sont intéressés au glaucome par « fermeture d’angle » (10 % des cas de glaucome en Europe, mais beaucoup plus en Asie de l’Est, notamment en Chine ou au Japon). Ici, le grossissement du cristallin dû à l’âge plaque l’iris contre la cornée, et le trabeculum, structure située à leur jonction, ne peut plus résorber le trop-plein de liquide. Le traitement classique repose sur le percement de l’iris par laser et l’administration quotidienne d’un produit réduisant la pression intra-oculaire. Quand ces mesures ne suffisent plus, il faut pratiquer une délicate chirurgie du trabeculum. D’où l’intérêt d’une alternative plus facile à mettre en œuvre. Or le traitement de la cataracte est l’opération oculaire la plus fréquemment pratiquée dans le monde.
Vue et qualité de vie améliorées
Ce nouvel essai clinique a porté sur plus de 400 patients à un stade modéré de la maladie et avec une pression oculaire élevée. Comme pour la cataracte, l’opération a consisté à remplacer le cristallin par une lentille synthétique. Trois ans après, les patients ont une qualité de vie et une vue améliorées tout en étant trois fois moins nombreux à poursuivre un traitement par collyre. Mieux : les ophtalmologues ont enregistré moins d’évolutions négatives ou d’effets indésirables chez eux que chez ceux ayant reçu le traitement classique.
Ce résultat offre des perspectives inédites de soins dans de bonnes conditions, voire d’amélioration de la vue, pour un nombre de personnes croissant du fait du vieillissement de la population mondiale. Mais le principal défi reste celui du dépistage à partir de 50 ans, car la moitié des patients ignorent leur état, le glaucome évoluant de manière indolore sur plusieurs années avant d’altérer irréversiblement la vue.