L’incontinence urinaire en chiffres
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L’incontinence urinaire en chiffres

Publié par topclinique topclinique   | Il ya 8 ans   | 997

L’incontinence urinaire Prévalence de l’incontinence urinaire

La prévalence de l’incontinence urinaire est estimée à environ 5 % dans la population générale1. Cette prévalence est largement supérieure chez les personnes âgées de plus de 65 ans : 49 à 77 % des personnes hospitalisées ou vivant en établissement médico-social serait atteintes par la maladie2.

La prévalence s’apprête logiquement à grimper, dans la mesure où la proportion des personnes de plus de 65 ans va s’accroître de manière marquée au cours des prochaines décennies. Il importe donc de tout mettre en œuvre pour la prévenir, la reconnaître et la soigner.

Coût de l’incontinence urinaire

En France, le coût global de l’incontinence urinaire serait évalué à 4,5 milliards d’euros. Ce coût serait comparable à ceux d’affections comme l’arthrose ou la pneumonie3.

Incontinence urinaire d’effort

En France, près de 3 millions de femmes de tous âges sont affectées par des problèmes d’incontinence urinaire.
1 femme sur 5 souffre d’incontinence urinaire d’effort, avec un pic maximal entre 55 et 60 ans.
Près de 10 % des femmes jeunes nullipares (c’est-à-dire qui n’ont jamais accouché) sont atteintes, mais ce chiffre peut monter à 30 % lorsqu’elles sont très sportives4. Ces chiffres sont probablement sous-estimées car il s’agit d’un sujet assez tabou : les femmes sont souvent réticentes à en parler avec leur thérapeute, et ce d’autant plus qu’elles sont jeunes5.

La prévalence des fuites pendant un effort chez la femme sportive oscille entre 0 % pour le golf et 80 % pour le trampoline. Elle est donc très dépendante du type d’activité : les exercices physiques qui occasionnent des sauts répétés (trampoline, gymnastique, danse, athlétisme) ajoutent une pression supplémentaire sur le périnée pouvant être multipliée par 10.

Hyperactivité de la vessie

La vessie hyperactive se manifeste par des mictions fréquentes (entre 7 et 20 fois par jour et la nuit), pouvant s’accompagner de fuites d’urine dues à l’envie pressante d’uriner.

La prévalence de cette affection atteindrait environ 17 % de la population mais serait davantage marquée après l’âge de 65 ans. Attention : environ 67 % des personnes atteintes d’hyperactivité vésicale ne connaissent pas d’incontinence urinaire (on parle alors d’hyperactivité vésicale sèche)6.

Grossesse et incontinence urinaire

Environ 6 femmes enceintes sur 10 connaissent des « envies pressantes » difficiles à retarder. Dans 1 à 2 cas sur 10, ces « urgences » se soldent d’ailleurs par une fuite urinaire7. A partir du 2ème trimestre, 3 à 4 femmes enceintes sur 10 présentent une incontinence urinaire « d’effort » (c’est-à-dire en faisant du sport, en soulevant une charge lourde ou lors d’un simple éclat de rire)8...

Pour y remédier, sachez que 7 séances prénatales de 45 minutes, individuelles ou en groupe, sont prises en charge par l’Assurance maladie.

Et après la naissance ? Dans les jours qui suivent l’accouchement, 12 % des femmes ayant accouché pour la première fois se plaignent de fuites urinaires9.

Production d’urine et miction

On considère que la diurèse normale, c’est-à-dire volume d’urine produit par les reins, est comprise entre 0,8 et 1,5 L par 24 heures. Grâce à son pouvoir élastique, la vessie peut en contenir jusqu’à 0,6 L en moyenne.

A partir de 0,3 L, néanmoins, l’envie d’uriner se ressent. La vessie peut continuer de se remplir alors que le besoin d’uriner se fait de plus en plus pressant, mais la continence est toujours assurée par la mise en jeu volontaire. Le besoin peut devenir pressant (autour de 400 ml) puis douloureux (vers 600 ml). La fréquence normale des mictions est d’environ 4 à 6 fois par jour.

Exercices de Kegel

Les exercices de Kegel ont pour but de renforcer le périnée et sont indiqué en cas d’incontinence urinaire d’effort. Ils doivent être faits régulièrement pendant plusieurs semaines pour donner un résultat bénéfique. 40 % à 75 % des femmes qui y recourent notent une amélioration de leur contrôle urinaire dans les semaines suivantes.

Incontinence urinaire, isolement et dépression

Une étude a montré que parmi 3 364 femmes employées âgées de 18 à 60 ans et souffrant d’incontinence urinaire sévère, 2 % ont dû changer de type de travail1 à cause de ce handicap.

Les personnes incontinentes vivent souvent dans l’angoisse, ce qui se traduit dans la vie quotidienne par un certain isolement. Par crainte des mauvaises odeurs, d’être embarrassées publiquement en cas d’accident, les personnes incontinentes ont donc tendance à se replier sur elles-mêmes. 

Selon une étude réalisée au Canada, 15,5 % des femmes incontinentes souffriraient de dépression10. Ce taux s’élève à 30 % chez les femmes âgées entre 18 et 44 ans et contraste avec le taux de dépression de 9,2 % chez les femmes continentes. 

Incontinence chez les enfants

Les parents pensent souvent que les enfants doivent être propres avant d’entrer à l’école, c'est-à-dire aux alentours de 3 ans, mais la réalité est toute autre puisque la stabilité du contrôle de la vessie se développe jusqu’à l’âge de 5 ans.
Inutile donc de s’inquiéter si un enfant ne parvient pas à se retenir avant cet âge : son système urinaire n’est peut-être pas encore mature. L’incontinence urinaire ne peut donc pas concerner les enfants de moins de 5 ans.

Ainsi, à l’âge de 3 ans, 84 % des filles et 53 % des garçons ont acquis la propreté diurne. Un an plus tard, ces chiffres atteignent respectivement 98 % et 88 %11.

En revanche, l’incontinence urinaire nocturne concernerait 10 à 20 % des enfants de 5 ans. La prévalence diminue ensuite petit à petit au fil des années  pour atteindre 1 % des enfants âgés de 15 ans. 

Références

1. LOH KY, SIVALINGAM N. Urinary incontinence in the elderly population. The Medical journal of Malaysia. [Review]. 2006 Oct ; 61(4) : 506-10 ; quiz 11.

2. SAXER S, HALFENS, R.J., DE BIE, R.A., DASSEN, T. Prevalence and incidence of urinary incontinence of Swiss nursing home residents at admission and after six, 12 and 24 months. Journal of clinical nursing. 2008 Sep ; 17(18) : 2490-6

3. DENIS P. Epidémiologie et conséquences médico-économiques de l’incontinence anale de l’adulte. e-mémoires de l’Académie Nationale de Chirurgie [serial on the Internet]. 2005 ; 4 : Available from : http://www.biusante.parisdescartes.fr/acad-chirurgie/ememoires/005_2005_4_2_15x20.pdf.

4. K. Eliasson, A. Edner, E. Mattsson, Urinary incontinence in very young and mostly nulliparous women with a history of regular organised high-impact trampoline training: occurrence and risk factors, Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct, 19 (2008), pp. 687–696.

5. G.W. Lam, A. Foldspang, L.B. Elving, S. Mommsen, Social context, social abstention, and problem recognition correlated with adult female urinary incontinence, Dan Med Bull, 39 (1992), pp. 565–570

6. Tubaro A. Defining overactive bladder: epidemiology and burden of disease. Urology. 2004;64:2.

7. Cutner A, Cardozo LD, Benness CJ. Assessment of urinary symptoms in early pregnancy. Br J Obstet Gynaecol 1991; 98: 1283–6

8. C. Chaliha and S.L. Stanton « Urological problems in pregnancy » BJU International. Article first published online: 3 APR 2002

9. Chaliha C, Kalia V, Stanton SL, Monga A, Sultan AH. Antenatal prediction of postpartum urinary and fecal incontinence. Obstet Gynecol 1999; 94: 689±94

10. Vigod SN, Stewart DE, Major depression in female urinary incontinence, Psychosomatics, 2006

11. Largo RH, Molinari L, von Siebenthal K et al. Does a profound change in toilet-training affact development of bowel and bladder control? Dev Med Child Neurol. 1996 Dec; 38 (12): 1106–16